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COURRIER DE

15 Octobre 1874.

QUESTIONS
PHILOLOGIQUES

VAUGELAS

Journal Semi-Mensuel

CONSACRÉ A LA PROPAGATION UNIVERSEL LE DE LA LANGUE FRANÇAISE
Paraissant le 1er et le 15 de chaque mois

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Le 3o numéro, qui a dû être réimprimé, sera prochainement envoyé aux Abonnés qui ne l'ont pas encore reçu.

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SOMMAIRE.

Ce qui a été cause de la propagation de l'argot dans notre
langue; Etymologie, pluriel et prononciation de Guet-
Si le verbe Ecœurer est français;
apens;
Pronon-
ciation des syllabes nasales devant un mot commençant par
une voyelle; - Si A part soi est une bonne expression ||
Prononciation du mot Fils; Orthographe de Boulevart;
Etymologie de Avachir || Passe-temps grammatical || Suite de
la biographie de Vaugelas || Familles pour la conversation ||
Concours littéraires.

FRANCE

Première Question.

Je désirerais bien savoir ce qui a contribué à répandre l'argot dans notre langue au point où nous le voyons aujourd'hui. Mais cette question sortirait peut-être de votre cadre?

ON S'ABONNE

En envoyant un mandat sur la poste soit au Rédacteur, soit à l'Adm M. FISCHBACHER, 33, rue de Seine.

Si la pièce ayant pour titre: Responce et Complaincte du grand Coësre sur le jargon de l'argot réformé (1630) n'est point une facétie, on doit en conclure que l'argot dont les gueux étaient parvenus à dérober la connaissance aux profanes jusqu'à la fin du XVIe siècle, s'était, quelques années plus tard, singulièrement répandu parmi le peuple, à ce point « qu'il n'y a à présent, dit l'auteur de la Responce, si chestive cambrouse qui ne rouscaille le jargon (si misérable chambrière qui ne parle argot). »

Au xvIe siècle, Grandval enrichit d'un dictionnaire d'argot son Cartouche ou le Vice puni (1725); et, comme ce poème eut un grand nombre d'éditions, il contribua puissamment à répandre la connaissance de l'argot dans une société plus élevée que celle des lecteurs du Jargon, dont les éditions continuaient à se succéder à Paris et à Troyes.

La comédie de Le Grand, les Fourberies de Cartouche (représentée en 1724 pendant le procès de ce criminel) laquelle renferme bon nombre de mots d'argot, notamment dans la scène où Cartouche se fait rendre compte des exploits de la nuit, ne doit pas non plus être oubliée.

Le Courrier de Vaugelas s'étant donné la tâche de répondre à toutes les questions qui concernent la langue française, j'ai fait des recherches pour résoudre celle que vous me proposiez, et je m'empresse de vous faire part des résultats auxquels je suis parvenu. Langue des gueux et des voleurs, l'argot a probable-d'une foule d'expressions qui leur sont communes. ment existé dans tous les temps et dans tous les pays. Toutefois, ce n'est guère qu'au xve siècle que l'on trouve des monuments du jargon des voleurs français, monuments qui constituent six ballades composées par Villon, né, comme on sait, en 1431.

Les œuvres poissardes de Vadé et celles de L'Escluse (1796) popularisèrent encore davantage la langue des malfaiteurs, qui, en général, sortis du peuple et sans cesse en contact avec lui, ont enrichi son vocabulaire

Le premier ouvrage tout en argot est un petit livre de Pechon de Ruby, et le second, intitulé Vie des Mercelots, Gueux et Bohémiens, du même auteur, se termine par un Dictionnaire en langage blesquin avec explication en vulgaire (1596). Mais il s'en faut que ces recueils soient complets, car il y avait en circulation une foule de mots et d'expressions appartenant à l'argot qui n'y étaient pas recueillies..

Mais il était réservé au XIXe siècle de voir fleurir l'argot, et de répandre par la presse la connaissance de ce langage parmi tous ceux qui étaient dignes d'en sentir les délicatesses.

Le premier livre composé dans cette vue est un Dictionnaire d'argot, ou guide des gens du monde, pour les tenir en garde contre les mouchards, filous, etc. par un monsieur « comme il faut », ex-pensionnaire de Sainte-Pélagie (1827). Ce monument lexicographique fut fort goûté, paraît-il, car il s'en est fait une deuxième édition la même année, avec une lithographie et une page de musique.

Deux ans après, vint Vidocq, qui initia complète

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APENS?

ment le public au langage des bagnes par la publica- ment doit-on l'écrire au pluriel? GUET-APENS ou GUETStion de ses Mémoires (1829), et par son livre sur les voleurs, deux ouvrages qui renferment un dictionnaire d'argot très-étendu.

La même année parut, presque immédiatement après le premier de ces deux ouvrages, un Nouveau dictionnaire d'argot, par un ex-chef de brigade sous Vidocq, suivi de la chanson des galériens, ouvrage utile aux gens du monde.

En 1835, nous eûmes le Nouveau dictionnaire de police, par MM. Elouin, Trébuchet et Labbat.

C'est dans les deux ouvrages ci-dessus désignés, mais plus sûrement encore dans les Mémoires de Vidocq qu'Eugène Sue puisa les connaissances qui lui valurent tant d'applaudissements dans toutes les classes de la société, et, au livre dans lequel il les avait employées, et presque à son apparition, deux glossaires consacrés à l'explication des mots qu'on n'est pas habitué à entendre dans le grand monde :

Dictionnaire de l'argot moderne, ouvrage indispensable pour l'intelligence des Mystères de Paris de M. Eugène Sue (1843);

Dictionnaire complet de l'argot employé dans les Mystères de Paris, destiné à donner la clef des mots obscurs qui se rencontrent si souvent dans la bouche du Chourineur, du Maître d'école et de la Chouette (1844).

