tat, et par la protection qu'elle accordait au mérite, à la vertu, aux arts et aux sciences. Voy. LÉONCE. Elle mourut en 453, à 56 ans. PULCI (LUIGI LE), célèbre poète italien, natif de Florence, mort vers 1487, est auteur d'un long poëme intitulé Morgante maggiore, où il allie le comique au sérieux. Les éditions les plus estimées de ce poëme du Morgante sont celles de Venise, 1494, 1545, 1574, in-4°; Paris, 1768, 3 vol in-12. Ce poëme, et ses stances à la villageoise in Lode della beca, ont fait sa r sa réputation; Opere poetiche, Firenze, 1582, in-40. C'est un des poetese italiens des plus estimés entre ceux qui ont paru avant l'Arioste. Quelques-uns le confondent avec Luc Pulci, dont nous avons deux poëmes assez rares: Il Driadeo, Florentia, 1479, in-4°; Il Ciriffo, Vinegia, 1518, ou Firenze, 1572, in-4°; Pistoie, 1510, in-40. PULLUS (ROBERT), célèbre théologien du douzième siècle, était Anglais. Il fit ses études à Paris avec distinction, et repassa en Angleterre vers 1130. 11 rétablit, trois ans après, l'académie d'Oxford, et fut pourvu de l'archidiaconé de Rochester. Quelque temps après, le pape Innocent II T'appela à Rome, où il fut fait cardinal et chancelier de l'église romaine par le pape Célestin II en 1144. Il mourut vers 1150. Don Mathoud, bénédictin, publia, en 1655, son livre des sentences, in-fol. PULSANO. Voyez JEAN DEMATERA. PULTENEY (GUILLAUME), né en 1682, descendait d'une des plus anciennes familles d'Angleterre. C'est un personnage intéressant pour les Anglais, à cause de son opposition perpétuelle au ministère de Valpole. Il entra dans le conseil privé en 1741, fut créé comte de Bath, et mourut le 8 juin 1764. PURBACH, PEURBACH ou BUR- BURBACH, Purbachius (GEORGES), cé lèbre mathématicien, au village de Purbach entre la Bavière et l'Autriche, le 13 mai 1423, se rendit très-habile dans les mathématiques, et enseigna la philosophie et la théologie à Vienne, où le cardinal Bessarion conçut tant d'estime pour lui, qu'il l'emmena en Italie pour lui faire apprendre la langue grecque. Purbach, de retour à Vienne, y mourut subitement le 8 avril 1461, à 38 ans. Il avait travaillé sur l'Almageste de Ptolémée, et composé quelques ouvrages, dont Regiomatan a fait imprimer une partie. PURCEL (HENRI), musicien anglais, né en 1658, passe pour le fondateur de la musique anglaise; car les Anglais prétendent aussi à une musique nationale: elle est entée sur l'ancienne mélodie des Celtes et sur les vaudevilles écossais, accommodés au goût italien. Il est auteur de la musique de l'opéra d'Arthur, de Dryden, de celle de Dioclétien. Depuis Purcel la musique anglaise a souffert bien des changemens, comme elle en éprouve ailleurs; car le beau, trop souvent répété, ennuie; il faut des idées de fantaisie pour ranimer l'attention. Purcel est mort le 21 novembre 1695. PURCHAS (SAMUEL), théologien anglais et grand compilateur de voyages, était né à Thaxstead en Essex en 1577. Sa Collection de voyages, dont le premier volume parut en 1613, et le second en 1625, in-fol., l'endetta; il mourut en prison en 1628. PURE (MICHEL, abbé de), laborieux écrivain français, mort en 1680, est auteur de quelques pièces de théâtre qui ne sont pas estimées. Il a aussi traduit en français les Institutions de Quintilien, 1663, in-4°; l'Histoire des Indes orientales de Maffée, 1665, in-4°; et l'Histoire africaine de J. B. Birago, 1666, in-12. PUTEANUS. Voyez les articles PUY. PUTSCHIUS (ELIE), jeune homme très-habile, naquit à Anvers le 6 novembre 1580, d'une famille originaire d'Augsbourg. Il n'avait que 21ans lorsqu'il mit au jour