NATURELLE DE LA ROSE. La Rose est la fleur des Amours, dit Anacréon, elle est la plus belle des fleurs; elle fait tout le soin du printemps. La rose , ajoute-t-il ailleurs, est le doux parfum des Dieux, la joie des mortels, le plus bel ornement des Grâces dans la saison fleurie des amours, et les plus chères délices de Cythérée. Si Jupiter voulait donner une reine aux fleurs, écrit la tendre Sapho, il pro a clamerait la rose : elle est l'ornement de la terre, l'éclat des plantes, l'œil des fleurs, l'émail des prairies, une beauté éclatante; elle exhale l'amour, elle attire et fixe Vénus; toutes ses feuilles sont charmantes, son bouton vermeil s'entr'ouvre avec une grâce infinie, et sourit délicieusement aux zéphyrs amoureux. Pline appèle la rose la reine des fleurs et l'ornement des jardins. (1) De tout temps cette charmante fleur fut le sujet des idées les plus flatteuses, des comparaisons les plus douces, et des emblêmes les plus voluptueux. Je t'envoie deux roses, lisons - nous dans Bonnefons, l'une blanche, l'autre du plus vif incarnat: l'une imite la pâleur de mon teint, l'autre te peindra la flamme de mon cœur, toutes deux te rappèleront mon infortune. (1) Timarchides nous dit que la rose était la fleur la plus agréable aux Arcadiens, et qu'à cause de son odeur, ils l'appelaient parfumée. Favart a dit : La jeunesse aime la jeunesse, En effet, l'aimable fils d'Astreus et d'Heribée, le doux compagnon du printemps, était reconnu des anciens pour l'amant favorisé de la rose, parce que ce n'est qu'au temps où Zéphyr fait sentir ses tièdeshaleines qu'elle entr'ouvre ses pétales incarnāts, et reçoit la vie. Mais si la rose est fraîche, elle est aussi passagère! Les poëtes ne se sont jamais plaint que de la courte durée de cette aimable fleur, et nimiùm brevis rosae flores amenos. « Roses, charmantes fleurs, s'écrient-ils, vous passez trop tôt pour nos plaisirs, ét semblables à la beauté, la même étoile qui vous vit fleurir le matin, vous trouve le soir mourantes de vieillesse. » On lit dans madame Deshoulières : Que votre éclat est peu durable, Charmantes fleurs, honneur de nos jardins! Souvent un jour commence et finit vos destins, Et le sort le plus favorable Ne vous laisse briller que deux ou trois matins. Malherbe a bien su tirer partide cette idée, en parlant de la mort de la fille à M. Duperrier : Mais elle était du monde où les plus belles choses ont le pire destin, Et Rose elle a vécu ce que vivent les roses, l'espace d'un matin.. Prompte à se flétrir au soufle le plus léger, on en a fait l'emblême de l'innocence et de la virginité. Avec quelle grâce et quelle délicatesse, Catulle ne s'est-il pas servi de cette comparaison, dans son épithalame de Manlius et de Junie! Une rose, dit-il, solitaire, épanouie à l'écart, ignorée des troupeaux, respectée du soc, caressée du zéphyr, ménagée du soleil, abreuvée de rosée, fait les desirs de la bergère et du berger; à peine arrachée de sa tige, déjà flétrie, ni le berger ni la bergère ne la regardent plus: telle une vierge timide, tant qu'elle est vierge, captive tous les hommages, et elle les voit s'envoler, dès qu'à peine une caresse a terni sa fleur virginale. Depuis Catulle les poëtes les plus célèbres se sont empressés de traduire dans toutes les langues cette heureuse pensée du poëte Latin. Le Trissin, Guarini; l'Arioste, Don Alonzo d'Ercilla, le Camoëns, Addison et Voltaire n'ont pas rougi d'être les imitateurs du chantre du moineau de Lesbie. Jadis la rose ornait également le char de triomphe, (1) la fête nuptiale, (2) et (1) On lit, dans Judith, que les grands et le peuple allaient au-devant des vainqueurs, avec des couronnes de roses. ( Chap.3.) (2) Dans les fêtes de l'hymen, à Athènes, célébrées au retour du printemps, les jeunes filles, couronnées de roses, le sein paré de fleurs nouvelles formaient avec les jeunes garçons des danses pastorales, pour peindre l'innocence des premiers temps. (V.PAUSANIAS. , On peut voir dans le palais Pamphili à Rome, la peinture à fresque de la noce Aldobrandine. On doit remarquer aussi, dans la grande salle du petit > |