enfin, en 1790, il présenta un nouveau mémoire additionnel, portant le titre de Galerie des portraits des académiciens de Lyon, nécrologe extrait du tableau historique de l'Académie, et contenant plus de cent trente éloges abrégés des membres de cette société morts depuis sa création. L'ouvrage de Bollioud-Mermet a été retrouvé en partie, il y a un an, mais il ne réalise pas l'idée que nous en avions, et n'ajoute que peu de chose aux travaux de Pernetti; car l'auteur s'est borné à écrire quelques sèches notices qui commencent invariablement par des noms de baptême, et se terminent par une aride nomenclature de livres. Ces notes, qui peuvent être de quelque utilité comme documents, n'ont pas la moindre valeur comme littérature. Le manuscrit de l'abbé Pernetti, auquel il est temps de revenir, ne sera peut-être pas d'une grande utilité pour les historiens de l'Académie. Néanmoins on peut y puiser quelques notions qui ne se trouvent pas ailleurs. Il forme un volume in-folio de 226 pages, intitulé Journal historique de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon, depuis 1700 jusqu'en 1756; il est précédé d'une épître dédicatoire, écrite de la main de l'auteur, et adressée au président de Fleurieu, ancien prévôt des marchands et commandant de la ville de Lyon, secrétaire perpétuel de l'Académie, un des quarante de la Société des Beaux-Arts, etc. Il paraît, d'après quelques notes écrites par un prote et placées de distance en distance dans le manuscrit, que l'impression en avait élé commencée, et que les premières feuilles en avaient été au moins composées. C'est un tableau chronologique des séances de l'Académie, avec l'indication des mémoires qui avaient été lus. Ces mémoires n'y sont désignés que par leurs titres; ils n'y sont pas analysés, comme ils devaient l'être dans l'ouvrage de Pierre Dugas. A la date de la mort de chacun des académiciens décédés avant 1756, l'abbé Pernetti a placé une courte notice biographique peu différente de celles qu'il donna, quelque temps après, dans ses Lyonnais dignes de mémoire, et qu'il a reproduites dans un autre manuscrit que l'Académie possède, sous le titre de Nécrologe des Académiciens de Lyon (1). Toutefois la comparaison de ces trois versions du même thème ne serait peut-être pas sans résultat. Dans un petit nombre d'endroits, l'abbé Pernetti s'est écarté du plan un peu trop restreint qu'il s'était tracé; et ces sortes de digressions nous ont valu la connaissance de quelques faits ignorés jusqu'à ce jour, ou la conservation de quelques morceaux intéressants. On y lit, par exemple, en entier, le discours, mêlé de prose et de vers, que prononça Borde, le 27 avril 1745, lors de sa réception, et celui qui avait été prononcé, en 1730, par Louis Racine, lorsqu'il fut admis au nombre des membres honoraires. Ces discours ont été publiés dans les Archives du Rhône. Il existe à la Bibliothèque de Lyon une Notice de J.-J. Champollion-Figeac sur une édition d'Homère, entreprise par Wetstein, et qui porte au faux titre l'ex dono suivant: « J.-J. Champollion-Figeac, mon ami intime, m'ayant fait << cadeau de deux exemplaires de cet ouvrage, j'en offre un << à la bibliothèque publique de Lyon, en reconnaissance des << instructions que j'y puise pour les antiquités et l'histoire << ancienne et moderne de cette ville, que je suis à la veille « de publier. J. Cl. MARTIN. Lyon, 16 décembre 1806. » Quel était ce Martin, auteur d'une histoire de Lyon, et qu'est devenu son ouvrage? That is the question. (1) Voyez Delandine, Catalogue des Manuscrits, etc., t. it, р. 429. 