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Voyageur, c'eft la diverfité de langage, de mœurs & de conduite des différens Européens: il dit plaifamment que cette confufion eft prefqu'égale à celle de la Tour de Babel. M. Sparrman paffa l'hiver au Cap & à Falfebay. Il donna une partie de fon temps au règne végétal, qu'il dit être riche en Afrique. Semper aliquid novi ex Africa. Au printems, le Réfident le conduifit à Alphen, près de Conftance, qui n'eft éloigné que d'un mille & demi d'Alphen; ily a auffi un mille & demi d'Aiphen à la Montagne de la Table. Les vins rouges & blancs de ces Vignobles, font très-prifés des Européens. Notre Voyageur, après avoir épuifé à Alphen & aux environs, fes recherches botaniques, paffa à Paart, & parcourut les plaines bru→ lantes de l'Afrique; le local n'offre rien de remarquable, mais il y trouva une riche moiffon de plantes. J'aime à fuivre notre Naturalifte dans fes courfes. J'aime à le voir ceuillir & dé compofer ces belles fleurs africaines éparses ça & là, gravir les montagnes, paffer les fleuves à gué; car on

obfervera qu'il n'y a pas un pont en Afrique. Le foir, rendu de fatigues, fe retiroit à la première métairie où on prévenoit fes befoins : en aucun endroit de la terre, on n'exerce l'hospitalité auffi généreusement qu'en Afrique. Mais on a cependant à craindre la rébellion des esclaves, qui se livrent quelquefois à des traits de violence; & la morfure des ferpens, fcorpions, caméléons & autres animaux du genre des léfards. M. Sparrman arriva enfin à Alphen, & n'y refta que ce qu'il lui fallut de temps pour fe repofer de fes travaux : & après avoir rempli fon herbier de toutes les plantes du Cap, il changea, comme il le dit lui-même, le Continent d'Afrique, fon délicieux climat d'été, & fes belles fleurs, contre le froid & morne Océan, obftrué de montagnes & de glaces.

Deux Naturalistes payés par le Roi 'd'Angleterre, pour accompagner les Navires, la Réfolution & l'Aventure, proposèrent à M. Sparrman, d'être de la partie, & offrirent de le défrayer. If les fuivit, Ils allèrent à la nouvelle

Zélande, où ils gémirent fur la barbarie des Cannibales; delà à Otahiti, où ils furent bien mal traités par les Indiens; puis, vifitèrent les latitudes glaciales du Pôle Antarctique. Une remarque à la fois agréable & touchante, c'eft que cette partie du globe formant les antipodes directes. de la Suède, patrie de M. Sparrman, il fe vit alors fur le point le plus éloigné de fon pays natal, à fix mille huit cens vingt-un mille: ce qui ne l'empêcha » pas, dit-il, de vifiter fouvent à cette »époque, fes chers parents, & fes

compatriotes, tandis que fes pieds » étoient directement oppofés aux » leurs. » Ils pouffa avec fes compagnons de voyage jufqu'à la terre du feu, & plus loin encore vers le Pôle antarctique. Arrêtés par les glaces, ils furent obligés de revenir fur leurs pas, après deux ans & plus, d'une navigation périlleufe & fatiguante. Les deux Navires retournèrent en Angleterre; mais M. Sparrman resta en Afrique, réfolu de continuer fes recherches.

Avant de partir pour le pays des

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Caffres, il fut témoin du dévouement héroïque d'un Garde de la Ménagerie, déjà âgé, qui fauva 14 hommes d'un naufrage, & périt avec son cheval en voulant en fauver d'autres : la vertu eft de tous les pays. Accompagné. d'un jeune Africain,nommé Immelman, & fourni de provifions & de jolies. bagatelles, de papier pour les plantes, & d'aiguilles pour les infectes, il part. Dès-lors, il n'eut plus d'autre lit que la terre nue, d'oreiller qu'une felle, de couverture qu'un manteau, d'abri que fon chariot traîné par des beufs, communs dans ce pays. Il rencontre beaucoup de zebres fauvages plufieurs autruches légères à la courfe, & à qui on pourroit appliquer ce joli vers de M. le Mierre:

Même alors qu'elle court, on voit qu'elle a des ailes.

Il s'arrête quelque temps aux bains chauds de Hottentot-Holland, dont il donne une defcription trèsdétaillée chemin faifant, il trouve plufieurs animaux, que je ne puis

nommer tous; les plus curieux font L'oifeau des fecrétaires, mangeur de ferpens; ce qui les empêche de trop multiplier; le chien fauvage, auffi deftructeur que le nôtre eft utile; le tigre- loup ou l'hyene, animal de proie, qu'heureufement fon hurlement trahit de loin à ce fujet, je vais vous raconter, ou plutôt M. Sparrman vous racontera la manière dont un joueur de trompette échappa à l'un de ces animaux :

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» Dans une fête de nuit, près du Cap, un joueur de trompette avoit bu du vin un peu plus que de » raison; on le mit à la porte pour » le rafraîchir, & lui apprendre à être » une autre fois plus fobre. Un tigreloup, attiré par l'odeur, vint à lui; » & croyant trouver un cadavre, » excellente capture, le chargea fur » fon dos, & le traîna jufqu'au haut de la montagne de la Table. Notre » Muficien peu accoutumé à cette manière de voyager, s'éveilla: » & assez revenu à lui-même, pour connoître le danger de fa fituation, il prit fa trompette, qu'il portoit

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