Salluste', avec des fragmens et de bonnes notes. Il donna ensuite in recueil de 33 anciens grammairiens, avec des notes, Hanoviæ, 1605, in-4°, et il préparait d'autres ouvrages, lorsqu'il mourut à Stade le 9 mars 1606, à 26 ans. PUY (RAYMOND DU), gentilhomme du Dauphiné, succéda à Gérard, rec teur de Phôpital de Saint-Jean de Jérusalem, et prit le nom de grandmaître de l'ordre, qu'il partagea en chevaliers, servans d'armes et chapelains. Il aida Baudouin à la conquête d'Ascalon; il fit de nouvelles constitutions pour son ordre, qui furent cons On a publié depuis sa mort un Traité des accouchemens, 1759, in-4°. M. Morisot Deslandes l'a publié sur des notes informes que M. Puzoz avait laissées; mais ce livre n'a pas répondu à sa réputation. PYGMALION ou PIGMALION, fameux roi de Tyr, vers l'an goo avant J.-C., régna conjointement avec sa sœur Elise, plus connue sous le nom de Didon. Cette princesse épousa Sichée, autrement Hiarbas ou Sicharbas son oncle, lequel avait de grands trésors. Pygmalion, prince avare et cruel, en étant averti, le fit mourir; ce qui obligea Didon de fuir et de se sauver en Afrique, emportant avec elle les trésors de son époux. Elle y bâtit Carthage vers l'an 882 avant J.-C. Astébé, femme de Pygmalion, aussi cruelle que lui, l'empoisonna; et voyant qu'il ne mourait pas assez tôt, elle l'étrangla. Plusieurs autres l'ont confondu avec un autre prince du même nom, qui vivait avant la guerre de Troie, et qui, selon la fable, devint amoureux d'unestatue que Vénus anima pour contenter ses désirs, et dont il eut Paphus. PYLADE. Voyez ORESTE. PYLADE, célèbre pantomime, natif de Cilicie, parut à Rome du temps d'Auguste. Il fit une troupe à part, et il inventa une danse où, par des gestes ingénieux et par les divers mouvemens du corps, des doigts et des yeux, les acteurs exprimaient admirablement, sans parler, les sujets comiques ou satyriques. Pylade excellait surtout dans les sujets tragiques, graves et sérieux. Il s'éleva entre lui et Hyllus son disciple une dispute en présence du peuple romain, pour savoir qu qui des deux rep représenterait mieux la grandeur d'Agamemnon. Hyllus, pour exprimer cette grandeur, s'éleva sur ses pieds; mais Pylade lui cria: « Tu le fais long, et non pas grand. >> Pour lui, il représenta Agamemnon rêveur, pensif, et tout occupé du bien et du bonheur de ses sujets, en quoi consiste la véritable grandeur d'un prince. Voyez BATHYLLE. PYLE (THOMAS), né à Stodey en Norfolk en 1674, fut curé de Lings Lynn, jusqu'à sa mort, en 1757. On a de lui des Sermons, des Paraphrases sar les Actes, les Épitres et l'Apocalypse. , fameux PYRAME, Babylonion dans la fable, à cause de la passion qu'il eut pour une jeune fille nommée Thysbé. Voyez le quatrième livre des Métamorphoses d'Ovide. PYRGOTELES, célèbre graveur grec, vivait du temps d'Alexandre-leGrand et avait seul le droit de graver ce fameux conquérant. Ses gravures en creux passaient pour des chefsd'œuvre. PYRRHA. Voyez. DEUCALION. PYRRHON N, fameux philosophe grec, natif d'Elide au Péloponèse, et chef de la secte des Septiques ou Pyrrhoniens, fut disciple d'Anaxarque et l'accompagna jusqu'aux Indes. Il avait exercé la profession de peintre avant que de s'attacher à l'étude de la philosophie. Ses sentimens ne différaient guère des opinions d'Arcésilas; car peu s'en fallait qu'il ne soutint, comme lui, l'incompréhensibilité de toutes choses. Il trouvait partout des raisons d'affirmer et des raisons de nier; et après avoir bien examiné le pour et le contre, il suspendait son consentement, et se réduisait à dire que la chose