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l'urne funéraire (1). Si vous consultez le fabuliste Hébreu, Moïse, il vous dira qu'avant la chûte du premier homme, les roses naissaient sans épines ; mais les Grecs, plusingénieux et moins sombres,

Farnèze, le banquet des noces de Psyché, peint par Raphaël. Cet artiste admirable, qui connaissait si bien l'antiquité, a placé, dans une des parties du plafond, les Heures, les Grâces qui répandent à pleines mains les roses et les parfums sur la table où sont rassemblés les Déesses et les Dieux. (V. D'ORBESSAN.)

(1) Les cénotaphes en usage chez les Grecs et les Romains, étaient entourés de roses. L'une des principales cérémonies, dans ces occasions, consiszait à jeter des fleurs sur les tombeaux; on faisait bâtir tout auprès de petits logemens destinés à des esclaves qui allaient, à des tems réglés, orner ces monumens de guirlandes. Ceux à qui une médiocre fortune interdisait cette sorte de luxe, faisaient graver des fleurs sur la pierre qui devait couvrir leurs cendres; et, par une inscription, ils sollicitaient les passans de s'arrêter quelques instans pour jeter des fleurs sur leur tombeau. Aussi trouve-t-on fréquemment ces mots : sparge, precor, rosas super mea busta,viator. (Voyez les Ins criptions de Gruter, et le Traité de J. Guthier, De jure Manium, lib. 2, chap. 36.)

nous assurent que la rose eut de tout temps des épines, pour punir la main téméraire qui voudrait la cueillir; que ce sont elles qui donnent un si grand prix au parfum qu'elle exhale. Ils varient toutefois d'opinion sur son origine et sur-tout sur la cause de sa couleur vermeille. Lorsque la mer produisit, de son écume ensanglantée, la belle Vénus, dit Anacréon, et la montra toute éclatante sur ses flots tranquilles; quand Pallas qui aime le bruit des armes, sortit toute armée du cerveau de Jupiter, alors la rose, cette fleur brillante et nouvelle, embellit la terre. Tous les Dieux, voulant contribuer au développement de cette fleur immortelle de Bacchus, l'arrosèrent de nectar, et aussitôt cette fleur agréable s'éleva majestueusement sur sa tige épineuse. Aphthonius et Tzetzes prétendent que c'est du sang de Vénus que les roses, (1) blanches autrefois, ont reçu

(1) Aphthonius, in Progymnasm. Théocrite,

A

leur couleur incarnate. Bion, dans sori idylle sur le tombeau d'Adonis, au contraire que ce fut le sang du fils de. Cynire, qui, en tombant, sur la terre, donna naissance à la rose. Ovide et le voluptueux auteur du Pervigilium Veneris pensent aussi comme lui. Voici comme ce dernier s'exprime : « C'est elle, c'est Venus même qui, le matin, ordonne que le sein des bergères se marie à la rose humide, encore teinte du sang d'Adonis, encore parfumée des baisers de l'Amour (1). » La rose est,

assure

Idyl. 23. Ovide, Métamorp. lib. 10. Claudien, de raptu Proserpina.

Carpit signa sui.

Sic fata, cruoris

Il existe à Florence une superbe statue Grecque, représentant Vénus qui arrache de son pied l'épine dont elle fut blessée, en volant au secours de l'infortuné Adonis, immolé à la jalouse fureur du Dieu de la guerre. Epine cruelle, qui fit jaillir le sang dont les roses, jadis blanches, furent teintes pour toujours!

(1) Ipsa jussit manè ut udae
virgines nubant rosae,

à Salency, la récompense de la vertu. Les roses sont aussi le symbole de la molesse, de l'amour et de la volupté: les amans heureux sont unis par des chaînes de roses; les peintres et les poëtes ceignent de guirlandes de roses les Grâces, les Nymphes et les Bergères. Quand l'Amour danse avec les Grâces, dit Anacréon, ses beaux cheveux sont ornés de boutons de roses. (1) Diodore de Sicile et Sénèque nous parlent d'un voluptueux Sybarite, nommé Smyndyride, qui ne pouvait dormir, si parmi les feuilles de roses répandues sur son lit, une seule venait à se plier par hasard.

fusae aprugno de cruore
atque amoris osculis.

(Pervigilium Veneris.)

(1) Athénée qui avait fait de grandes recherches sur les fleurs dont était composée la couronne Naucratite, nous dit que l'usage d'associer le myrte avec les roses est attribué à un événement merveilleux arrivé à un nommé Hérostrate, commerçant de Naucratis, et rapporté par Polycharnus dans son livre intitulé: Venus.

Quel est ce jeune amant tout parfumé d'essence, demande Horace à Pyrrha, qui te presse si vivement sur un lit par semé de roses, dans cette grotte favorable aux doux mystères ? Les roses servent à exprimer les pensées les plus délicates: Virgile donne à Vénus un cou de roses (1); Anacréon dit: les nymphes aux bras de roses; Venus au teint de roses ; que peuton faire, ajoute-t-il, sans les roses ? La rose est délicieuse sur les tables, dans les festins et aux fêtes de Bacchus; les Muses la trouvent pleine de charmes. Qu'il est agréable de tenir d'une main délicate cette fleur consacrée aux amours, et d'en respirer la douce odeur! Ce n'était qu'avec des touffes de roses que Vénus châtiait son fils: des cheveux entremêlés de boutons de roses, un sein embelli par des roses nouvelles respirent le plaisir; c'est avec des doigts de rose que

...

(1) Et avertens roseâ cervice refulsit. (VIRG.) Et matutinis aemula labra rosis. (BUCHANAN.)

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