jugéles arts; il ne parle ni de Peinture, ni de Mufique, ni de Sculpture; en cela, plus fage que certains Auteurs, qui ont prétendu juger ces arts fans les connoître : Maître confommé dans l'Art de la Poëfie, c'eft auffi le feul qu'il ofe juger, & il en a bien le droit: mais il ne juge point les Poëtes, let compas en main: fes jugemens fur Homere, Virgile, Théocrite, Malherbe, Racine, &c. font d'un grand Poëte & non d'un Géomètre : Mais à coté d'Horace il a hiffe Voiture reux, Mais il a froidement injurié le Taffe, Voiture jouiffoit à la Cour, de la plus a-t-il confulté en bon courtifan, la politique plus que le goût. Je ne prétends pas que ce grand Poëte n'ait payé en rien, le tribut à l'humanité : mais il faut obferver que Voiture trèsdifférent d'Horace, pour la manière d'écrire, a cependant cela de commun avec le favori de Mecène, qu'il a fçu comme lui, plaire aux grands, par les graces & le tour galant de fon efprit, par fon extrême politeffe, par une fine plaifanterie, une noble & ingénieufe familiarité. Il n'a manqué à Voiture, pour être fupérieur à Fontenelle, qu'un meilleur fiècle & une langue plus épurée. L'épithète de très doux que le critique lui-même donne à Quinaut, semble juftifier Boileau de l'avoir trouvé doucereux : ce qui eft très-doux eft prefque toujours fade; on a prodi gué de nos jours, des éloges outrés & ridicules à Quinaut dans la feule vue de rabaiffer Boileau: mais tous les gens de goût qui ont lu Quinaut conviennent encore aujourd'hui que fes Tragédies font ce qu'il y a de plus froid & de plus infipide dans notre langue; qu'à l'exception de cinq ou fix morceaux élégans & poëriques, leftyle de fes Opéra, quoique trés-doux, eft par-tout très-languiffant & très-profaïque. Boikau n'a point injurié le Taffe; il a obfervé en homme de goût, que le merveilleux tiré de notre Religion, n'eft pas d'un effet agréable dans un Poëme les beautés du Taffe comparées à celles de Virgile, lui ont paru plus brillantes que folides; il a trouvé que le Chantre de la Jerufalem délivrée éblouiffoit fouvent les yeux du lecteur avec du clinquant, tandis que Auteur de l'Eneide n'offre que l'or le plus pur; & en cela, il a rendu hommage à la vérité, fans injurier le Taffe, dont il a fuffifamment reconnu le mérite, en difant qu'il avoit de for livre, illuftré l'Italie : la Jerufalem est en effet le plus beau Poëme épique que les modernes ayent produit. Les accufations du cenfeur de Boibeau, font donc évidemment injuftes & quand même elles feroient fondées, il faudroit abfoudre de ces petits péchés, PAuteur de l'Art Poëtique & du Lutrinį, Si les grands fervices qu'il a rendus à notre Littérature; fi les rares beautés répandues dans les ouvrages ne lui font pas trouver grace aux yeux de M. le Chevalier de***, s'il exige même que M. le Marquis de Ximenès foit auffi auftère, aufli inexorable que lui, je doute qu'une intolérance fi peu digne d'un Philofophe, trouve grace aux yeux du public. Je fuis, &c. Le vieux Baron Anglois, ou les Reve nants vengés. Hiftoire Gothique imitée de l'Anglois de Miftriff Clara Réeve; par M. D. L. P. avec cette Epigraphe Evocat orco. 2 liv. 8 S. broché. A Amfterdam; & fe trouve à Paris chez Didot fils aîné, & Jombert jeune, Libraires rue Dauphine, No. 2116, 1787. L'A 'AUTEUR de ce Roman, connu déjà par une foule d'Ouvrages agréables, femble dans fon avertiffement, demander grace pour les Revenans qu'il offre aux yeux du public. On auroit mauvaise grace de refufer fon préfent & fes excufes. Ce feroit mal reconnoître les foins d'un Ecrivain qui a confacré toute fa vie à notre amusement: d'ailleurs nous ne fommes plus au temps où de pareils récits étoient |