garde du conclave qui élut dans votre ville le pape Léon XXII. Je tiens d'autant plus à cette version, qu'elle donne l'explication la plus naturelle de l'adjonction du mot petit, et voici comment: ce lieu était sans doute le rendez-vous de tous les Foréziens qui venaient à Lyon, et on aura dit que c'était un petit Forez, comme on dit encore; cette ville est un petit Paris. Il y a aussi à Paris une rue de Forez; mais elle ne date que de Henri IV. Ce prince avait projeté d'établir dans le Marais une vaste place qui se serait appelée France; huit grandes rues, y aboutissant, auraient porté les noms des huit principales provinces du royaume, et toutes les rues transversales auraient reçu les noms des provinces d'un rang inférieur. Les troubles empêchèrent la réalisation de cette grandiose conception, digne du génie de Napoléon; mais les rues qui furent ensuite irrégulièrement percées sur cet emplacement n'en portèrent pas moins des noms de province. Un grand désordre a présidé à leur distribution, néammoins le Forez et le Beaujolais se touchent encore là. Le Lyonnais n'y est pas représenté, et le Forez l'est si médiocrement que je n'ai pu trouver à me loger dans la rue qui porte son nom. En second lieu, l'étymologie que M. Breghot donne du nom de l'hôtel de Roanne me paraît aussi fort attaquable, car je doute encore de l'existence des comtes de Roannais, malgré ce que j'ai dû en dire dans mon livre, d'après De la Mure, n'ayant eu jusqu'ici en ma possession aucune pièce probante. J'ai bien, il est vrai, sur ce sujet, quelques documents qui pourront éclaircir cette question s'il m'est donné de pouvoir un jour la traiter; mais il serait inutile de l'entreprendre dans une lettre qui sera toujours assez longue. Je viens de suite au fait qui m'a frappé dans cet article. Aurait-on formé le dessein de donner un nouveau nom à l'édifice qui est en construction sur l'emplacement de l'hôtel de Roanne? M. Breghot le fait pressentir. Comme historien, comme chroniqueur, j'en serais désolé et je plaindrais la ville de Lyon si elle était capable d'un pareil acte de vandalisme! Pourquoi débaptiser ce lieu? Ce nom est-il ignoble ou indigne d'une grande cité? il rappelle au contraire une alliance qui ne peut que l'honorer. Si vous aviez encore des échevins, je leur crierais: Prenez garde! si Lyon n'est plus la seconde ville du royaume, la capitale du midi, c'est qu'elle a trop négligé son histoire, qui est si belle et si noble; c'est qu'elle semble avoir hâte de rompre ellemême les liens de parenté qui l'unissent aux provinces voisines. Eh! de quel droit une mère qui renierait ses enfants viendrait-elle ensuite réclamer d'eux respect et déférence. Craignez-vous de conserver trop long-temps le peu de centralisation qui vous reste; ne vous rappelez-vous plus de l'éternelle confraternité des Foréziens; n'ont-ils pas assez souvent mélé leur sang au vôtre, comme pour prouver qu'il venait d'une mêmǝ source. Mais que je suis fou de vous rappeler ces choses là, à vous, le chroniqueur lyonnais, comme si vous n'en sentiez pas mieux que moi la portée. En troisième lieu, j'aurais désiré trouver dans le Dictionnaire de M. Breghot, une petite mention de l'Hôtel du Gouvernement qui existe encore, n'eut-elle pas été plus longue que la notice qui y est consacrée au Change, car c'est aussi un édifice public. Quant à moi, je lui portai toujours une grande vénération : c'est là que je débarquai dans votre ville pour la première fois, etje me doutais que c'avait été la demeure de nos gouverneurs du Lyonnais, Forez et Beaujolais. J'étudiai ses appartements, ses escaliers, ses trois issues, ses petites cours, ses appartements cachés et ses moulures en pierre; et depuis, à chaque voyage que j'ai fait à Lyon, je suis toujours descendu à cet hôtel (il a conservé ce nom un peu fastueux peut-être pour une modeste hôtellerie ), en dépit des incommodités du lieu et du service. C'est que, nulle part ailleurs, je n'aurais été aussi bien pour penser à l'histoire. Nos Montbrisonnais, qui presque tous descendent aussi là, ne s'inquiètent guère s'ils couchent dans les salles où brillait jadis la sémillante cour du duc de Nemours. A. BERNARD jeune. Jeune Branche, et pourtant plié dans son linceul Entre l'azur du ciel et nos plaines en deuil, Une heure de soleil, le bleu de l'horizon, Vous ont fait croire, hélas, que la belle saison Parfois l'hiver stérile a des soleils trompeurs Mais il ne peut mûrir une seule des fleurs Après ce doux rayon qui brille avec amour Pour fixer le printemps il faut plus d'un beau jour Ne laissez pas jaillir tous vos bourgeons vermeils Pour la saison féconde et pour les vrais soleils L'hiver va de vos fleurs ternir la pureté, Leurs calices fondront,comme ferait l'été, Puis, quand le jour luira, qui doit tout ranimer Il usera sur vous, sans rien faire germer, Alors tout sous le ciel, tout sera réveillé, Lèveront au grand air leur ébéne émaillé Et le soleil viendra peindre leur front charmant, Et le vent les fera pencher languissamment Les coteaux rougiront, les sillons bigarrés Tous les arbres des bois, tous les gazons des prés Partout des bruits joyeux, du miel dans chaque fleur, Mais vous, dans ce concert, sans voix et sans couleur, Serez honteuse et nue. Jamais d'oiseau chanteur sur vous n'aura guetté L'insecte qui bourdonne, Vous ne donnerez pas de verdure à l'été Ni de fruits à l'automne. Un jour vous a tout pris, ses rayons déjà morts Brillaient pour vous séduire; Et vous avez perdu tous vos jeunes trésors Joués sur un sourire! V. R. L. LE LOCATAIRE. AIR: Ah! daignez m'épargner le reste. Eh! bonjour, mon nouveau voisin ! Saint-Jean d'été, faute d'argent, Sous ma besace et mon manteau, (bis) |