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quelque chofe à la charge comique on s'expofoit à fortir des bornes de la vraisemblance. L'Auteur a fçu évìtertrès heureufement ces deux écueils, & on doit lui fçavoir gré d'avoir fçu répandre de la gaieté fur un fond qui n'en paroifloit pas fufceptible.

Le Nouvellifte Provincial eft une petite Comédie fort plaifante, dont le dialogue eft naturel & tout-à-fait dans le bon genre. Plufieurs femmes dont les maris font à l'Armée, se sont retirées dans un Château; on attend des nouvelles d'une bataille : un certain Commandeur, grand nouvellifte en reçoit de très-vagues & de trèséquivoques : cependant il donne à entendre à un Domeftique du Château qu'on lui marque que la déroute a été générale; il n'en faut pas davantage pour monter l'imagination de ce Domeftique fimple & fort attaché à ses Maîtres: il répand dans la maifon que le Comte a perdu le bras droit, que le Chevalier a eu les deux jambes emportées, & le Baron le vifage abîmé, & qu'on défefpère de leur vie. Toutes les femmes du Château, livrées à la

plus amère douleur, environnent le Commandeur, qui ne leur répond qu'en baiffant la tête & hauffant les épaules, & qui au milieu de la confternation générale, femble triompher d'avoir eu les premières nouvelles. Mais fon triomphe eft de peu de durée; car une lettre plus pofitive, adreffée à la Comteffe, apprend que les François font vainqueurs, que le Comte, le Chevalier, le Baron ont leurs bras & leurs jambes, & vont arriver en bonne fanté: Le Comman❤ deur confondu, effuye les reprochus & les farcafmes de toutes les femmes. J'ai remarqué dans cette petite pièce, la tirade fuivante. C'eft le Commandeur qui parle.

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» Mde. La Comteffe eft une femme fi fingulière ! Tout ce qui peut & » doit l'intéreffer eft expófé au plus » éminent danger; on attend tous les jours la nouvelle d'une affaire décifive. Elle n'en eft pas plus empreffée » à lire fes lettres. Elle n'oferoit même » en brifer le cachet avant d'avoir pris fon café à la crême, dans l'appréhenfion que les nerfs ne

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» fuffent ébranlés & crispés pour le refte de fa vie. Des nerfs ! tout le » monde veut avoir des nerfs & des » nerfs irritables, c'eft le mot; la manie en a paffé jufqu'en Province. Diabolique invention de la Médecine » moderne, qui a fait de prefque toutes nos femmes, d'infoutenables » petits monftres, dont l'enfantine » foibleffe & la force furnaturelle nous

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attendrit & nous épouvante toura-tour. Nous n'avons plus de carac»tère depuis qu'on nous a donné » des nerfs; échange malheureux qui » met de niveau tous les fexes, tous » les âges, & ne laifle fubfifter dans » les uns & les autres, ni les graces, » ni l'amabilité ».

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Il eft intéreffant de voir une femme du grand monde, dédaigner les frivolités qui font en poffeffion d'occuper le loifir de fon fexe, & chercher dans la culture de l'efprit & le commerce des lettres, des amusemens plus nobles, Mais en s'élevant audeffus des foibleffes de fon fexe Mme. de Gl. en a confervé toutes les qualités précieufes; la fineffe, la

pénétration, la délicatele, les graces. Seulement elle a fçu appliquer à des objets folides, ces dons de la nature que les femmes n'employent communément qu'à des bagatelles. Le mérite des pièces qui compofent ce volume, nous fait attendre avec beaucoup d'impatience le fecond qu'on nous promet. Nous avions déjà un Théâtre d'éducation de Mme. la Marquife de Sillery. Le Théâtre de Mme. la Marquife de Gl., fans être fpécialement deftiné aux jeunes gens, contribuera au plaifir & à l'inftruction des lecteurs de tous les âges; il affure à fon Auteur un rang diftingué dans le très - petit nombre de femmes dont l'efprit & les talens font honneur à notre fiècle, & qu'on peut oppofer aux Sévigné, aux Deshoulières, aux Lafayette, &c. &c. qui ont illuftré le fiècle de Louis XIV.

Je fuis, &c.

LETTRE

X I I.

Euvres diverfes concernant les Arts, par M. Falconet, Statuaire du Roi, Adjoint & Recteur de l'Aca-: démie Royale de Peinture & Sculpture de Paris, honoraire de celle de St. Pétersbourg, membre de la Société établie pour l'encouragement des Arts dans la Ville & le territoire de la République de Geneve trois vol. in-8°. prix, 25 liv. rel. t2 liv. br. A Paris, chez Didot fils, & Jombert jeune, Libraires, rue Dauphine, près du Pont-Neuf, 1787.

LA

A moitié de cet Ouvrage, Monfieur, eft confacrée à la traduction & à la critique de Pline l'ancien. Ordinairement les Traducteurs fe paffionnent pour les Auteurs qu'ils traduifent. M. Falconet eft bien exempt de cette

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