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Extrait du P. Menestrier, Philosophie des Images, etc., pag. 44, éd. de Lyon, 1694, in-12, pag. 45 (1).

INSCRIPTION SUR LA PORTE DE LA BIBLIOTHÈQUE DES AUGUSTINS DE LYON. -On lisait avant la révolution, sur la porte de la bibliothèque des Augustins de Lyon, l'inscription suivante qui a pour auteur le P. Pierre l'Abbé (2):

HIC HOMINES VIVVNT SUPERSTITES SIBI.

HIC TACENT ET ADSVNT.

HIC LOQVVNTVR ET ABSVNT.

Cette inscription en rappelle une autre qui avait été composée par D. Juan de Yriarte pour la Bibliothèque royale de Madrid :

Hæc mutis habitata silet schola docta magistris :
Tu quoque, discipulus si cupis esse, sile.

OBRAS SUELTAS, I, 32.

En voici une imitation inédite :

Par des maîtres muets ces lieux sont habités;
Veux-tu les égaler en esprit, en science?
Par toi, quand ils seront ou lus ou consultés,
Tâche avant tout d'imiter leur silence.

*** Du temps des Jésuites de Lyon, on lisait sur un cadre placé derrière la porte de leur bibliothèque une inscription latine portant qu'il était défendu d'emporter un livre, sub pæna peccati mortalis (Prost de Royer, Dict. de Jurisprud., III, 84).

(1) Cet ouvrage est dédié à la mémoire du R. P. de Bussières, et à cette dédicace est joint un portrait de ce jésuite, gravé par J. F. Cars, au bas duquel on lit: Natus Lugd..... Obiit Lugd. 26 oct. 1698.

(2) Voyez les Nouveaux Mélanges de M. Breghot du Lut, p. 24.

BLAISE DENIS, ÉCHEVIN LYONNAIS. - Fils d'un ouvrier en soie, Blaise Denis, devint un des premiers fabricants de Lyon, et fit une fortune considérable, mais n'en continua pas moins à parler la langue maternelle, c'est-à-dire le patois lyonnais dans toute sa pureté. Nommé échevin en 1733, il s'acquitta merveilleusement de ses fonctions, quoiqu'il ne sût, dit-on, ni lire ni écrire. L'usage voulait que les échevins, en quittant le consulat, prononçassent un discours; celui de Blaise Denis fut extrêmement laconique: " No ne venons, dit-il, u mondo que por muri; " no n'entrons en charge que por en sorti; adieu vous "dis, Messieurs; bonsoir la compagnie. "

VÉRITABLE DATE DE L'ORIGINE DE L'IMPRIMERIE A LYON.

La Bibliothèque ne possède qu'un fort petit nombre de livres publiés dans notre ville au XVe siècle. On a restitué à l'Académie un très-bel exemplaire de la gende dorée de Jacq. de Voragine, imprimé à Lyon dans la maison de Barthélemi Bayer, en 1476, citée longtemps par la plupart des bibliographes comme le premier livre sorti des presses lyonnaises. Aujourd'hui il est constant que Lyon a joui trois ans plus tôt des bienfaits de l'imprimerie. Un heureux hasard a fait découvrir à M. l'abbé Gazzera, de Turin, un exemplaire du Lotharii Compendium, imprimé à Lyon par Guillaume Regis ou Le Roi, dans la maison du même Barthéleıni Buyer, et portant la date du 15 octobre 1473. Cette importante découverte a fourni à M. Breghot le sujet d'une dissertation sur l'origine de l'imprimerie à Lyon. Voyez la 22o de ses Lettres lyonnaises, Lyon, J.-M. Barret, 1627, in-8°. La Bi

bliothèque ne possède d'autre livre sorti de l'atelier de Barthélemi Buyer que le Nouveau Testament, imprimé sur deux colonnes, traduit par Frere Jullian (Macho), docteur en theologie, de l'ordre de Saint-Augustin, demourant au convent de Lyon sur le Rosne. Il est fâcheux qu'il manque à cet exemplaire les cinq derniers feuillets du texte. Voyez la notice sur Barthélemi Buyer, par M. Weiss, dans le supplément de la Biogr. univ.

UN LIVRE DE BARTHÉLEMY ANEAU.

