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BENOIST DU TRONCY ET GABRIEL Рот. Il n'est pas certain que Benoist du Troncy soit, comme l'ont cru les bibliographes, le premier traducteur du traité de La Consolation, attribué à tort à Cicéron; sa version fut publiée à Lyon, en 1584 (1); mais la même année en vit éclore une autre sous ce titre :

La Consolation de M. T. Cicéron, de laquelle il s'est servi pour se résoudre de la mort de sa fille Tullia. Traduicte en françois par Gab. Pot, parisien, et présentée à tres-hault et tres-puissant prince Charles Emanuel Duc de Savoie (2): à icelle sont adioustez les tombeaus de feus de bonne mémoire mes Seigneur et Dame les Duc et Duchesse de Savoye, ses père et mère, etc. A Paris, ce XV de may M. D. LXXXIIII. In-8°, de 64 feuillets.

Nous ignorons quel est ce Gabriel Pot qui ne figure dans aucune biographie, et que du Verdier a mentionné dans sa Bibliothèque, II, 10, par une traduction en quatrains de deux livres des Apophthegmes d'Erasme, Lyon, Benoist Rigaud, 1574, in-8°. Il serait très-possible qu'il fût de la même famille que Philippe Pot, dont Philippe-leBon, duc de Bourgogne, fut le parrain, et que son éloquence fit surnommer Bouche de Cicéron. M. Gabriel Peignot qui, dans la Biographie universelle, a consacré une notice fort intéressante à Philippe Pot, termine ainsi cette notice : " Gui Pot, frère aîné de Philippe, fut père "d'Anne Pot, qui épousa Guillaume de Montmorenci,

(1) Voyez le Cicéron in-18 de M. Victor Le Clerc, tom. 1, pag. 483. (2) Il ne faut pas confondre ce prince avec son cousin Charles Emmanuel de Savoie, duc de Nemours, qui fut, pendant la Ligue, gouverneur et lieutenant-général de Lyonnois, Forez et Beaujolois, etc. Il succéda à M. de Mandelot à qui du Troncy avait dédié sa traduction de la Consolation.

“ d'où viennent les ducs de Montmorenci, les princes de « Condé et de Conti. On a fait, ajoute-t-il en note, pour " ridiculiser cette alliance, une chanson dont le refrain est:

Mon père étoit broc,
Ma mère étoit pot,

Ma grand'mère étoit pinte. >>>

Cette chanson fut sans doute imprimée dans le temps où elle fut composée, et bien certainement elle a du être insérée dans quelques recueils lyriques. Après en avoir fcuilleté un grand nombre sans pouvoir la déterrer, nous nous sommes vainement adressé, pour en avoir une copie, à M. Peignot lui-même, à M. Weiss, bibliothécaire de la ville de Besançon, à M. Théodore Foisset, de Beaune, si versé dans l'histoire littéraire des Deux Bourgognes. Nous avons fini par la découvrir dans un recueil manuscrit que possède M. Casimir F..., de Lyon, et c'est sur la copie qu'il nous a donnée que nous allons la reproduire; car il nous a semblé qu'elle méritait, sous plus d'un rapport, d'être tirée de l'oubli dans lequel elle était restée ensevelie.

CHANSON DE TABLE.

Buvons à tire-larigot (1),
Chers amis, à la ronde.
Au dieu du vin je suis dévot;
Il gouverne le monde.
Jadis nos ayeux

(1) Feu M. Cochard, de lyonnaise et savante mémoire, prétendait que toutes les étymologies que Ménage, Sallengre, Borel et tutti quanti ont données de ce mot ou plutôt de cette expression proverbiale, sont dénuées de fondement. et qu'elle doivent le céder à celle-ci, infiniment plus naturelle : « Odon Ri« gaud, nous dit-il, né à Lyon, d'une famille riche et puissante, qui a « laissé son nom à un emplacement considérable où elle faisait sa demeure,

