n'est pas une tache sans danger ni d'une execution peu l borieuse que de changer toutes les habitudes d'un peuple. N'était-il pas à craindre d'ailleurs, si les discussions venaient à se prolonger, et avec elles l'inquiétude publique et la paralysie du pouvoir, quele peuple n'intervint pour decider et qu'il ne de vint aussitôt le maitre des événements. Il importait donc que le roi prit les devants. Malouet, député de l'Auvergne, le sentit, et il dit à Necker: N'attendez pas que les états généraux deman« dent ou qu'ils commandent; hátez-vous d'offrir tout ce que ⚫ les bons esprits peuvent désirer raisonnablement. Nentre• prenez pas de défendre ce que l'expérience et la raison pu« blique démontrent abusif ou vermoulu; n'exposez pas au hasard d'une délibération tumultueuse les bases et les forces essentielles de l'autorité royale; donnez large carrière aux « besoins et aux vœux publics, et préparez-vous à repousser, « même par la force, ce que la violence ou l'extravagance des « systèmes ne pourraient exiger sans jeter le pays dans l'anarchie; proposez ce qui est juste et utile. Mais si le roi hésite. « si le clergé et la noblesse résistent, tout est perdu. >>> On était loin d'entendre ainsi les choses à la cour. Les assemblées se conduisent avec un fil, y disait-on : quoi de plus facile, dans des réunions où l'on ne suit pas un plan arrêté, que de susciter des dissensions entre des ordres qui déjà se regardent de travers? Alors le roi dirait: Ou mettez-vous d'accord, ou allez-vous-en; et, après avoir montré l'inutilité de l'assemblée, il la dissoudrait, puis redeviendrait roi absolu comme devant; mais ce serait pour répandre avec une activité, un amour tout paterne, sur une nation toujours éprise de ses rois, des bienfaits en harmonie avec les progrès du siècle. Voilà les songes dont se berçait encore cette cour frivole au moment d'un si terrible réveil ! C'est sous l'influence de ces idées que les états généraux s'ouvrirent le 5 mai 1789. Ils ne firent que décréter une révolution déjà accomplie. De ce moment commence une histoire affligeante et magnifique, que nous retracerons, autant qu'il nous sera donné d'y réussir, dans notre dernier livre; et cela sans jamais nous départir de cette sincérité qui nous coûte bien des amertumes, mais pas un repentir. FIN DU DIX-SEPTIÈME VOLUME. |