examinée n'était pas claire. Ainsi il cherchait toute sa vie la vérité, et ne voulait jamais tomber d'accord qu'il l'eût trouvée. C'est cet art de disputer sur toutes choses, sans prendre d'autre parti que de suspendre son jugement, que l'on appelle le pyrrhonisme; quoique Pyrrhon n'en soit pas l'inventeur, il le mit néanmoins tellement en vogue de son temps, que depuis il a porté son nom. Ce qu'Antigonus Carystius rapporte, que Pyrrhon allait toujours devant lui sans se détourner ni reculer, même à la rencontre d'un chariot ou d'un précipice, et que ses amis, qui le suivaient, lui sauvèrent souvent la vie, parait être un conte fait à plaisir; car il n'y a aucune vraisemblance qu'il ait été fou jusqu'à ce point. Quoi qu'il en soit, il est constant qu'il enseignait que l'honneur et l'infamie des actions, leur justice et leur injustice, dépendent uniquemeut des lois humaines et de la coutume; doctrine qui renverse les idées de la vertu et du vice. Son indifférence était si étonnante, qu'Anaxarque, son maitre, étant tombé dans un fossé, il passa outre sans daigner lui tendre la main. On dit cependant qu'il prit un jour la « fuite pour se garantir d'un chien qui le poursuivait; et comme on l'en raillait, ayant agi en cela contre ses principes: << 1l est difficile, répondit-il, de dépouiller entièrement l'homme. Pyrrhon soutenait que vivre et mourir était la même chose; sur quoi quelqu'un lui ayant dit : « Pourquoi donc ne mourez-vous pas? - C'est précisément, répondit-il, parce qu'il n'y a aucune différence entre la mort et la vie. >> Quand il parlait il se mettait peu en peine si on l'écoutait ou si on ne l'écoutait pas; et il continuait ses discours, quoique ses auditeurs s'en allassent. Il tenait ménage avec sa sœur, et partageait avec elle les plus petits soins domestiques. Il vivait du temps d'Epicure et de Théophraste, environ 300 ans avant J.-C., et mourut à go ans. On trouve sa vie dans Sextus Empiricus. PYRRHUS, fils d'Achille et de Déidamie, fille de Lycomède, roi de l'ile de Scyros, naquit dans cette île un peu avant la guerre de Troie, et y fut élevé jusqu'à la mort d'Achille. Alors Ulysse et Phénix furent envoyés par les Grecs vers Pyrrhus, pour l'emmener au siége de Troie, parce qu'on leur avait prédit que c'était le seul moyen de prendre cette fameuse ville. Pyrrhus y alla malgré sa grande jeunesse; ce qui lui fit donner le nom de Néoptolème, comme la couleur de ses cheveux l'avait fait appeler Pyrrhus. Il se montra digne du sang d'Achille; il fut, comme lui, brave, féroce et inhumain. Il combattit contre Eurypile, fils de Télèphe, et le tua. Cette victoire lui plut si fort, qu'il institua, à cette occasion, la danse qu'on nomma pyrrhique, dans laquelle les danseurs devaient être armés de toutes pièces. Il entra le premier dans le fameux cheval de bois; et la nuit de la prise de Troie, il fit un carnage épouvantable et massacra le roi Priam d'une manière barbare. Ce fut lui aussi qui précipita du haut d'une tour le petit Astianax, fils d'Hector, et qui immola Polyxène sur le tombeau d'Achille. Après le sac de Troie il eut Andromaque en partage, et il en fit sa femme ou sa concubine. Il alla ensuite en Epire, où il fonda un royaume. Quelquetemps après il épousa la belle Hermione, fille de Ménélas et d'Hélène, et fut tué dans le temple de Delphes, a la sollicitation d'Hermione, laquelle avait été promise en mariage à Oreste, avant que d'épouser Pyrrhus. Ce prince eut trois femmes, Hermione, dont il n'eut point d'enfans, Lassasse et Andromaque. C'est de lui et de ces deux dernières femmes que