tres sires a fayt a una persona que yo coneisso non a pas mout une épître à son aumônier; nous en devons la communication à M. Ducoin, bibliothécaire de la ville de Grenoble, qui nous écrit en nous l'adressant : « J'ai copié le patois tel qu'il est « dans notre manuscrit que toutefois j'ai lieu de regarder com« me assez peu exact: en effet l'orthographe y varie souvent, « même dans une seule page. Je me suis conformé servile«ment à ces variations dont je ne me suis éloigné que dans << un seul cas: Ie ( ego) est écrit, dans le manuscrit, tantôt io, tantôt ie; j'ai constamment écrit io (1). · "A son tres chier frere et tres ame pere en Dieu sa poure suers salut et perdurabla amour en celui de la cui bonte vivont les saintes armes qui sont ou ciel. « Tres chier frere, vos mavey mande que io vos mandasse quale emenda vos ferey de ço que vos avez mefayt a nostrum doux creatour. Mays io ne say pas bien coment io les vos mande; quar io les vos saroy trop miuz dire de bochi que ne saroy escrire. Totes fois io vos manderay come la persona qui soyt el mundo qui plus vos aymet en Dieu, si como io croy la fayt per nos quant io soy que vos n'entendiez mie bien. ceste chose, io me mis a fayre ainsi come il memes mensigna. Quant vint lo ior de la nativité Jesus-Crit, io pris cel glorioux enfant entres mes bras espiritualement. Aynsi io le portoie et lenbraçoe tendrement entre les bras de mon cuer des leure de matines tanques apres tyerci. Apres io maloe un po (1) A cette lettre est jointe, dans le manuscrit de Grenoble, la traduction suivante qui, ce nous semble, aurait pu être un peu plus fidèle, et dont l'auteur ne s'est pas fait connaître : « A son très-cher frère et bien aimé père en Dieu, sa pauvre sœur, salut et amour sans fin, en celui de la bonté duquel vivent les ames bienheureuses qui sont dans le ciel. « Très-cher frère, vous m'avez écrit que je vous fisse savoir quelle pénitence il vous conviendroit faire pour les offenses que vous avez commises contre votre bon Dieu et créateur. Mais je ne sais comment vous le pouvoir ebatre et pensoye a ordener les besoinnes de quoi mes chailis cuers est encombrez. A loure de medis io pensoie coment mes douz sires fut tormentez pour nos pechiez et pendus tos mid en la croys entre dos larons. Quant io me pensoye que la tres mauvaisy compagnya s'estoyt departia de lui, io me traiot ver lui ageant reverenci, et le declaveloye, et puis le charioye sus mes espaules, et puis le descendoye de la crois, et le metoye entre les bras de mon cuer, et mestoict semblay que io les portoye a tant legierement come se fut de un ant. Se io vos disoye lautre grant consolacion que io sentoye de lui, a peyne les porrez vos entendre. Le soyr quant io malavo gisio, io lo metoie en mon liet espiritualment et baysoie ses teindres mans et ces benois piez qui ensi durament furont percia per nos pechiez et poys mabessoye sus ces glorioux flan qui mander; car je le saurois beaucoup mieux dire de bouche que de vous le faire entendre par écrit. Etant toutefois la personne qui vous aime le plus selon Dieu, et croyant le même de vous en mon endroit, je vous écrirai simplement ce que moi-même j'ai pratiqué, et ce que Dieu même par sa bonté a daigné m'enseigner. ་་ « Le jour arrivé de la Nativité de notre Seigneur Jésus-Christ, je pris spirituellement entre mes bras ce glorieux enfant, et le portois comme cela dès l'heure de matines jusques à tierce, et l'embrassois tendrement avec les bras de mon cœur. Après je m'allois un peu divertir, et pensois comme je pourrois bien régler et disposer les affaires dont mon pauvre cœur étoit accablé. A l'heure de midi, je considérois comme mon bon Sauveur fut cruellement tourmenté pour nos péchés, et pendu tout nu à la croix entre deux larrons. Après, comme je reconnoissois la compagnie très-méchante de ses ennemis s'être retirée d'auprès de lui, aussitôt je le chargeois sur mes épau les, et le descendois de sa croix. Cela fait, je le recevois entre les bras de mon cœur, et me semblois aussi léger en le portant que s'il n'eut eu qu'un an. Peut-être que si je vous racontois une autre consolation fort particulière que je ressentois pour lors, à peine la pourriez-vous entendre. Le soir venant que je me couchois, je le mettois spirituellement sur mon lit: là, je baisois ses tendres mains et ses bénits pieds, lesquels pour nos péchés furent si cruellement percés. Après je m'attachois fortement à son glorieux côté qui avoit été navré si inhumainement pour moi, et là, je me recommandois à mon si cruelment fut navrez per moy, et ilicques io me recomandoye a mon frere et li quæroye pardon de nos pechiez, et ensi me reposoye tanque a la purificacion Nostre-Dame. Se nostri sires vos donoy graci de ço faire, io croy quiel les prendit en gra plus de vos que de moy. Io ne vos ay pas puit escrire tot ço que io voudroye, quar io nestoye pas bien asye descrire. >> Ces fragments nous font désirer que l'on publie, quelque jour, tout ce qu'il y a de plus curieux dans les manuscrits de Marguerite de Duyn, comme dans plusieurs autres manuscrits. Les études archéologiques y gagneraient, et les premiers âges de notre langue seraient aussi mieux connus. Rattachés à cette pensée, les fragments que nous donnons ici, nous paraissent bien avoir leur valeur et leur sens. *** cher frère, lui demandant pardon de mes péchés, et ainsi je reposois jusques à l'heure de matines, et continuois cet exercice depuis le jour de la Nativité jusques à la Purification de la sainte Vierge. Que si notre Seigneur vous inspiroit de pratiquer ceci, je suis bien assurée qu'il l'auroit plus agréable venant de vous que non pas de moi. Je ne vous ai pu écrire tout ce que j'eusse bien désiré; car je n'étois pas en disposition d'écrire. » SOUVENIRS DU FOREZ A LYON. A monsieur A. P. (CORRESPONdange). Je ne connais guère Lyon, et pas du tout, je l'avoue, la rue du Petit-Forez; mais il me semble qu'il y aurait peut-être une autre étymologie à donner sur le nom de cette rue. M. Breghot dit que ce nom lui vient d'un Jean de Forez, « riche citoyen de la ville de Lyon, qui y avait sa demeure au quatorzième siècle. » L'explication ne me satisfait pas entièrement. Exista-t-il jamais une autre famille de Forez que celle de nos comtes? Avez-vous vu paraître dans les annales propres de votre ville une famille de ce nom? je ne le pense pas. En conséquence, il m'a semblé qu'il était permis de croire, jusqu'à preuve du contraire, que ce Jean de Forez, dont parle M. Breghot, ne fut autre que notre célèbre comte Jean, qui vivait, en effet, au commencement du quatorzième siècle, et qui certainement dut avoir à Lyon un Hostel de Fourez, comme il en avait un à Paris, au bas de la rue de la Harpe (en 1320). Celle supposition n'a rien d'étrange: Lyon était alors un centre fort important pour une partie de la France, et la proximité, je dirais même la parenté de nos deux provinces (car ne sont-elles pas toutes deux Ségusiennes? ne furentelles pas long-temps administrées par les mêmes princes?) l'y appelait fréquemment. Aussi voit-on qu'il fut chargé de la |