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IV

L'Arrestation de Desaix en 1792

Cet incident curieux de la jeunesse du général Desa été relevé, pour la première fois, par un haut adminis teur de nos finances doublé d'un littérateur disting M. Félix Bouvier, dans son ouvrage intitulé : Les Vo pendant la Révolution. M. le lieutenant Bernardin no fait l'amitié, dernièrement, de nous envoyer d'Épinal copie de pièces diverses concernant cette arrestat extraites par lui des archives du Conseil départeme des Vosges.

Les plus importantes de ces pièces sont les pro verbaux des interrogatoires subis par le malheureux pect. Ils ne méritent certainement pas d'être trans tout au long, et ne nous apprennent rien de nouv C'est un modèle achevé de niaiserie, que relève à pein patriotisme effaré de cette époque. On n'y trouve au renseignement spécial touchant le personnage et les f qu'on lui reproche. Le nom même de Desaix y est estr de vingt manières : on l'appelle le plus souvent, non Des Aix de Veygoux, mais « Laix Weïgoux » ou « Laix Weygous », ou encore « le sieur Louis Veïgou en renonçant à l'y et au double W. Il est né à « Aya et non pas à Ayat. On discute, au conseil de la mun palité d'Épinal, la question de savoir si les lettres qu a saisies sur lui seront ouvertes et lues. On pressent

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danger redoutable. On décide de les lire. Il y en a quatorze, dont on fait des cotes soigneusement étiquetées. On met à part celle qu'a signée le général Biron, un bon républicain, celui-là, dont on ne saurait douter; on néglige celles qui émanent de dames (il y en avait plus d'une, paraît-il), inquiètes du sort de Victor de Broglie, ou d'amis qui le félicitent d'avoir des chances pour arriver à la députation qu'il briguait. Mais il en est deux qui attirent particulièrement l'attention. On y mande à Monsieur Broglie (comme on disait alors) que, dans ce moment où l'on serait peut-être enclin à trop s'apitoyer sur la situation du Roi, «< il n'y a pour chacun de salut et de gloire que dans la fidélité à rester à son poste ». Mais on trouve bien autrement grave celle qui est adressée à un Monsieur Briche (car elles n'étaient pas toutes destinées au prince de Broglie, et celui-ci était sans doute le lieutenant adjoint à l'état-major qui refusa d'accepter la révolution du 10 août) dans laquelle l'auteur, après avoir parlé de vente de chevaux, rapporte qu'on lui a dit «< confidemment » que, «si l'on savait où est la personne qu'il nomme, il faudrait la prévenir, parce qu'il y a ordre de l'arrêter ». Enfin, voici la plus terriblement menaçante, et celle-ci soulève l'effroi et la colère. Elle porte au dos : « A votre maître », et celui qui l'écrit se plaint de ce que son correspondant, << tout en reconnaissant l'infamie du procédé du 10 août, avait la fausse honte de ne pas reconnaître aussi authentiquement l'erreur dans laquelle l'avait mis l'enthousiasme de la Révolution ».

Pour le coup, c'était trop. Que cache ce langage mystérieux et à peine intelligible? Que signifient ces conseils perfides, ces indignes projets d'émigration?

Il faut arrêter l'homme qui sert d'intermédiaire à de semblables machinations, en référer au conseil du dépar

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tement, puis à l'Assemblée même. On a mis la mai un traître. Honneur aux gardes nationaux de La Ch qui l'ont si bien reconnu à son seul aspect! Ils ont la République; la République ne l'oubliera pas.

Et, tout d'abord, on commença par couvrir d'élo de lauriers le lieutenant de gendarmerie, Nicolas Clé qui avait porté en toute hâte l'arrêté du conseil à 1 bonne-les-Bains, avant que Victor Broglie pût d raître; puis, avec lui, l'honorable citoyen, M. Roger, sans hésiter, sacrifiant tout, courut transmettre le n arrêté au conseil du département du Bas-Rhin. ] dévouements rares, et dignes de passer à la postérit

La République sauvée fut clémente. On avait relâché le général; on finit par remettre en liberté malchanceux aide de camp. Seulement, en l'arrêta La Chapelle-aux-Bois, on avait gardé son cheval, et n tenant la commune faisait mine de ne pas le rendre.

Ce cheval est la note plaisante de l'affaire. Il prove un beau morceau d'éloquence administrative, que reproduisons ici, d'après la copie que nous a oblige ment communiquée M. Bernardin :

Le Procureur Général Syndic du Département des V aux Officiers Municipaux de La Chapelle-aux-Bois. 8 octobre 179

Citoyens,

Dominique Plaisance, maître d'école à La Chapell plaint qu'on lui reproche d'avoir reçu une gratification l'arrestation de l'aide de camp de Victor Broglie et de n'a pas confisqué au profit de votre commune le cheval de aide de camp.