descendaient les rois qui possédèrent l'Epire jusqu'à Pyrrhus, roi des Epirotes, dont on va parler dans l'article suivant. PYRRHUS, roi des Epirotes, célèbre par ses guerres avec les Romains, et l'un des plus grands capitaines de l'antiquité, descendait du précédent. Il était fils d'Æacide et de Phthie, fils de Menon le Thessalien. Les Molosses ayant tué son père avec la plus grande partie de sa famille, il échappa au carnage, et fut mis sous la tutelle de Glaucias, roi d'Illyrie, qui le fit élever avec soin et le rétablit dans son royaume à l'âge de 12 ans. Cinq ans après il fut chassé de ses états par des seditieux, et se retira chez son beaufrère Démétrius. Il se trouva avec lui à la mémorable bataille d'Ipsus, 301 avant J.-C., où il donna des marques d'un courage héroïque. La paix élant faite entre Démétrius et Ptolémée, roi d'Egypte, Pyrrhus fut envoyé en otage à la cour de ce dernier prince. Son mérite y parut avec tant d'éclat, qu'on lui fit épouser Antigone, que Bérénice avait eue de son premier mari, avant que d'épouser Ptolémée. Ce mariage lui procura les secours dont il avait besoin pour rentrer dans son royaume. Il le partagea avec Néoptolème, qui l'avait usurpé; mais peu de temps après il se défit de cet usurpateur. Pyrrhus s'empara de la Macédoine 292 avant J.-C., et la partagea avec Lysimachus. Mais sept mois après les Macédoniens le chassèrent et ne voulurent reconnaître pour leur souverain que Lysimachus, qui était de leur nation. Les Tarentins l'appelèrent ensuite en Italie pour être leur général contre les Romains. Il y passa avec de bonnes troupes, et s'avança du côté d'Héraclée, où il offrit sa médiation au consul Lævinus; mais celui-ci lui répondit que les Romains ne voulaient point de son arbitrage et ne craignaient point son inimitié. Ainsi on en vint à une grande bataille, qui fut donnée sur le fleuve Syris. Pyrrhus la gagna par le moyen de ses éléphans; ce qui le rendit maitre de la campagne. Il s'avança ensuite jusqu'à sept lieues de Rome et ne put cependant ébranler la fermeté des Romains. Quelque temps après, voulant faire la paix, il envoya à Rome Cinéas, disciple de Démosthène, pour la leur proposer. Cinéas harangua le sénat avec beaucoup d'éloquence; mais on lui répondit que, si Pyrrhus souhaitait l'amitié du peuple romain, il ne devait en faire la proposition propos que quand il serait sorti d'Italie. Le consul Fabricius livra ensuite à ce prince son médecin, en lui donnant avis qu'il s'était offert de l'empoisonner. Pyrrhus entreprit de gagner Fabricius et de se l'attacher à force d'argent; mais celui-ci méprisa ses offres et lui dit : « Vous garderez, s'il vous plaît, vos richesses, et moi ma pauvreté et ma réputation. » Il se donna une seconde bataille près d'Ascoli, dans la Pouille, où la victoire fut balancée. Pyrrhus la gagna par le moyen de ses éléphans; mais son armée en fut tellement diminuée, que quand on voulut le féliciter, il répondit : « C'est fait de nous, si nous remportons encore une victoire. » Il continuait la guerre avec assez peu de succès, lorsque les Siciliens. l'appelèrent dans leur ile, pour les délivrer du joug des Carthaginois et de celui de plusieurs petits ty rans.Ily passa aussitôt, gagna deux batailles sur les Carthaginois, l'une en 277, et l'autre en 276 avant J.-C., et prix Eryx avec quelques autres places. Cependant l'insolence de ses troupes et son envie de dominer commencérent à le rendre odieux aux Siciliens. Sur ces entrefaites, les Tarentins le rappelèrent en Italie. Les Carthaginois défirentsaflotte dans le trajet, et après le débarquement, les Mamertins incommodèrent fort ses troupes. Enfin il se donna une troisième bataille entre lui et les Romains, 275 avant J.