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« La Rigaudière, aujourd'hui l'Arsenal, ayant été tiré du chapitre de Saint<< Jean, pour occuper le siége archiepiscopal de Rouen, fit don à son église << cathédrale, d'une grosse cloche fondue en 1282, et qui fut appelée de « son nom, La Rigaud. Le prélat, ajoute-t-il, acheta une vigne, et en << appliqua le produit à faire boire ceux qui sonneraient la sudite cloche; de << là vint le proverbe boire à tire la Rigaud, ou boire comme un sonneur, etc.» Arch, du Rh. 1, 344.

Fit sur mon esprit

Uu éternel empreinte.

J'avois douze ans quand je soutins,

En forme de logique,

Sur la différence des vins,

Une thèse bachique.

Monté sur un banc

Fier comme Artaban,

Je poussai bien ma pointe.
Mon père, etc.

A présent que je suis docteur,
Messieurs, venez m'entendre;
Bien mieux qu'un autre professeur,
Je saurai vous apprendre
Qu'il faut nuit et jour
Boire, plein d'amour,

A la santé d'Aminte.
Mon père, etc.

Mais il est temps de revenir à nos deux translateurs du traité de la Consolation, dont il nous reste peu de chose à dire. Rien ne montre quel est celui à qui appartient l'honneur d'avoir été le premier. Il nous paraît certain, d'après l'examen le plus attentif auquel nous nous sommes livré, que ni l'un ni l'autre ne se sont copiés, bien que leurs versions commencent par les mêmes mots (1). Gabriel

(1) Première phrase de du Troncy, «Combien que les sages défendent de bailler remede aux recentes maladies: et qu'il n'aduienne aucune chose sinistre aux hommes durant la vie qui ne semble estre ou inopinée ou non attendue, si est-ce pourtant que nous nous devons efforcer par quelque moyen que ce soit de nous guerir nous-mesmes, et subuenir à notre affliction particulière et domestique. Car, etc. Première phrase de G. Pot: « Combien que les sages defendent de donner soudain remede aux maladies survenues de nouveau, et que nul malencontre n'a coustume d'escheoir aux hommes en leur vie qui semble venir à despourueu et non attendu: toutefois tas

Pot a mis sur le titre de la sienne, la date du jour et de l'année. Du Troncy qui s'est borné au millésime, nous dit dans sa dédicace que le texte de la Consolation qu'il regardait avec raison comme un ouvrage apocryphe, lui a été envoyé de Venise, depuis peu de jours, par un monsieur Bernard, conseiller en la cour de Parlement; un peu plus loin il dit que Mandelot, connu de chacun pour très-constant et très-magnanime en toutes ses actions, fait peu de compte " de la très-dangereuse blessure qu'il a receue à l'expugnation de La Mure, pour lors occupée et défendue par les rebelles à sa magesté, etc. » Chorier, Hist. du Dauphiné, II, 703, parle du siége de La Mure; il place Mandelot parmi les assiégeants, mais il ne dit pas qu'il y fut blessé. Ce siége eut lieu, je crois, en 1580. Enfin du Troncy rappelle la mort du fils de Mandelot, mais il ne donne pas la date de cette mort. On ne peut rien conclure de tous ces faits, et, pour en finir, nous dirons que nous sommes porté à croire que les deux versions virent le jour en même temps.

ANECDOTE SUR DUVIQUET. – Dans un article sur le tome LXIII de la Biographie universelle de Michaud, article signé F. F., le Journal de Paris contenait, au mois d'août dernier, l'anecdote suivante :

« Je ne prétends nullement justifier feu Duviquet des reproches qu'on peut lui faire au sujet de son entrée à la Commission temporaire de Lyon; mais est-il bien vrai

chons si faire le pouuons par aucune maniere de nous medeciner nous mesmes, et subuenir à la misere de nostre maison. Car, etc. >>>

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