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par ceux que Gacon nous présente dans ses lettres inédites. BROSSETTE A ROUSSEAU. Mai 1718. « ..... La ville de Lyon a fait ériger une statue équestre à Louis-le-Grand. On travaille au piédestal, qui est de marbre blanc, accompagné des figures du Rhône et de la Saône, et d'autres ornements en bronze. Ce monument sera, sans contredit, le plus beau et le plus magnifique qui soit dans l'Europe, sans excepter même Paris. Il y a quatre tables pour autant d'inscriptions qu'on a dessein d'y graver. Quelques personnes ont proposé des inscriptions en latin et en français. Tout nouvellement j'ai reçu une inscription du P. Vanière, jésuite de Toulouse, poète célèbre, qui a demeuré à Lyon pendant quelque temps, et qui est fort de mes amis.... (1). »

Nous avons déjà rapporté l'inscription du P. Vanière; elle ne fut pas adoptée. Revenons à la correspondance :

ROUSSEAU A BROSSETTE. 15 juillet 1718..... « Je sais le meilleur gré du monde à la ville de Lyon des sentiments qu'elle fait paraître pour un grand roi, que tant de lâches courtisans, comblés de ses grâces, ont accablé d'ingratitude après sa mort..... Les vers que vous m'avez envoyés pour servir d'inscription à la statue que notre ville lui a fait ériger sont fort justes; mais, à mon avis, il ne faudrait point d'inscription en vers à un monument aussi grave que celui dont vous me parlez. La même chose qui est exprimée dans ceux du P. Vanière, mise dans le style lapidaire le plus simple, serait infiniment plus noble et plus conforme au bon goût de l'antiquité. Toutes ces inscriptions en vers sont un reste du mauvais goût gothique, qui ne subsiste plus que dans les vieux charniers; et, puisque vous avez une académie à Lyon, il est de son intérêt d'empêcher qu'il ne se renouvelle sous ses yeux. Il est vrai qu'on a chamarré de vers tout le piedestal de la statue qui est à la place des Victoires; mais vous savez aussi que ces vers ont été sifflés de tout le monde, non pour

(1) Lettres de Rousseau sur différents sujets, t. vi, p. 251.

être mauvais, mais pour être hors de place. Laissons donc toutes ces épigraphes aux fontaines et aux autres monuments de moindre conséquence; c'est une tolérance que les Romains, qui faisaient mieux les vers que nous, n'ont jamais eue pour leurs poètes. Mais il faut bien accorder quelque chose aux nôtres, pour ne les point mettre de mauvaise humeur.... (1). '»

BROSSETTE A ROUSSEAU. 8 novembre 1718. « .... Le superbe monument que la ville de Lyon a fait ériger à la gloire de Louis XIV est presque achevé, et je crois que, l'année prochaine, on gravera les inscriptions sur les tables d'attente. Mais ces heureuses inscriptions ne sont pas encore faites; du moins, il n'y a rien de décidé sur le choix de celles qu'on a proposées. A la fin de ma lettre j'en transcrirai quelques-unes, afin que vous en puissiez juger (2). Ce que vous me mandez à ce sujet est fondé sur la plus solide raison, et conforme au goût simple et noble de l'antiquité. Point d'inscriptions en vers pour un monument tel que celui-là. L'article de votre lettre où vous en jugez ainsi, a fait revenir quelques personnes qui étaient indéterminées sur la préférence de la prose ou des vers....(3). »

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ROUSSEAU A Brossette. 24 décembre 1718. «< De toutes les inscriptions que vous m'avez envoyées pour le piédestal de la statue de Louis XIV', je vous dirai franchement que les quatre premières, qui sont écrites dans la première page, sont les seules qui me paraissent dignes d'un monument de cette importance. Je ne sais même si on pourrait en faire quatre autres qui fussent aussi bonnes. Elles sont véritablement dans le goût antique, et elles désignent ce qu'il y a de plus considérable dans la vie de ce grand roi. Pour les vers,

(1) T. u, p. 258-260.

