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1525.

1568,

puis, à la paix de Cracovie ce pays fut conféré par Sigismond, roi de Pologne, à Albert de Brandebourg comme fief polonais héréditaire. Ce chef de l'ordre Teutonique sécularisa son fief au temps de la Réforme Il y introduisit la confession d'Augsbourg, sous peine d'excommunication contre les prédicateurs qui s'en écarteraient; et Osiander, ayant suscité des troubles par des dogmes particuliers touchant la justification, Funk, son gendre, fut impliqué dans un procès, et l'hérésie étouffée dans le sang. Albert, homme faible, incessamment tourmenté par le remords de son apostasie et circonvenu par des intrigants, n'est digne de mémoire que pour avoir fondé l'université de Konigsberg. Son fils Albert-Frédéric, qui lui succéda à l'âge de quinze ans, perdit la raison à dix-huit. En conséquence les intrigues se multiplièrent pendant la durée de la régence, au milieu des agitations turbulentes des luthériens, qui finirent par chasser les calvinistes.

1618.

Il eut pour successeur son gendre Jean-Sigismond, de la maison de Brandebourg, électeur de l'Empire, qui possédait en outre le duché de Prusse, c'est-à-dire la partie orientale, pour laquelle il relevait de la Pologne, comme il relevait de l'Empire pour la marche de Brandebourg et le duché de Clèves. Son autorité s'étendait sur quatorze cent quarante-huit milles carrés, peuplés de onze cent mille habitants. Il promulgua un code, fondé sur le droit romain, c'est-à-dire favorable aux droits ducaux.

laume.

Après son règne, dont la durée fut très-courte, et celui de George-Guillaume, son fils, qui fut extrêmement agité, parut Frédéric-Guil- Frédéric-Guillaume, dit le grand Électeur, véritable fondateur 1604. de la monarchie prussienne. Le traité de Westphalie ajouta six cents milles carrés à ses possessions, qui toutefois se trouvaient éparpillées de la Vistule au Rhin; les communications étaient en outre très-difficiles entre elles, et pendant la guerre de trente ans les Suédois, les Hollandais, les Polonais les ravagèrent impunément. La paix était donc pour lui l'objet le plus important, et il y sacrifia ses passions et ses interêts.

Élevé à l'école du malheur, il sut profiter des circonstances, recouvra Spandau et Custrin; renvoya, moyennant un sacrifice d'argent, les Suédois de la Marche, et soutint les calvinistes dans les négociations de la paix de Westphalie, de manière à se présenter comme le chef de ce parti. Son but était de se faire indépendant des Polonais, qui s'immisçaient sans cesse dans les successions et dans les affaires intérieures du pays. Placé entre eux et les Suédois, ennemis déclarés, il chercha à se rendre nécessaire à tous deux, et entreprit de défendre même la Prusse royale contre la Suède. En reconnaissance de ce service, Casimir promit de l'affranchir du lien féodal; mais Charles X de Suède arriva, et sut le mettre de son côté en lui promettant une partie la Pologne. En louvoyant ainsi Frédéric-Guillaume parvint à se faire reconnaître indépendant lors du traité de Welau, et depuis on le voit figurer comme chef d'un État souverain.

Il prétendait à ce titre en vertu du pouvoir despotique qu'il exerçait dans son pays (1), tandis que les États, ne pensant pas que la Pologne eût pu lui transférer plus de droits qu'elle n'en exerçait elle-même, réclamaient en conséquence le maintien de leurs priviléges, et soutenaient qu'il ne pouvait faire ni paix, ni guerre, ni alliances sans leur consentement, ni introduire dans le pays de troupes étrangères, ni y établir des impôts ou des droits nouveaux. L'électeur tint bon, et, partie en éludant les difficultés qu'il rencontrait, partie en jetant en prison les chefs qui lui faisaient obstacle, il organisa le pays à sa manière, ne réunit la diète que tous les six ans, donna la prédominance aux luthériens, en laissant aux réformés six églises seulement. Ayant consenti ce que l'on peut considérer comme l'acte constitutionnel de la Prusse, c'est-à-dire n'entreprendre de guerres et ne mettre d'impôts que du consentement des états, il s'efforça constamment de réduire cette promesse à néant, et mécontenta ainsi les Prussiens, qui reconnurent qu'une constitution sans garantie est une arme sans tranchant. Plusieurs chefs de l'opposition furent condamnés, et Kalkenstein, arrêté sur le territoire polonais, porta sa tête sur l'échafaud. L'Europe s'étant émue de cette violation du droit des gens, Frédéric-Guillaume condamna ses agents, mais pour les réintégrer bientôt.

