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Eglifes & des Temples, des Prêtres & des Miniftres, des Proteftans & des Catholiques; c'eft une fource de querelles & de factions qui n'ont que trop déchiré le Royaume; l'exemple de l'Angleterre & de la Hollande dont la conftitution politique eft fi différente de celle de la France, ne prouve abfoluraent rien; c'eft une exception qui n'empêche pas que le premier principe d'une bonne adminiftration, la première base de toute fociété, n'ait toujours été, chez les anciens comme chez les modernes une parfaite uniformité du culte extérieur, quels que foient les fentimens intérieurs des citoyens des Ecrivains de mauvaise foi ne ceffent de crier que c'eft une tyrannie affreufe de vouloir dominer fur les opinions & fur les confciences: pitoyable fophifme: ce ne font point les opinions, ce n'eft point la confcience, ce font les actions extérieures que l'on gêne & qu'on a droit de gêner que les citoyens penfent ce qu'ils voudront, mais qu'ils faffent tous la même chofe & pratiquent les mêmes cérémonies.

Voilà ce que tout Souverain peut & doit exiger pour le maintien de la paix & de l'ordre public: les Proteftans dit-on, ont porté chez l'Etranger leur or, leur industrie, leurs manufactures mais ce n'eft ni l'or ni le commerce qui fait le bonheur & la force d'un Etat; ce font les vertus & les mœurs; Rome & Sparte étoient pauvres dans les jours de leur gloire & de leur grandeur; tous nos prétendus Politiques: tous nos Philofophes à la mode ne font que de vils banquiers; ils ne connoiffent d'autre inftrument du bonheur public que l'argent, le crédit la circulation; parlez-leur de mœurs, de vertus, d'énergie, de patriotisme; représentez leur les dangers du luxe qui déprave les efprits & les cœurs ; ils ne vous entendent pas, c'eft une langue étrangère pour eux; il ne leur faut que des comptoirs, des effets, des caiffes d'escomptes &c. ils ne fçavent pas qu'un Etat et toujours affez riche, quand il a un grand nombre d'hommes fains, robuftes vertueux, contens de peur, plus fen

ibles à l'honneur qu'à l'argent: lorfque la répartition des fortunes eft affez inégale pour maintenir lá fubordination, & pas affez. pour rendre un peuple immenfe, efclave d'un petit nombre de riches ftupides.

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On peut reprocher au fiéclé de Louis XIV, des guerres longus: & meurtrières, mais en obfervant. que les plus malheureufes ont été les plus juftes & les plus néceffaires ;trop de fafte à la Cour, trop de luxe: chez les particuliers, mais fans oublier que ce fafte & ce luxe feroient: aujourd'hui regardés comme une fage économie & une noble.fimplicité. Ces reproches & quelques autres auffi bien fondés, n'empêchent pas que le règne. de Louis XIV ne foit l'époque la plus brillante de notre Hiftoire, celle où la Nation a montré le plus grand caractère, & offert à l'admiration pu. blique, un plus grand nombre de cess perfonnages rares qui, par la réunion des vertus &. des talens, font l'orne. ment de leur fiécle & l'honneur de. l'humanité.

Jamais une Philofophe ne déman dera, qu'est-ce que la littérature dans la

maffe des objets utiles? Il doit fçavoir que la littérature eft intimement liée avec cet efprit national qui dirige la: conduite des particuliers & les opérations publiques du Gouvernement; que la littérature n'eft & ne peut être que: Fexpreffion des idées, des fentimens & des mœurs qui dominent dans une Nation; que la Philofophie morale en eft la base, & par conféquent que la littérature eft dans la maffe des objets utiles, un des plus importans, & celui qui a le plus d'influence fur le bonheur public: l'opinion & les: mœurs gouvernent les Etats beaucoup plus que les loix ; & c'est la littérature qui dirige l'opinion, qui établit less mœurs; c'eft ce qui lui donne un avarrtage immenfe fur les fciences exactes, particulièrement fur les Ma thématiques qui font à la portée d'un très petit nombre d'hommes, qui né: préfentent que des vérités arides, fté. riles, étrangères à l'ame, fans au cune influence far la manière de penfer & de fe conduire dans l'ufage de la vie; qui peuvent offrir à la fociété quelques commodités & quelquess

agrémens fuperflus, mais qui n'infpi rèrent jamais aucune des vertus néceffaires au bonheur de l'homme, Sans. doute, fi la littérature ne préfentoit. que des ouvrages tels que Figaro &. Tarare, elle ne. feroit pas même un noble amusement de l'efprit ; & c'est un grand malheur attaché aux lettres. d'être plus nuifibles qu'utiles, quand elles font réduites à fervir les paffions. de ceux qui les cultivent. Le commerce:. des productions de la nature & des ouvrages de l'induftrie, perd tous les avantages, par la gêne & par les entraves; mais le commerce des penfées & des productions de l'efprit, n'eft jamais plus avantageux à un Etat, que lorfqu'il eft affervi aux loix les plus rigoureuses. Si la prudence du Gouvernement ferme avec tant de févérité, l'entrée de nos Ports aux vaiffeaux qui arrivent des lieux où règne la peste, avec quelle vigilance ne devroit-il pas arrêter la circulation de ces livres empeftés, qui répandent fur tout un peuple, le foufle contagieux des vices de l'Auteur : les anciens Législateurs & Platon en

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