1, ΧΧΙ. ANDRÉ CLAPASSON. Les biographes ne disent rien de Clapasson; j'essaierai de suppléer à leur silence avec les documents que me fournit l'Athénée de Lyon rétabli, ouvrage dont nous avons dit un mot. André Clapasson naquit dans cette ville, le 13 janvier 1708. Après avoir terminé ses études, il fut envoyé à Valence en 1738, у prit ses degrés, et fut reçu avocat, mais, dégoûté bientôt de sa profession, et préférant aux exercices du barreau les exercices tranquilles et volontaires du cabinet, il mena dès lors une vie plus analogue à ses goûts et à la délicatesse de sa santé. Des voyages fréquents et des séjours prolongés dans la capitale, la recherche curieuse et la comparaison raisonnée des ouvrages d'art exercèrent en lui cette sagacité nécessaire pour bien juger du mérite des artistes et du fruit de leurs talents. En 1738, Clapasson fut reçu à l'Académie; en 1741, il succéda à son père dans la charge de receveur-général des domaines et bois de la province du Lyonnais, emploi dont les fonctions ne l'empêchaient pas de suivre ses inclinations littéraires; toutefois il travaillait péniblement. « Un esprit de discrétion, des mœurs douces, simples et vertueuses, une vie exempte de passions, la droiture du cœur, la candeur de l'ame, le caractérisaient, » dit Bollioud-Mermet. Il mourut à Lyon le 21 avril 1770. L'Académie conserve un assez grand nombre de dissertations qu'il lui avait communiquées. En voici les titres : Discours sur le sublime dans la peinture et dans la sculpture; 1739. Mémoire sur l'origine, la composition et l'usage du chocolat; 1741. Description de la chapelle de Saint-Ignace à Rome et de l'église du Grand-Jésus, 1741, 1742. Comparaison des théâtres anciens et modernes; 1743. Description de l'église de Saint-Pierre de Lyon ancienne et moderne; 1744. Réflexions sur les connaissances exigées par Vitruve de ceux qui veulent cultiver et exercer l'architecture; 1745. Observations critiques sur la chapelle de Versailles; 1746. Essai de comparaison des villes de Lyon et de Paris; 1747. Description critique des deux monuments qu'on voit en l'église des PP. Jésuites de la rue Saint-Antoine, à Paris; 1748. Sur les progrès de l'architecture en France depuis la renaissance des arts; 1748-1749. Réflexions sur l'allégorie pittoresque; 1750. Sur l'art de peindre les portraits; 1752. Lettres contenant des remarques sur un essai d'architecture, ouvrage anonyте; 1753. Essai sur l'étude des monuments de l'architecture gothique; 1756. Plan de réunion des deux Académies de Lyon; 1757. Observations sur un ouvrage intitulé : les Intérêts de la France mal entendus dans les branches du commerce, de l'agriculture et des finances; 1757. Recherches sur les monuments funèbres et sur les diverses manières dont les arts ont été employés à la décoration; 1760 61-62. Réflexions sur la préférence due aux sujets d'histoire pour la peinture, exclusivement à ceux qui sont tirés de la fable; 1760. Mémoire historique sur la vie et les ouvrages de Balthazar de Monconys; 1763. Examen d'un ouvrage intilulé: Mémoires historiques sur la vie de Pierre Corneille; 1764. Mémoires historiques sur la personne du cardinal de Bourbon; 1765. On a publié, dans les Archives du Rhône, deux mémoires inédits de Clapasson; l'un est intitulé : Recherches sur la bataille de Brignais (tome 1, pages 413-424); l'autre : Observations sur un monument de la ville de Lyon (tome v, pages 184-192). Bollioud-Mermet attribue à Clapasson un ouvrage qui commence à devenir rare, et qui a pour titre : Description de la ville de Lyon, avec des recherches sur les hommes célébres qu'elle a produits; Lyon, Delaroche, 1741, in-8°. Le privilége pour l'impression de cet ouvrage est donné à un sieur Paul Rivière de Brinais, ingénieur, personnage entièrement inconnu et dont le nom paraît être un masque sous lequel l'auteur a jugé à propos de se cacher. Ecrit sans ordre et resserré dans des limites trop étroites, l'ouvrage de Clapasson ne laisse pas d'avoir son utilité, parce qu'il présente sur nos édifices des documents que l'histoire locale sait apprécier, surtout quand ces édifices, quand ces monuments ont disparu devant les révolutions, ou qu'ils ont été effacés du sol par un autre vandalisme plus poli, mais aussi inept et aussi brutal. Les recherches de Clapasson sur nos hommes célèbres se réduisent à peu de chose. F.-Z. COLLOMBET. |