» manquent à la révolution, et la laissent en ar>> rière? Quels sont les hommes qui, sous le pré>> texte perfide de punir les provocateurs au meur» tre, voulaient anéantir la liberté de la presse? » Quels sont les hommes à qui leur conscience >> coupable faisait appréhender le tribunal révolu» tionnaire, en même temps que Dumouriez ré» pétait leurs blasphèmes? » Quand Brissot et ses adhérens, sous le vain >> nom de l'amour des lois, criaient à l'anarchie, » Dumouriez répétait le même cri; quand ils >> voulaient déshonorer Paris, Dumouriez en fai>> sait autant; quand leurs efforts impuissans vou>> laient fermer les sociétés populaires, ces foyers >> de l'esprit public, Dumouriez chassait des clubs » les hommes libres, comprimait de tous ses >> moyens l'essor de l'opinion et de la vérité; quand, >> d'après les indications perfides et si souvent ré>> pétées du ministre Roland, ils demandaient une >> force départementale et prétorienne pour les >> garder, Dumouriez voulait aussi venir sur >> Paris protéger ce qu'ils appelaient et appellent >> encore entre eux la partie saine de la Con» vention, et que nous nommons ses plus grands >> ennemis. » Leurs vœux et les actions de ce traître se sont >> toujours rencontrés : cette identité frappante » n'est-elle point complicité? » Ah! ne viens pas dire, Pétion, que le peuple >> change! Ce sont les fonctionnaires qui changent. >> Le peuple est toujours le même; son opinion à >> toujours suivi la conduite de ses mandataires; il >> a poursuivi les traîtres sur le trône; pourquoi >> les laisserait-il impunis dans la Convention? Le >> peuple de la liberté serait-il donc comme ces >>> asiles d'Italie où les scélérats trouvaient l'im>> punité en y mettant le pied! La république au>> rait-elle donc pu renoncer au droit de purifier >> sa représentation? Non, sans doute! La révo>> cabilité est son essence; elle est la sauvegarde >> du peuple : il n'a point anéanti la tyrannie héré>> ditaire pour laisser aux traîtres le pouvoir de >>> perpétuer impunément les trahisons. Déjà le dé>> cret de cette révocabilité, droit éternel de tout >> commettant, se prononce dans tous les dépar>> temens de la république; déjà l'opinion unanime >> s'élance pour se déclarer la volonté d'un peuple >> outragé : entendez-la! >> Nous demandons que cette adresse, qui est >> l'exposition formelle des sentimens unanimes, >> réfléchis et constans du département de Paris, >> soit communiquée à tous les départemens par >> des courriers extraordinaires, et qu'il y soit >> annexé la liste ci-jointe de la plupart des man>> dataires coupables du crime de félonie envers >> le peuple souverain, afin qu'aussitôt que la ma>> jorité des départemens aura manifesté son adhé» sion, ils se retirent de cette enceinte. >> Ce sont : Brissot, Guadet, Vergniaud, Gen>> sonné, Grangeneuve, Buzot, Barbaroux, Salles, >> Biroteau, Pontécoulant, Pétion, Lanjuinais, >> Valazé, Hardy, Louvet, Lehardy, Gorsas, Fau>> chet, Lanthenas, Lasource, Valady, Cham» bon. » Après la lecture de cette pétition, le député Fonfrède, de Bordeaux, jeune homme du plus grand mérite, qui a eu plus tard le malheur d'être compris dans le nombre des vingt-deux députés sacrifiés à la rage de leurs ennemis sur le rapport d'Amar, le 3 octobre 1793; Fonfrède qui certainement ne devait pas s'attendre à un pareil sort, tout occupé de l'intérêt de ses collègues, et oubliant le sien, prit la parole et dit : « Si la modestie n'était pas un devoir plutôt » qu'une vertu dans un homme public, je m'offen>> serais de n'être pas compris dans l'honorable liste qui vient d'être lue... Tous, tous, disent les >> trois quarts de l'Assemblée! - Jelouerai d'abord » le zèle et la surveillance des pétitionnaires et les >> sentimens qu'ils ont manifestés, mais ils ont re>> connu qu'à eux seuls n'appartenait pas cette sur» veillance, avec vingt-cinq millions d'hommes » qui, dans la France, y ont le même intérêt; >> ceux-ci doivent donc y participer, et j'en fais la » motion. Je demande que la Convention renvoie >> cette pétition de la commune de Paris aux assem>> blées primaires dans les départemens, ou qu'elle >> sévisse contre les pétitionnaires pour la calomnie >> qu'ils se sont permise envers des représentans, » qu'une commune particulière, si grande qu'elle » soit, n'a pas le droit de venir insulter à la barre » de la Convention. » A cela il fut répondu par un membre (1), partisan de la commune de Paris, et assez grossièrement, que les hommes d'état avaient appelé au peuple dans le jugement du roi, et que, s'ils avaient quelque pudeur, ils se retireraient de la Convention que leur présence déshonorait. Ainsi s'exprimait un député dans une assemblée nationale qui, par sa sagesse et sa retenue, devait servir de modèle à toutes les assemblées de la France: Lasource, Gensonné, compris dans cette liste, se défendirent très-bien; Vergniaud se fit entendre ainsi que Guadet, et comme la dénonciation de la commune ne disait rien de plus que celle de Robespierre, on le soupçonna d'être l'auteur de toutes deux. La discussion sur cette dénonciation, après avoir traîné quelques jours, fut terminée, à l'honneur des dénoncés, par un décret de la Convention ainsi conçu : « La Convention nationale a improuvé comme calomnieuse la pétition qui lui a été présentée » au nom de trente-cinq sections de Paris, adoptée >> par le conseil général de la commune, et ten» dant à faire poursuivre criminellement vingt>> deux membres de la Convention. » Cette victoire des girondins mit Robespierre et son parti en fureur. N'ayant pu venir à leurs fins (1) Marat. contre les honnêtes députés, par les voies légales, ils employèrent la force de la manière la plus scandaleuse. A cette époque la discussion de la constitution devait être reprise. Le parti Robespierre était parvenu à la faire renvoyer après le jugement du roi. Le jugement rendu, le projet de la constitution, rédigé par Condorcet, fut distribué en février, et le 1er mars la Convention décréta que la discussion s'ouvrirait invariablement le 15 avril. Ce jour arrivé, les montagnards s'opposèrent à la discussion sous divers prétextes; ils prétendirent qu'une levée de trois cent mille hommes qui avaient déjà marché contre l'ennemi, ayant été faite, il n'était pas juste de décréter une constitution pour eux et sans eux; que ce serait faire perdre à ces généreux citoyens le droit le plus précieux, celui de coopérer, par leur consentement, à une constitution qui allait fixer la destinée de la France par une nouvelle forme dans son gouvernement; Que la levée de ces trois cent mille hommes ayant exigé la présence et les soins d'un grand nombre de députés, alors absens, ceux-ci ne pouvaient fournir leurs lumières et leurs avis dans la discussion importante de chaque article de la constitution; Que d'autres députés avaient été envoyés aux armées, et que cette seule considération de tant de représentans du peuple, qui ne prendraient aucune part à la constitution pour laquelle T. I. 7 |