té sur le Trône, les Avignonais que la terreur avait rendus méfians et soupçonneux, ont repris leur ancien caractère, sans reprendre cependant leur ancienne gaieté. Nos mœurs ont été altérées par le passage continuel des troupes, par les romans immoraux qui sont plus répandus que jamais, même dans la classe du peuple, par des ouvrages soi-disants philosophiques, en un mot par des lectures. qui choquent tout à-la-fois le bon goût, la pudeur et la morale. Les recherches de la police ne devroientelles pas remédier à un abus d'autant plus funeste qu'il est la source des plus grands désordres ? que doivent être les mœurs quand on imprime avec liberté et qu'on colporte les ouvrages les plus seandaleux ? Des lieux publics connus sous le nom de Bastringues établis mal à propos, ou autorisés par foiblesse, si dangereux pour la der nière classe du peuple et pour nos domestiques; de nombreux cafés des cabarets multipliés, etc., etc., contribuent à augmenter le mal. Dans tous les états on a un dans que goût beaucoup plus vif les villes qui nous entourent, pour le luxe et tous les plaisirs qui font négliger les devoirs domestiques. Très-peu de personnes ont le courage de ne point suivre l'exemple de leurs voisins ou de leurs amis " quoiqu'elles aient la bonne foi de convenir qu'il vaudrait mieux l'éviter. Enfin, l'on redoute beaucoup trop cette espèce de critique mal fondée, dont on devrait s'applaudir. L'éducation est négligée, on ne s'attache presque qu'à des avantages extérieurs et frivoles ; on laisse beaucoup trop de liberté aux jeunes gens, de sorte que dès leur première jeunesse, ils sont aussi licentieux dans leurs actions que dans leurs propos. On ne leur ins pire point avec assez de zèle et de constance, les principes de religion, d'humanité, de bienfaisance et de patriotisme qui font le charme des belles ames. La solide instruction est bannie des études; la jeunesse est trop pen surveillée; on ne cherche qu'à faire briller Fesprit, et le cœur aride manque souvent de cette sensibilité qui caractérise l'ami des hommes (1). O nature combien nos institutions, (1) Nous pourrions dire au sujet de l'éducation du sexe ce qu'Horace disait aux Romains dans sa belle Ode qui commence par ces vers : Delicta majorum immeritus lues Matura virgo, et fingitur artibus Jam nunc, et incestos amores De tenero meditatur ungui. nos mœurs et nos habitudes sont éloignées de tes saintes et douces lois ! Les différentes sociétés particulières sont divisées à Avignon en quatre classes; chacune de ces classes a ses assemblées. La Noblesse s'est toujours distinguée par son éducation son usage du monde, son ton et ses manières ; elle a ses fêtes, ses bals et ses sociétés particulières, où quelques individus de l'autre classe sont admis, mais en très-petit nombre. Il est étonnant que la révolution n'ait pas réuni les personnes que l'éducation et les mêmes malheurs auraient dû rapprocher. La seconde classe est composée des propriétaires aisés, des avocats, des mé. decins et de tous ceux qui ont reçu une éducation soignée; la troisiè me comprend les marchands, les fabricans, les artisans; cette classe paraît vivre avec plus d'aisance depuis quelques années. La quatrième et la plus nombreuse est celle des agriculteurs et des ouvriers. Il y a de très-jolies personnes à Avignon dans toutes les classes, sur-tout dans celle des marchands et des artisans; elles ont beaucoup de grace et de vivacité; le costume de ces dernières qui n'est point dépourvu d'élégance, tient le milieu entre celui du bas-peuple et des dames du premier rang En général, le goût et la propreté les distinguent. La taille des Avignonaises est moyenne : de belles couleurs, un beau teint, de beaux yeux, une physionomie pleine d'expression les font remarquer. Les étrangers qui voient nos promenades un jour de fête, sont trèsagréablement surpris et parlent tous avec enthousiasme du sexe qui les embellit. On pourrait croire un Avignonais prévenu en faveur de ses charmes, si une foule de voyageurs n'avaient fait avant lui |