La dépersonnalisation

Couverture
F. Alcan, 1911 - 223 pages
 

Expressions et termes fréquents

Fréquemment cités

Page 191 - Quand le soir approchait, je descendais des cimes de l'île et j'allais volontiers m'asseoir au bord du lac, sur la grève, dans quelque asile caché; là le bruit des vagues et l'agitation de l'eau, fixant mes sens et chassant de mon âme toute autre agitation, la plongeaient dans une rêverie délicieuse où la nuit me surprenait souvent sans que je m'en fusse aperçu.
Page 161 - Il me semble que je suis devenu une statue sur les bords du fleuve du temps, que j'assiste à quelque mystère d'où je vais sortir vieux ou sans âge... Je me sens anonyme, impersonnel, l'œil fixe comme un mort, l'esprit vague et universel comme le néant ou l'absolu; je suis en suspens, je suis comme n'étant pas.
Page 191 - Le flux et le reflux de cette eau, son bruit continu mais renflé par intervalles frappant sans relâche mon oreille et mes yeux, suppléaient aux mouvements internes que la rêverie éteignait en moi et suffisaient pour me faire sentir avec plaisir mon existence, sans prendre la peine de penser.
Page 113 - Moutier, un désarroi mental en face de situations auxquelles on suffisait autrefois. On se sent alors comme retranché de la vie, à laquelle on assiste désormais indifférent; on ne vit plus que machinalement; on s'étonne de vivre, on ne s'intéresse plus à ses propres états, à ses sentiments, à ses actes. La devise de Valentine de Milan : « Rien ne m'est plus, plus ne m'est rien », pourrait être celle de nos malades 1 . » La cause qui provoque la crise de dépersonnalisalion peut la...
Page 132 - Il n'ya peut-être que les Yoghis et les Soufis qui aient connu profondément cet état d'humble volupté, réunissant les joies de l'être et du non-être, état qui n'est plus ni réflexion, ni volonté, qui est au-dessus de l'existence morale et de l'existence intellectuelle, qui est le retour à l'unité, la rentrée dans le plérome, la vision de Plotin et de Proclus, l'aspect désirable du Nirvana.
Page 43 - ... il faut encore que la perception personnelle saisisse cette image et la rattache aux autres souvenirs aux sensations nettes ou confuses, extérieures ou intérieures, dont l'ensemble constitue à ce moment notre personnalité.
Page 4 - Je me sentais si complètement changé, qu'il me semblait être devenu un autre ' ; cette pensée s'imposait constamment à moi sans que cependant j'aie oublié une seule fois qu'elle était illu-soire. » — « Quelquefois il me semble n'être pas moimême, ou bien je me crois plongée dans un rêve con-tinuel.
Page 17 - ... papillon, il ya scission profonde, rupture complète. Les sensations nouvelles ne trouvent plus de série antérieure où elles puissent s'emboîter ; le malade ne peut plus les interpréter, s'en servir; il ne les reconnaît plus, elles sont pour lui des inconnues. De là deux conclusions étranges, la première, qui consiste à dire : Je ne suis pas; la seconde, un peu ultérieure, qui consiste à dire : Je suis un autre.
Page 168 - Un homme qui a la conviction intime d'une sensation actuellement perçue, alors que nul objet extérieur propre à exciter cette sensation n'est à portée de ses sens, est dans un état d'hallucination : c'est un visionnaire.
Page 88 - ... des hallucinations, la fatigue, la dépression causée par une émotion vive, le surmenage, l'ivresse, le jeûne, les saignées, les hémorragies abondantes, et, en général, toutes les causes produisant l'anémie cérébrale.

Informations bibliographiques