Afin de défendre la souveraineté qu'il avait conquise, il recruta une bonne armée dans les rangs de ceux que la paix de Westphalie laissait sans solde, et la forma aux combats dans les guerres de la France, son alliée, avec la Suède. Les Suédois envahirent le Brandebourg, en y commettant des horreurs à peine croyables. Le grand Électeur se retira en Franconie, pour

(1) Cette prétention étrange a été mise en avant de nos jours par les princes d'Allemagne, qui lors de la paix de Presbourg, ayant été reconnus indépendants de l'Empire, entendirent par là se trouver affranchis des lois fondamentales de chaque État.

1656.

1657.

1663.

1675. 1688.

réparer ses pertes et attendre les secours promis par l'Empire; mais, trompé à cet égard, il résolut de délivrer seul son pays; il s'avança vers l'ennemi dans le plus grand secret, s'empara de plusieurs forts, et mit en pleine déroute, à Fehrbellin, les Suédois, à qui les guerres précédentes avaient valu la réputation d'invincibles. Alors le nom de Frédéric-Guillaume, qui dans un pays ruiné avait triomphé de ces soldats suédois, la terreur de l'Allemagne, fut partout porté aux nues, et ce fut à qui solliciterait son amitié. Mais, lorsque la France et la Suède se furent unies contre lui, il lui fallut accepter la paix de SaintGermain en Laye, en restituant tout ce qu'il avait occupé de la Poméranie suédoise.

A partir de ce moment il adopta une politique au dedans et au dehors. Afin de rétablir ses finances, il s'attacha à la France, qui payait ses alliés, et tenta de mettre obstacle à la guerre que fit Louis XIV pour les réunions. Lors de la révocation de l'édit de Nantes, il donna asile à vingt mille réfugiés, qui apportèrent dans son pays les arts et la civilisation, dans ses conseils de la prudence et de l'habileté. Il accueillit aussi les juifs chassés de l'Autriche; établit les postes, favorisa l'agriculture, ouvrit le canal de Mühlroser, entre la Sprée et l'Oder, afferma les biens de l'État, fonda une marine, encouragea le commerce de l'Afrique. Il appela dans ces États des étrangers distingués par leur savoir, comme de Rocèles et Grégoire Leti; fournit à Puffendorf les moyens de inener à fin son travail, fonda à Berlin une bibliothèque et une galerie de tableaux, de monnaies, d'œuvres plastiques. Il cultiva la musique, et embellit sa capitale, où les jardins, les allées de peupliers qu'il planta parurent des merveilles.

Mais réduit, par sa position, à louvoyer, il ne put avoir une politique vigoureuse; il eut toutefois bonne part à tous les traités de ce temps, et sut en profiter si bien qu'il laissa à Frédéric III, son fils, deux mille quarante-deux milles carrés de territoire avec un million et demi de sujets.

Ce prince, chétif de corps, était hargneux, inconstant, ombrageux, prodigue, mais studieux et instruit; son zèle pour le protestantisme fit qu'il devança l'un de ses successeurs dans la pensée de fondre ensemble les luthériens et les calvinistes. II favorisa les réfugiés français, au point de fonder pour eux un collége et un tribunal supérieur; il embellit Berlin, d'après les dessins de l'architecte Nehring, et il fournissait à quiconque voulait bâtir de la chaux, des briques, des tuiles, du bois, en payant quinze pour cent de la dépense. Il commença le magnifique arsenal, sous la direction d'André Schlüter. Cet architecte très-habile fit aussi la statue équestre du grand Électeur, et suggéra à Frédéric l'idée de fonder une académie des beaux-arts, comme il avait déjà fondé l'université de Hall, illustrée par le célèbre Tommasius de Leipsick, et, sur le plan de Leibnitz, la Société royale de Berlin, en lui attribuant le privilége, qu'elle conserve encore, de la vente des almanachs. On est redevable à ce corps savant de l'introduction des mûriers et des vers à soie dans la Marche de Brandebourg.