Je vous prie de prévenir les citoyens de votre commune Dominique Plaisance n'a reçu d'autre récompense que de s'être conduit en bon citoyen en concourant à l'arresta

e. On a mis la mains tionaux de La Cha ul aspect! Ils ont s l'oubliera pas. par couvrir d'éle erie, Nicolas Cle

té du conseil à Be

r Broglie påt d toyen, M. Roger transmettre le m du Bas-Rhin. De ser à la postérité nte. On avait d ettre en liberté s ent, en l'arrêtant son cheval, et mai pas le rendre.

ffaire. Il provo strative, que p nous a obligean

tement des g Delle-aux-Bois.

S octobre 1792

La Chapelie gratification per glie et de n'ar

le cheval de c

re commune

pense que cel nt à l'arrestati

du dit aide de camp. Quant au cheval de celui-ci, il n'a pu ni dû en disposer.

Si l'innocence de ce militaire est reconnue, son cheval doit lui être remis; dans le cas contraire, il en sera probablement disposé au profit de la nation.

Il est désagréable que Dominique Plaisance, pour avoir fait son devoir, soit en butte aux reproches amers qu'il prétend essuyer. Je vous prie de lui rendre comme moi, aux yeux de ses concitoyens, la justice qu'il mérite.

Il paraîtrait que la population d'Épinal, dont le conseil avait solennellement convoqué toute l'élite, afin, lui déclarait-il, « de s'aider de ses lumières », n'avait pas vu d'un bon œil l'indulgence de la République. La libération du prisonnier dont elle avait acclamé la capture semblait exciter un sourd mécontentement. Le procureur général syndic intervint encore, cette fois, pour rassurer Desaix. Il s'exprimait ainsi :

Du Procureur Général Syndic à L. Desaix Veygoux, aide de camp de Victor Broglie.

Je suis très fâché des inquiétudes que vous a donné (sic) un faux avis. Le peuple d'Épinal n'a point trouvé mauvais votre élargissement, j'ai été au contraire témoin de ses applaudissements, lorsque le Président l'a prononcé. Au surplus, tous les murmures ne nous auraient pas empêchés d'exécuter la loi qui vous accordait la liberté. Je vous prie même de revenir de la prévention qu'un faux avis aurait pu donner contre les citoyens d'Épinal, qui sont aussi sensibles et bons qu'ils sont patriotes. Votre offre de reprendre vos fers pour vous sauver des désagréments qu'on vous avait fait craindre, annonce une âme généreuse. Votre lettre nous a pénétrés d'admiration, mais soyez pleinement rassuré à notre égard, nous n'avons éprouvé au vôtre d'autres désagréments que celui de voir prolonger votre détention sans qu'il nous eût été possible de la faire cesser plus tôt.

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La lettre du ministre Roland, qui approuva l'élai sement de Desaix, est intéressante :

De Roland au Département.

Paris, le 31 octobre 1792, l'an 1er de la République Français

Je joins ici, Messieurs, une lettre qui m'a été écrite d maison d'arrêt d'Épinal par M. Desaix-Veygoux, qui détenu depuis environ deux mois et qui demande à être en liberté. Je vous prie de vous faire informer des motif son arrestation et de ne pas souffrir qu'il soit plus longte privé de sa liberté. Si les éclaircissements que vous vous s procurés se trouvent conformes à son exposé, la jus l'humanité vous y invitent, et la loi du 8 de ce mois l'ordonne. Je vous serai obligé de m'informer des résultat vos démarches à son égard.

Le Ministre de l'Intérieu
ROLAND.

Voici la lettre que Desaix avait adressée au mini Roland et à laquelle celui-ci répondait. Faut-il l'avou Nous l'aurions voulue moins humble, tempérant la s mission du républicain par quelque fierté de l'hom comme il avait paru jusque-là, dans toute la suite de c affaire. Évidemment, il faut tenir compte et de l'en qui pesait sur un esprit si actif, et de la crainte de v se prolonger encore ce fàcheux état de choses, mais s tout de l'ardent et sincère patriotisme qui se désespér d'être mis en doute et réduit à l'impuissance de se pr ver par des services rendus :

De Desaix au concitoyen Roland, ministre de l'Intérieur A la maison d'arrêt d'Épinal, ce 21 octobre 17 an 1er de la République.

Citoyen,

Vous avez courageusement réclamé les lois lorsqu'el étaient enfreintes, vous avez rappelé aux Français qu

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