ments accumulés d'hommes et d'animaux, des tertres et des excavations artificielles. Il en est résulté que les traditions locales ont dû appliquer le souvenir de la bataille à plusieurs cantons différents; de là plusieurs noms attribués à ce mémorable fait d'armes. - Ce qui prouve encore que cette bataille a eu plusieurs ramifications hors de ce grand espace du Delta que nous avons indiqué, c'est que l'on a trouvé, il y a quelques années, dans le Dauphiné, à Mézieux, une énorme masse de monnaies d'Albin, toutes à fleur de coin, portant ces mots : Fides legionum, légende souvent adoptée pour flatter le soldat en même temps qu'on cherchait à le gagner par des largesses. Ce trésor dut être enfoui au moment de la dispersion ou du massacre de la cohorte fugitive préposée à sa garde (1). Un autre monument atteste la victoire et le séjour de Sévère, c'est un autel dédié par Pompeianus, tribun militaire, aux déesses ausoniennes pour le salut de Sévère et de ses fils, il supportait (2), il n'y a pas long temps encore, un misérable hangard dans le domaine de Royes, près de Fontaine. Une opinion fait commencer le combat près de Tournus, et le fait finir dans la plaine de Sinfond (3), au-delà du Rhône; elle ne mérite même pas la discussion. Le P. Chifflet, qui a fait une histoire de Tournu, dit lui-même que les environs de cette ville, de l'un et de l'autre côté de la Saône, ne sont pas propres pour une bataille comme cellelà (4). Hérodien, Xiphilin, Spartien, Dion, Cassius, Aurelius-Victor, Capitolinus, etc., disent tous que ni Albin, ni Sévère ne passèrent le Rhône, et ils n'auraient pas manqué de parler des ponts jetés pour le passage d'aussi fortes ar (1) On n'avait presque pas de médaille d'Albin jusqu'alors. Pic, Ath., 4o 1. (2) Spon, Antiquités de Lyon, p. 11, 12, 13. (3) Guillaume de Paradin, doyen de Beaujeu, Hist. de Lyon, veut qu'elle ait été livrée à Saint-Just; Claude Rubis, Hist. de Lyon, veut que ce soit à la plaine de Sinfond. Ménestrier les combat sans réplique. (4) Hist. de Tournu, par le P. Chifflet, p. 10, ch. 2. mées. Puis ce Sinfond peut-il venir du latin sanguinem fundere? dans les anciens actes, n'est-il pas nommé à fontibus, et le P. Ménestrier, historien de Lyon, ne lui donne-t-il pas une étymologie plus plausible, sinè fundis, sans fonds, parce que ces champs qui avaient appartenu aux Allobroges n'avaient point été divisés aux soldats romains. - Quant au village d'Albigny, une inscription sur marbre trouvée en cet endroit, et qui remercie Jupiter d'une victoire d'Albin contre Sévère, probablement celle contre Lupus, prouve encore les fluctuations de la fortune entre les deux généraux, et en même temps le séjour d'Albin dans cette ville (1). - Un autel déterré en 1780 près des Terreaux porte aussi une inscription relative aux suites de la victoire de Sévère et à la soumission de la province lyonnaise (2). Quant à la mort d'Albin, elle est constatée par un marbre dont le bénédictin Bernard de Montfalcon nous a transmis la gravure (3). Ce marbre représente des soldats qui apportent le corps d'Albin; Sévère est assis, il étend la main, et semble donner l'ordre de trancher (1) Hist. de l'Académie des Inscriptions, vol. 1, p. 212; Dict, encyclop., vol. 2, p. 27. (2) Voici sa traduction: Au bon esprit, au retour de la fortune, la première étant conquise et soumise, Titus Flavius Secundus Philipianus clarissime, lieutenant des trois Augustes dans la province lyonnaise, commandant des légions, première minervienne et quatorzième geminée, admis au rang des prêteurs, des tribuns, des questeurs, tribun militaire de la légion septième geminée, avec Julia Népotille, son épouse clarissime, et avec Titus Flavius Victorinus clarissime, jeune homme, tribun militaire de la légion cinquième macédonienne, et avec Titus Flavius Aristus Uspianus, enfant clarissime, adjoint aux familles patriciennes, a élevé et consacré cet autel. Mémoire lu, en 1805, à la 3o classe de l'Institut, par Antoine Monger, de Lyon. Cette inscription taurobolique rapportée par Millin (Voyage dans le midi de la France), se trouve au palais Saint-Pierre, no XXV. C'est un vœu fait pour les armes de Sévère. (3) Antiquités expliqués, t. XIV, p. 41. la tête d'Albin; un soldat soulève une pierre sur laquelle sont gravées ces lettres : S. T. G. M. qu'on pourrait expliquer par la septième géminée, nom d'une des légions dévouées à Sévère. Nous ne parlerons pas de l'opinion de Paradin, qui veut que notre bataille ait eu lieu près de Saint-Just, tout la contredit (1). Nous aurions pu ajouter à toutes nos étymologies celle de Lesieu, village derrière la droite de Sévère, dont le nom vient de lædere, blesser; Fleurieux, de flere, pleurer, dégoutter, etc. Presque tous les villages en ieu dérivent du latin. Mais nous nous arrêtons, craignant d'avoir poussé trop loin ces sèches investigations, fatigantes peut-être pour le lecteur. J. BORDES DE PARFONDRY. (1) Quant à Brossette, Hist. abrégée de Lyon; Spon, Antiquités de Lyon; Tillemont, Hist. des Emper.; la Biogr. univ.; Poulin de Lumina, dans son Abrégé chronol. de l'Hist. de Lyon; le P. Colonia, dans les Antiquités de la ville de Lyon, et les autres, ne disent pas un mot de l'emplacement. Paradin, Hist. de Lyon, est pour Saint-Just; Rubys, Hist. de Lyon. est pour Sinfond; Jean de Saint-Aubin, jésuite, Hist. de Lyon, est pour Tournu. A MA FILLE. Sais-tu pourquoi ma rêverie, Appelait un fils de ses vœux ? C'est que sur la terre où nous sommes De tes sœurs femme en chrysalide, La seule patrie est le ciel, Où tout est rose, où tout est miel: Tout n'est qu'une amère ironie : Voilà pourquoi ma rêverie, Au lieu de toi, fille chérie, Léon BOITEL. Académie de Lyon. SEANCES PARTICULIERES. La séance publique dans laquelle M. Sauzet, ainsi que nous l'avions annoncé, devait improviser son discours de réception sur le danger de l'improvisation, n'a pas eu lieu. Notre attente a été trompée. L'homme politique l'a emporté sur l'homme de lettres, et le dernier s'est tû pour ne pas compromettre peut-être la position du premier. L'ouverture prochaine de la session est venu du reste appeler à d'autres travaux notre député académicien. M. Fulchiron a donné communication à ses collègues de quelques fragments de son voyage en Italie. Les sites volcaniques du royaume de Naples, qu'il a explorés, lui ont fourni des observations qui ne manquent pas d'intérêt, et la description qu'il a faite d'Herculanum et de Pompeï présente encore, dit-on, dans un sujet si souvent traité, un aliment nouveau à la curiosité. Un rapport de M. Grandperret sur un mémoire de M. Guerre intitulé: Considérations sur les étangs de la Bresse, a appelé l'attention de l'Académie sur les trois questions d'économie politique, d'économie agronomique et de salubrité, savamment traitées par l'auteur du mémoire. Il résulte de l'ouvrage de M. Guerre, que la suppression des étangs de la Bresse bien loin d'être utile au pays, lui serait funeste sous les rap |