On dispute chaque jour à l'oubli des livres qui ne sauraient être réimprimés désormais, et qui par conséquent ne trouvent d'abri contre la mort que dans les bibliothèques des amateurs ou dans les vastes dépôts de nos grandes villes. Cette piété envers des ruines a bien, ce me semble, son côté raisonnable et sage. Il arrivera quelque beau jour que tel ou tel livre peu recherché vous deviendra nécessaire pour éclaircir un fait important, pour constater une date sérieuse. C'est ce qui m'engage à dire un mot d'une traduction que rimait autrefois un professeur du collège de notre ville, et qui a été oubliée dans une Notice écrite sur l'auteur, dans les Archives du Rhône (1). Jai vu cette version à la Bibliothèque de l'Arsenal, et j'en donne le titre exact:

(1) Cette Notice, qui a fixé l'attention de M. Brunet, dans son Supplément au Manuel du Libraire, art. Aneau (Barthélemy), contient beaucoup de détails curieux et peu connus jusqu'à ce jour, tels que ceux qui sont relatifs à la fin tragique de cet illustre professeur, qui fut massacré par la populace, le jour de l'octave de la Fête-Dieu, 12 juin 1561, date aujourd'hui incontestable. Le fond de cette Notice est de feu M. Cochard; M. Breghot du Lut a complété ce travail, y a ajouté de nombreuses notes, et l'a reproduit dans ses Nouveaux Mélanges, pag. 189-213.

A. P.

S.

Euchier à Valerian, Exhortation rationale retirant de la mondanité et de la philosophie à Dieu et à l'estude des sainctes lettres, Traduicte en vers françois Iouxte l'Oraison latine, auec annotations de l'artifice rhetoric, et choses notables en icelle.

A Lyon, par Macé Bonhomme, M. D. LII, in-8o de 75 pages. Dans une épître dédicatoire à François de Tournon, archevêque de Lyon, BARPTOLEMY ANEAU raconte que, «au temps « qu'il emploioit la meilleure partie de ses ans à la publi

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que profession des lettres en la métropolitaine cité de << Lyon, il lui advint par occasion du sainct temps de qua<< resme d'interprêter, au lieu d'un orateur payan, un scrip«teur ecclesiastic et un Ciceron chrestien, qui est S. Euchier.» Moi, qui n'ai point interprété Eucher, au saint temps du carême, et qui pourtant l'ai traduit, mais en prose tant seulement, je souscris volontiers aux éloges que Barthélemy Aneau donne ici à saint Eucher. La Lettre dont il s'agit est un des plus beaux monuments de l'éloquence chrétienne au Ve siècle. Il y a, entre autres beautés sublimes, un admirable passage qui rappelle celui de Bossuet, dans son Sermon sur la mort; celui de Massillon, dans son Discours pour la bénédiction des drapeaux du régiment de Catinat, et un bel endroit peu connu du poète Ducis. Je citerai quelques lignes de la Leltre d'Eucher, pour les raprocher de la version

d'Aneau.

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Le genre humain, disait le saint archevêque, se hâte << rapidement vers le tombeau, et toutes les générations s'écoulent une à une avec les siècles. Nos pères sont partis « les premiers, nous nous en irons, nos neveux viendront << après nous; et comme les vagues, poussées les unes par les << autres, se brisent contre les rivages de la mer, ainsi tous

les âges s'entresuivent, se heurtent et se terminent à la « mort (1). »

(1) OŒuvres de Saint-Vincent de Lerins et de Saint-Eucher de Lyon, trad. par Grégoire et Collombet, pag. 385.

Voici maintenant les vers que Barthélemy Aneau écrivait après avoir expliqué Eucher :

Le genre humain à mort prosne et enclin,

En son trespas et occident declin

Incessamment est meu et agité

Par rauissante et grand' mortalité.

Et par la loy des siècles succédens

L'un apres l'autre, ayant leurs accidens,
Sans que le temps iamais soit arresté,
Tousiours decourt toute postérité.
Nos peres sont passez; nous passerons,
Nos successeurs suyuront, quand bas serons.
Ne plus ne moins que de la mer profonde
Les flotz marins gectez onde apres onde
L'un dessus l'autre allant à haute nage,
Sont corrompus et froissés au rivage.
Eages ainsi présentes, et passées,
Et à venir, sont mortes et cassées
Succedemment au terme de la mort,
Comme les eaux au rivage du bord (1).

Ces vers, qui paraîtront bien surannés, ont certainement quelque mérite, et il en est plusieurs qui ne reproduisent point mal ce que le texte présente de concision énergique. En outre, ce volume est une preuve en faveur du catholicisme d'Aneau, car, s'il eût été partisan de la nouvelle doctrine, comment se fût-il avisé de dédier sa traduction à un archevêque? Dans sa préface, qui est écrite de notre cité, en date du 25 septembre 1552, Aneau parle de « l'amour « et bonne affection que, dès sa première adolescence, il « porte à la ville de Lyon, en laquelle il a consumé bonne << partie de sa jeunesse au service public, où il a goûté des deux vaisseaux de Jupiter, mis à l'entrée de la vie. >>>

«

(1) Pag. 38.

F.-Z. COLLOMBET.

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