CHAPITRE VI. CLERGÉ ET ADMINISTRATIONS GÉNÉRALES. 1. Clergé et Églises. C'est à Avignon que notre évêque M. Perrier fait sa résidence. Quatre églises principales ont été conservées pour l'exercice du culte ; savoir St-Agricol, St-Pierre St-Didier et l'église des Carmes. Les œuvres de l'Aumône, de l'Hôpital et de la Miséricorde ont chacune leur Chapelle particulière. On ne voit, dans ces Temples, aucun monument ni aucun tableau qui puisse y attirer les voyageurs. Que les temps sont changés..... Nous posséderons bientôt une maison religieuse qui sera connue sous le nom des Sœurs du St-Sacrement. Des dames respectables qui se chargeront de l'éducation des jeunes personnes, ont acheté l'ancien couvent de la Visitation, où il y a une jolie église, un local commode et des jardins. Si les établissemens pour les sciences et les arts sont utiles, ceux dans lesquels on donne les préceptes d'une morale évangélique, et où l'on inspire de bonne heure, l'amour des devoirs et de la vertu, contribuent bien davantage au bonheur de la société. 2. Préfecture de Vaucluse. La préfecture de Vaucluse a été administrée d'abord par le sage Mr. Pelet, actuellement Conseiller d'Etat, et toujours attaché à un pays qui n'a point oublié les services importans qu'il lui a rendus. Mr. Bourdon lui a succédé, et ensuite Mr. Delattre, Officier de la Légion d'honneur et ancien Questeur du corps-législatif. Les vertus de ce respectable Magistrat le font chérir de tous ceux qui le connoissent, ou qui ont quelque grace à lui demander. Sa sensibilité vient d'éprouver un choc bien rude, par la perte de sa fille. Il a eu la triste mais douce satisfaction de voir tous les Avignonais partager ses regrets. Mademoiselle Eliza Delattre était le modèle des vertus, des graces et de la beauté. Tendrement aimée par les personnes de son sexe, les larmes qui coulèrent à sa mort, furent celles de la véritable douleur. Le monument funèbre que lui a fait ériger la tendresse paternelle, est entouré de plantes odoriférantes et de saules pleureurs; on y a sculpté des guirlandes de roses et de lys, dans lesquelles on distingue des violettes et des pensées, emblêmes de sa modestie et de sa beauté. On y lit une épitaphe qui doit trans mettre à la postérité, la tendresse paternelle et la piété filiale. Cette inscription me rappelle les vers que Racine met dans la bouche d'Agamemnon, lorsque ce père infortuné se voit sur le point de perdre Iphigénie qui semblait revivre en Mademoiselle Eliza Delattre : Ma fille ce nom seul, dont les droits sont si saints, Sa jeunesse, mon sang, n'est pas ce que je plains. Je plains mille vertus, une amour mutuelle, Sa piété pour moi, ma tendresse pour elle, Un respect qu'en son cœur rien ne peut balancer, etc., etc. Cette Stance mélancolique d'Es ther, semble écrite pour made. moiselle Eliza: Hélas! si jeune encore, Par quel crime ai-je pu mériter mon Ma vie à peine a commencé d'éclore, Hélas! si jeune encore, Par quel crime ai-je pu mériter mon malheur ? Ce triste événement me rappelle ces jolis vers de Malherbe: Mais elle était du monde, où les plus belles choses Ont le pire destin; Et rose elle a vécu ce que vivent les roses, L'espace d'un matin. Mairie, Police de la Ville. Le maire actuel d'Avignon Mr. de Bertrand marche sur les traces de son prédécesseur; il a les mêmes vertus et le même zèle pour le bien public. La police se fait ici avec beaucoup de soin; on peut aller avecsureté à toute heure dans les quartiers les moins peuplés. Le plus grand ordre règne dans nos marches; la place |