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Oui, Platon tu dis vrai, notre ame eft

immortelle,

C'eft un Dieu qui lui parle, un Dieu qui

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Vers des fiècles fans fin, je fens que tu m'entraîne:

Du monde, & de mes fens je vais brifer les chaînes ;

Et m'ouvrir loin d'un corps, dans la fange arrêté,

Les portes de la vie & de l'éternité.

Eternité! quel mot confolant & terrible! O lumièreô nuage, ô profondeur horrible!

Que fuis-je ? où fuis-je ? où vais-je ? & d'où fuis-je tiré?

Dans quel climat nouveau, dans quel monde ignoré,

Le moment du trépas va-t-il plonger mcn être ?

Où fera cet efprit qui ne peut fe connoître?

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Que me preparez-vous, abymes ténébreux? Allons, s'il eft un Dieu, Caton doit être heureux.

Il en eft un fans doute, & je fuis fon que

vrage.

Lui-même au coeur du jufte, il empreint fon image.

Il doit venger fa caufe & punir les per

vers.

Mais comment? dans quel temps? & dans quel univers?

Ici la vertu pleure, & l'audace l'opprime; L'innocence à genoux, y tend la gorge

au crime;

La fortune y domine, & tout y fuit fon

char.

Ce globe infortuné, fut formé pour Céfar. Hâtons-nous de fortir d'une prifon funefte. Je te verrai fans ombre, ô vérité célefte! Tu te cache de nous, dans nos jours de fommel:

Cette vie eft un fonge, & la mort un reveil.

Dans un long chapître en faveur des Religieux, l'Auteur démontre jufqu'à

Tévidence, leur utilité. Deux lettres à Meffieurs les Philofophes femblent l'ex volo d'un paffager échappé au naufrage. Enfin le livre eft terminé par un Chapitre fur les véritables caufes de la misère de la campagne, & le moyen d'y remédier, traité qui annonce que 'Auteur est également infpiré par T'humanité & l'amour de la Religion; deux fentimens, en effet, qui marchent toujours ensemble.

Je fuis, &c,

LETTRE AU REDACTEUR de l'Année Littéraire.

De la Roque-Druffane, diocèse d'Aix, Viguerie de Brignolle, en Provence, le 4 Juillet 1787.

MONSIEUR,

Not

ous avons effuyé le 2 de ce mois, à trois heures du matin, un de ces orages défaftreux qui facrifient annuel

lement plufieurs victimes à un préjugé fatal que depuis long temps on s'efforce en vain de détruire, & qui réfifte ici aux vives & pathétiques inftructions du Curé le plus refpectable, ainfi qu'aux confeils des meilleurs citoyens. A peine l'orage a commencé, que le Frère de l'Eglife de Notre-Dame, qui eft à quelque · diftance du lieu, s'eft mis à fonner de toutes fes forces pour conjurer l'orage, qui n'a pas tardé à étre dans fa plus grande violence. Un affreux fiflement de tous les vents oppofés, une pluie exceffive, des tonnerres & des éclairs qui fe fuivoient & fe confondoient, préfentoient à tout inftant l'image de la deftruction. Après trois heures, on a entendu l'éclat de deux tonnerres plus effrayant que tous les autres, lorfque le Frère fonneur a ceffé de fe faire entendre. Cependant l'orage a paru s'appaifer un peu. Le jour commençoit à paroître. Les habitans plus vigilans ont voulu s'affurer s'il n'étoit point tombé de la grêle, & fi le Ciel devenoit ferein. Un d'eux, plus reconnoiffant que les

autres, adreffoit peut-être fa prière & fes vœux à la St. Vierge, lorsqu'il a apperçu que l'angle N. O. de fon Eglife, étoit abbatu. Aussi tôtľalarme eft donnée, le Conful eft appellé ; on court à Notre-Dame avec cette activité & cette ardeur que la nature infpire, quand on a la conviction que nos femblables ont befoin des plus prompts fecours. Le Frère eft appellé, & ne répond point. Après l'avoir cherché vainement dans fon hermitage, on découvre enfin cet infortuné, étendu fur le marche-pied de l'Autel, couvert d'une partie des débris que la foudre avoit amalfés fur lui. On croit que ce miférable étoit affis dans le Sanctuaire fur une chaife à bras, pofée perpendiculairement fous la cloche, qu'il fonnoit dans cette attitude, que la foudre qui a éclaté la la boiferie d'alentour & le doffier de fa chaife, l'a frappé par derrière fans le brûler, & l'a étouffé en le culbutant avec tous ces décombres.

Le bruit de cet accident a confterné tous les habitans; mais le fon des cloches de la Paroiffe n'a point dif

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