-C., dans laquelle il fut défait auprès de Bénévent, par le consul Curius Dentatus. Ce mauvais succès l'obligea de retourner en Epire, où ayant levé une nouvelle armée, il attaqua Antigone Gonatas, roi de Macédoine, le défit et lui ôta la meilleure partie de son royaume. Pyrrhus entra ensuite dans le Péloponèse, et ravagea le pays des Lacédémoniens, mais il fut obligé de lever le siége de devant Sparte. De là il prit la route d'Argos, où il s'était élevé une faction entre Aristias et Aristippe. Il fut introduit dans la ville par Aristias; mais il fallut se battre dans les rues avec les habitans et avec les troupes d'Antigone, qui soutenaient Aristippe. Pyrrhus fut assommé, dans cette conjoncture, d'un coup de tuile que lui jeta sur la tête une femme dont il voulait tuer le fils, l'an 272 avant J.-C. Il aurait été un grand capitaine, et fut un roi médiocre, n'ayant aucun but dans ses projetst. C'est à ce prince que plusieurs écrivains attribuent l'invention du jeu des échecs. Tout le monde sait la réponse sensée que lui fit Cinéas, lorsqu'il se proposait dese réjouir et de faire bonne chère après la conquête de l'univers : « Qui vous empêche de le -faire à présent? >>> PYTHAGORE, très-célèbre philosophe, et l'un des plus grands génies qui ait paru dans le monde, florissait du temps de Tarquin-le-Superbe, vers 540 avant J.-C., et non point du temps de Numa, comme plusieurs écrivains l'ont débité. On ne convient point du lieu de sa naissance; les uns le fond Sydonien, d'autres Syrien ou Céphalonien, etc. L'opinion la plus probable le fait naître dans l'ile de Samos. 11 exerça d'abord le métier d'athlète; mais ayant entendu Phérécide raisonner sur l'immortalité de l'âme, il fut si touché de ses leçons, qu'il se fit son disciple, et se livra tout entier à l'étude de la philosophie. II voyagea ensuite dans la Grèce, en Egypte, en Phénicie, dans la Chaldée, et en plusieurs autres pays, où il conversa avec les savans, et s'instruisit à fond de toutes leurs opinions. De retour à Samos, ne pouvant souffrir la tyrannie qu'on y exerçait, il alla enseigner en d'autres villes, et fut le premier des anciens qui, trouvant que le titre de sage, que l'on donnait ordinairement aux savans, était trop superbe et trop fastueux, se contenta de prendre celui de philosophe, c'est-à-dire d'amateur de la sagesse. Après avoir enseigné dans la Grèce, il se retira dans cette partie d'Italie qu'on appelait la grande Grèce, d'où sa secte prit le nom d'italique; il fit sa demeure ordinaire à Crotone, à Métaponte, à Tarente et dans les villes voisines. Soneloquence avait tant de force, qu'il porta par ses exhortations les habitans de Crotone à quitter la débauche pour vivre selon les règles de la vertu, et les dames à sacrifier leurs parures à la principale divinité du lieu. Il obtenait de ses disciples les choses du monde les plus difficiles à pratiquer, leur faisant subir un noviciat de silence qui durait au moins deux ans, et qu'il faisait durer au moins cinq années pour ceux qu'il jugeait les plus enclins à parler. Il les faisait vivre tous en commun: ils quittaient la propriété de leur patrimoine, et apportaient leurs biens aux pieds du maitre. L'un de ses principaux soins fut de corriger les abus qui se commettaient dans les mariages. Il voulait non-seulement que les maris renonçassent au concubinage, mais aussi qu'ils observassent les lois de la chasteté et de la pudeur envers leurs épouses. Il mit la police