Images de page
PDF
ePub

gleterre et d'Irlande, de l'autre la représentation de la chambre des communes en séance à Westminster, sans aucun signe qui rappelât les lords (1). Dans un tel accès de discorde, ceux-ci se seraient prêtés sans doute aux vues pacifiques du général. Mais vers la même époque (2), le roi, enflé de ses premiers succès, déclara officiellement que les individus réunis à Westminster ne formaient plus deux chambres véritables; que la retraite de tant de membres et le défaut de liberté des délibérations leur avaient fait perdre toute existence légale; que désormais il ne leur donnerait plus le nom de parlement; enfin qu'il défendait à tous ses sujets d'obéir à ce ramas de traîtres et de séditieux (3). Une réprobation si générale et si violente rétablit soudain l'union entre les deux chambres : le 5 juillet elles décrétèrent de concert que des commissaires iraient de leur part demander à leurs frères, les Écossais, l'envoi d'une armée au secours des protestants d'Angleterre menacés de tomber sous le joug des papistes (*); et quand la lettre d'Essex parvint aux lords, ils votèrent qu'ils n'adresse

(1) Dans les premiers jours de juillet. — Parl. Hist., t. III, col. 143. Whitelocke, p. 67.

(2) Le 20 juin 1643.

(3) Rushworth, part. 3, t. II, p. 331.

(4) Parl. Hist., t. III, col. 144.

raient au roi ni pétition ni propositions pacifiques, tant qu'il n'aurait pas révoqué sa proclamation portant que les deux chambres ne formaient plus un parlement libre et légal (1).

Essex n'insista point: honnête et sincère, en conseillant la paix il avait cru remplir un devoir; du reste il respectait les chambres, et son avis donné, loin de prétendre leur faire la loi, il se tenait prêt à leur obéir. Quelques jours un parfait accord parut régner à Londres entre les partis : tous se réunirent pour combler Essex de marques d'estime; il reçut promptement des munitions et des renforts (2); en même temps, Waller, malgré ses désastres, fut remercié de son courage et traité honorablement, comme un homme qui pouvait encore bien servir (3). On ordonna, dans les comtés de l'est, la formation d'une nouvelle armée, sous le commandement de lord Manchester, avec Cromwell pour lieutenant général (*). Hotham, que les communes prévenues à temps (5)

(1) Journals of the house of Lords, 11 juillet 1643. (2) Parl. Hist., t. III, col. 144.

(3) Clarendon, Hist. of the rebell., t. VI, p. 185.

(4) Le 22 juillet 1643. Parl. Hist., t. III, col. 456.

Clarendon,

Hist. of the rebell., t. VI, p. 186. Cette armée devait être forte de

dix mille hommes.

(5) Au commencement de juin 1643.

avaient fait arrêter dans Hull (1) avant qu'il eût pu livrer la place au roi, attendait à la Tour son châtiment; lord Fairfax lui succéda (2). Les commissaires qui devaient se rendre en Écosse furent nommés, deux par les lords, quatre par les communes (3), et on les invita à presser leur départ, La plupart des membres de l'assemblée des théologiens quittèrent aussi Londres pour aller, chacun dans sa paroisse, calmer les inquiétudes du peuple et l'exciter à de nouveaux efforts (4). Tous les jours, dans une des églises de la cité, en présence d'une multitude de mères, d'enfants, de sœurs, un service spécial était célébré pour invoquer la protection de Dieu sur tous ceux qui se dévouaient à la défense de la patrie et de sa loi ("); et chaque matin, au son du tambour, une foule de citoyens, hommes et femmes, riches et pauvres, sortaient en troupes pour travailler aux fortifica

(1) Le 29 juin 1643. Rushworth, part. 3, t. II, p. 275-277. Whitelocke, p. 67.

(2) Le 3 juillet 1643. Rushworth, part. 3, t. II, p. 280. Journals, etc., 11 juillet.

(3) Les lords Grey de Wark et Rutland, sir William Armyn, sir Henri Vane, M. Hatcher et M. Darley. (Rushworth, part. 3, t. II, p. 466.)

(4) Parl. Hist., t. III, col. 148.

t. VI, p. 189.

Clarendon, Hist. of the rebell.,

(5) Neal, Hist. of the Purit., t. II, p. 506.

tions (1). Jamais, dans les chambres et parmi le peuple, tant d'énergie ne s'était déployée avec tant de prudence et de concert.

Mais le péril croissait toujours; les succès du roi continuaient partout. Malgré l'élan public, quelques hommes refusèrent de se compromettre davantage pour le parlement; lord Grey de Wark, l'un des commissaires désignés par la chambre haute pour se rendre en Écosse, éluda la mission (2); les lords l'envoyèrent à la Tour: le comte de Rutland, qui devait l'accompagner, s'excusa également, alléguant sa santé (3). Les commissaires des communes furent contraints de partir seuls (), et ne purent aller que par mer, les routes du nord n'étant pas sûres, ni Fairfax assez fort pour les faire escorter. Leur traversée dura vingt jours (5). Dans cet intervalle, le roi, mieux conseillé, publia une proclamation plus douce. Avec l'espoir reparut le désir de la paix. Le 4 août, sur la motion du comte de Northumberland, les lords adoptèrent des propositions au roi,

(1) May, Hist. du Long-Parl., t. II, p. 217, dans ma Collection. (2) Le 17 juillet 1643. Parl. Hist., t. III, col. 148.

(3) Ibid., col. 150.

(4) Ibid.

(5) Ils partirent de Londres le 20 juillet, et n'arrivèrent à Édimbourg que le 9 août suivant. (Rushworth, part. 3, t. II, p. 466.)

les plus modérées dont on eût encore parlé; elles ordonnaient le prompt licenciement des armées, rappelaient dans les chambres les membres éliminés pour avoir rejoint le roi, et laissaient du reste les questions de la milice et de l'Église à décider, dans l'avenir, l'une par un synode, l'autre par le parlement. Dès le lendemain ils les transmirent aux communes en leur déclarant d'un ton assez haut qu'il était temps de mettre un terme aux calamités du pays ('). Surpris de cette brusque attaque, le parti de la guerre insista vainement sur le danger de perdre ainsi, pour obtenir quelques mois de relâche, le fruit de tant d'efforts et de maux déjà soufferts; en vain il demanda qu'on attendit au moins la réponse de l'Écosse : « On >> s'est mal trouvé, lui répondit-on, d'avoir rompu >> les négociations d'Oxford; le petit peuple de Londres, il est vrai, paraît disposé à pousser la » guerre; mais il est clair que les citoyens riches

[ocr errors]

(1) Dans la conférence qui eut lieu à ce sujet entre les deux chambres (5 août 1643), l'orateur de la chambre haute commença en ces termes : « Messieurs, les lords pensent qu'il n'est que trop évident, » pour l'intelligence de qui que ce soit, que ce royaume, avec tous les >> biens que lui avait valus une longue et heureuse paix, est près de >> tomber dans la désolation et la détresse qui accompagnent la guerre >> civile, et que les hommes qui devraient vouer à sa prospérité leurs >> cœurs et leurs bras le mettent en péril par leurs dissensions contre »> nature, etc. » (Parl. Hist., t. III, col. 156.)

« PrécédentContinuer »