Sophie-Charlotte, seconde femme de Frédéric III, apporta en Prusse les manières de la société élégante, le goût du savoir et des arts. La comédie, l'opéra italien, les bals, les promenades, la conversation des hommes instruits et des étrangers embellirent sa cour, où elle savait maintenir l'harmonie sans recourir à l'intrigue. Belle, elle aimait à s'entourer de jolies femmes; et se plaisait à l'entretien de celles qui étaient renommées par leur esprit. Elle entretint avec Leibnitz une correspondance suivie, dont la Théodicée fut le résultat; elle favorisa les principaux poëtes allemands. Si nous en croyons Frédéric II, elle refusa à son lit de mort l'assistance du ministre en disant: Laissez-moi mourir sans disputer; et s'adressant à une de ses amies qui pleurait, elle ajouta: Ne me plaignez pas; car je vais satisfaire ma curiosité sur des questions que Leibnitz n'a jamais su me résoudre pleinement: l'espace, l'infini, l'être, le néant; et je vais fournir à mon mari l'occasion d'une pompe funèbre il pourra déployer sa magnificence.

C'était une allusion piquante au peu d'amour de son mari pour elle et à son faste, qui parfois dégénérait en prodigalité insensée, au point de donner par exemple un fief de quarante mille écus à un chasseur. On conçoit que ce prince brûlât d'envie de porter la couronne, surtout depuis qu'il avait vu le duc de Brunswick-Lunebourg élevé au rang d'électeur, le prince d'Orange monté sur le trône d'Angleterre et l'électeur de Saxe devenu roi de Pologne. Comme il arrive souvent, en effet, que les noms des choses décident, il lui sembait qu'avec le titre de roi il s'affranchirait « de ce joug de servitude sons lequel la maison d'Autriche tenait tous les princes de l'Allemagne (1).»

(1) FRÉDÉRIC Π.

1699.

1711. Frédéric ler, 1701.

1713.

Il sollicita en conséquence l'assentiment des puissances et enfin le plus difficile et le plus nécessaire à obtenir, celui de l'empereur Léopold; il réussit en lui promettant de donner toujours son vote pour l'Empire à l'aîné des archiducs. Mais le prince Eugène s'écria: Léopold aurait faire pendre les ministres qui lui donnèrent ce conseil imprudent.

Frédéric ne prit point le titre de roi des Vandales pour ne pas blesser la Suède, ni celui de roi de Prusse par égard pour la Pologne, mais celui de roi en Prusse. Il se couronna de sa propre main, avec une pompe sans égale, et mit tout en œuvre pour se faire reconnaître de l'Europe. Mais ni le pape ni le grand maître de l'ordre Teutonique, dont le chef-lieu était à Mergentheim, ne voulurent y consentir, le considérant comme hérétique et usurpateur des possessions ecclésiastiques. Il en fut de même de la France et de l'Espagne, qui voyaient en lui un ennemi; mais les autres puissances l'admirent, dans l'espoir qu'il emploierait pour leur intérêt son or et ses troupes dans des guerres qui ne le concerneraient pas. « Ce fut un veritable appât que Frédéric jeta à ses successeurs; il sembla leur dire : Je vous ai acquis ce titre, c'est à vous de vous en rendre dignes; j'ai jété les bases de votre grandeur, c'est à vous d'accomplir l'œuvre. » C'est ainsi que s'exprime celui de ses successeurs qui poursuivit ce but avec la passion la plus vive.

Frédéric Ier (comme on l'appela depuis son couronnement) montra qu'il connaissait la politique européenne en sachant rester en paix dans un temps de luttes continuelles; enfin, à la paix d'Utrecht, qui fut signée cinquante jours après sa mort, le titre de royaume fut reconnu à la Prusse, avec la pleine souveraineté de la Gueldre, du pays de Kessel et du bailliage de Krieckenberg. Les principautés de Neufchâtel et de Vallangin lui furent en outre assurées, moyennant la cession à la France de la principauté d'Orange.

Ce prince eut pour successeur Frédéric-Guillaume Ier, qui, âgé de vingt-cinq ans, mais prudent et circonspect, s'appliqua à mettre de l'ordre dans le gouvernement, de l'économie dans les finances, à organiser la justice, en portant son attention sur les moindres détails. Sur les cent chambellans de son fastueux père, il n'en conserva que douze, et vendit sa riche écurie ainsi que d'autres superfluités dispendieuses. Il ne se montra prodigue qu'en une seule chose, l'entretien de son armée, que le prince Léopold d'Anhalt, l'un des meilleurs élèves du prince

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