(2) L'éditeur n'a pas jugé à propos de faire imprimer les projets d'inscription qui, d'après ce passage, devaient se trouver à la fin de la lettre de Brossette. (3) T. 11, p. 264-265.

c'est une petite allusion plus spirituelle que noble, aussi bien que le Galliæ a Deo datus Galliam Deo reddidit. Cela serait trouvé beau en Allemagne, où ces jeux d'esprit sont recherchés ; mais cela ne vaut rien en France, à la vue d'une académie comme la vôtre. Les autres inscriptions latines ne disent presque rien, et celle de la quatrième page ferait croire que le maréchal de Villeroy a oublié les bienfaits de Louis XIV, et ne se souvient que de ses vertus. Je conclus donc en faveur des quatre premières; mais il est bon de vous avertir que je ne prends cette conclusion que comme simple avocat, et nullement en qualité de juge.... (1).

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Parmi un

BROSSETTE A ROUSSEAU. 15 avril 1722. « grand nombre d'inscriptions qui ont été proposées pour être gravées sur les quatre faces du piedestal de la statue équestre érigée à Lyon, voici celles qui ont paru les meilleures :

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(1) Même tome, p. 273-274.

(2) Proposé par l'Académie. Voyez le procès-verbal déjà cité de la séance

du 29 mai 1742.

(5) Adopté par la ville. Voyez Archives, t. 11, p. 352.

(4) Adopté par la ville. L'Académie avait proposé : Religionís vindici.

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« Les figures et les ornements qui sont placés dans les quatre tables du piédestal en cachent une partie, et ne laissent pas de place pour des inscriptions plus étendues que celles de la première colonne. On trouve trois défauts dans les inscriptions de la seconde colonne. Le premier est que ce sont plutôt des légendes de médailles que des inscriptions pour un monument aussi grand, aussi superbe, aussi auguste que celui dont il s'agit. Le second défaut est que ces inscriptions ne disent rien de nouveau, et le troisième est qu'elles ne font aucune mention du monument, ni des personnes qui l'ont érigé, ni

(1) L'Académie avait proposé pour la quatrième face :

PVBLICE FELICITATIS AVCTORI

VILLAREGIVS PROREX

MERCATORVM PRÆFECTVS

CONSVLES ET CIVES LVCDVNENSES

POSVERE

ANNO M. DGC XIII.

Mais la ville préféra :

BELLI ET PACIS

ARBITRO.

(2) Proposé par l'Académie et adopté par la ville.

(3) Voyez la note précédente.

du lieu même où il a été érigé. Apprenez-moi un peu ce que vous pensez de tout cela (1).

Rousseau A BROSSETTE. 18 juin 1721. « ........ Je viens à vos inscriptions pour la statue de Louis-le-Grand. Il est fâcheux que, dans un monument élevé à la gloire d'un prince de cette réputation, on n'ait pas laissé assez de place pour parler d'une partie de ce qui caractérise son règne, et qu'on ait eu plus d'égard à la gloire du sculpteur qu'à celle du monarque. Je suis entièrement de votre avis sur celles de la seconde colonne, elles ressemblent plutôt à des légendes de médailles qu'à des inscriptions; elles ne disent rien que de vague, et n'apprennent rien de ceux qui ont érigé le monument, omission qui ne saurait être excusée par aucun exemple. Celles de la première colonne sont infiniment meilleures ; mais, pour en mieux juger, il faudrait savoir ce que les ornements du piédestal peuvent avoir de commun avec ce qui est écrit sur les faces. Si la chose est indifférente, il me semble que, comme cette statue a été faite l'année de la paix de Rastadt, qui fait le couronnement de la vie du roi, il vaudrait mieux parler d'un aussi grand dénoûment que de se contenter du lieu commun publicæ felicitatis auctori, qui a été dit cent fois, même des plus mauvais princes. Voici donc comme je voudrais tourner ces quatre petites inscriptions, eu égard au peu de place que laissent les faces du piédestal.

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