dans presque toutes les villes d'Italie, pacifia Hes guerres et les séditions intestines, et eut beaucoup de part au gouvernement de Crotone, de Métaponte, de Tarente, et des autres grandes villes, dont les magistrats étaient obligés de prendre et de suivre ses conseils. Il disait souvent qu'il ne fallait faire la guerre qu'à cinq choses, << aux maladies du corps, à l'ignorance de l'esprit, aux passions du cœur, aux séditions des villes et à la discorde des familles. Telles sont les cinq choses, s'écriait-il, qu'il faut combattre de toutes ses forces, même par le fer et par le feu. >> On dit que, pour donner du poids à ses exhortations, il s'enferma dans un lieu souterrain, où il demeura le temps qu'il jugea convenable, et que sa mère lui ayant communiqué en secret tout ce qui se pas sait pendant son absence, il sortit ensuite de ce lieu obscur avec un visage pále et tout défait; qu'il assembla le peuple, et qu'il assura qu'il venait des enfers. Pour le persuader, il récita tout ce qui s'était fait dans la ville, et fit gémir et pleurer tous les assistans, qui ne doutèrent plus que ce ne fût un homme divin. Quoi qu'il en soit de récit qui a tout l'air d'une fable, il est constant que Pythagore fit de trèsgrands biens par ses instructions politiques, et qu'il eut la gloire de former des disciples qui devinrent d'excellens législateurs, tels que Zaleucus, Cha T. IV. ce rondas et quelques autres. D'ailleurs Pythagore était très-habile, non-seulement en philosophie et en politique, mais aussi en astronomie, en géométrie, en arithmétique et en toutes les autres parties des mathématiques. C'est lui qui inventa cette fameuse démonstration du carré de l'hypothénuse, qui est d'un si grand usage dans tous les traités de mathématiques. On dit qu'il en sentit lui-même tellement l'utilité qu'il immola à Dieu par reconnaissance un hécatombe de cent bœufs. Apparemment que c'étaient des bœufs de cire ou de pâte; car ce grand philosophe ne voulait point que l'on tuât les animaux, et défendait à ses disciples l'usage de la viande. Cette défense était une suite de son système sur la métempsycose, doctrine qu'il avait puisée en Egypte. On assure qu'il était si entêté de cette chimère, qu'il se vantait de se souvenir dans quels corps il avait été avant que d'être Pythagore. Il disait qu'il avait d'abord été Céthalide, fils putatif de Mercure; puis Euphorbe, qui fut blessé par Ménélas au siége de Troie; ensuite Hermotime; puis un pêcheur de Délos, nommé Pyrrhus, et enfin Pythagore; qu'il se souvenait de toutes ces transmigrations et de ce qu'il avait souffert lui-même ou vu souffrir aux autres dans les enfers. En quoi il serait tombé en une grande contradiction; car si les âmes en sortant du corps allaient tout de suite dans un autre corps, selon sa doctrine, il s'ensuit qu'elles n'allaient point aux enfers. Cette contradiction fait douter avec raison de ce récit débité sur Pythagore. Il n'y a rien de plus beau dans les auteurs profanes que la doctrine de ce philosophe sur la divinité. Il enseignait « qu'il n'y a qu'un Dieu, auteur de toutes choses que Dieu est un entendement, un esprit infini, et que de son action sont sortis les élémens, les figures, les nombres, le monde visible et tout ce qu'il renferme; que Dieu est une nature impassible qui ne tombe point sous les sens, qui ne peut être représentée par aucune image, et qui n'est aperçue que par l'entendement. » Sa morale n'était pas moins admirable; il voulait que le but de toutes nos actions et de toutes nos études fût de nous rendre semblables à Dieu; que l'acqui 19 |