Depuis lors, il s'est encore produit de nouvelles œuvres argoliques, parmi lesquelles on peut citer: 1° la satire publiée par Barthélemy dans la Nouvelle Némésis, le 2 février 1845, où l'on rencontre, dans la pièce intitulée les Escarpes, beaucoup d'expressions d'argot soumises à l'alexandrin; 2o l'Intérieur des Prisons, qui renferme un dictionnaire des mots les plus usités dans ces lieux de détention (1846); 3° Dictionnaire d'argot, ou la langue des voleurs dévoilée, contenant les moyens de se mettre en garde contre les ruses des filous (1848); et 4° Voleurs et Volés, par Louis Paillet (4855), qui, outre bon nombre de mots d'argot semés çà et là, renferme un opuscule écrit dans ce jargon lui-même, et destiné à prémunir le public contre les ruses des escrocs.

Tel est, esquissé à grands traits, l'ensemble des causes qui ont amené l'invasion de l'argot dans la langue française.

Que l'argot soit l'unique langage employé par les voleurs entre eux, et à peu près le seul (comme nous l'apprend M. Francisque Michel, dont le Dictionnaire d'argot m'a fourni le fond de cet article) qui se parle dans les prisons et dans les bagnes, même parmi les employés et les infirmiers, je n'y trouve rien à redire; mais quand je vois ceux qui vivent dans la société honnête prendre plaisir, en quelque sorte, à émailler leurs discours de vocables d'une source aussi impure, je ne puis que m'en attrister profondément avec les gens de goût.

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Au moyen-âge, le français avait le verbe s'apenser, dans le sens de se préoccuper, préméditer (devenu hors d'usage au xviie siècle comme on le voit dans Trévoux), et de ce verbe, il avait fait le participe apensé, qui se joignait le plus souvent au mot guet:

Tous lesquels quatre de guet apensé et propos deliberé vinrent assaillir ledit Petit Jehan.

(Jean de Troyes, Chron., 1477.-) Pose qu'elle n'eust commis le cas à son escient, et aussi de guet apensée.

(Aresta amorum, dans Lacurne.)

Plus tard, perdant de vue l'origine de cette expression, on transforma apensé en à pens, en appens, et même en à pend, comme le montrent ces exemples:

Cestuy mary et son filz, occultement, en trahison, de guet à pens, tuarent Abecé.

(Rabelais, Pant., III, 44.) Il y avoit six juges liguez ensemble pour me faire perdre mon procés, c'est un guet appens.

cité.

(Furetière.) Venez-vous icy de guet à pend pour assiéger ma simpli(Gherardi, la Cause des fem., II, p. 37.) Enfin la forme apens nous est restée comme compagne de guet, avec lequel elle a fait, dans la langue moderne, un nom composé qui prend le trait d'union:

Un pli qui par hasard est resté dans ses draps
Lui semble un guet-apens pour lui meurtrir les bras.
(Boursaut, Merc. gal., I, 1.)

Quant au pluriel de ce nom composé, il se forme en mettant une s à guet : des guets-apens; mais la prononciation ne fait pas sentir cette s, de sorte que le pluriel de guet-apens se prononce, dit M. Littré, absolument comme le singulier.

X

Troisième Question.

Il y a quarante ans, le verbe ECOEURER n'existait que dans le vocabulaire de la plus vile populace; est-ce que, montant de la cuisine et de l'antichambre au salon, ce verbe est aujourd'hui devenu français?

Pour moi, un mot fait partie d'une langue lorsqu'il est d'un usage général dans cette langue et qu'il présente une formation selon les règles du groupe auquel il appartient.

Or, voyons si écœurer remplit ces conditions.

Est-il d'un usage général? - Certainement, puisque c'est justement la raison qui sert d'appui à votre plainte; mais il y a plus encore: c'est qu'il est usité depuis le xvii siècle au moins, attendu qu'on le trouve dans Ant. Oudin (Curiosités françaises) et avec la signification qui suit :

Faire perdre le cœur, dégoûter. Cette odeur m'écœure. Un pareil langage m'écœure. »

A-t-il été composé en vertu des lois de l'analogie? Evidemment, car écœurer, formé de la particule é (de ex) et de cœur dans l'une des diverses acceptions que l'on sait (ardeur, vif intérêt, courage, fermeté, esto

mac), a une composition entièrement semblable à celle

des mots suivants : Etêter (ôter la tête).

Ebarber (ôter les barbes).

Ecosser (ôter les cosses). Echeniller (ôter les chenilles). Ebrancher (ôter les branches). [Ecorner (ôter les cornes).

Par conséquent, le verbe en question est, à n'en pas douter, français et bien français.

Quant au reproche que vous lui adressez de n'avoir existé, il y a 40 ans, que dans « le vocabulaire de la plus vile populace », il me paraît difficile de pouvoir l'admettre; car un mot, qui est en quelque sorte un article du vêtement de la pensée, subit à ce titre l'influence de la mode, et peut, grâce à cette reine capricieuse à la vérité mais toute puissante, devenir un jour en faveur auprès des gens instruits après avoir été longtemps employé par le seul vulgaire.

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Quand un mot finissant par une syllabe nasale est suivi d'un autre commençant par une voyelle ou une н muette, 4° faut-il toujours les lier, et 20 comment cette liaison doit-elle se faire? Par exemple, UN HOMME, DIVIN ENFANT doivent-ils se prononcer UNE HOMME, DIVINE ENFANT?

Règle générale, les sons nasals ne se lient pas au mot suivant; mais il y a un certain nombre d'exceptions indiquées ci-après :

1° Les adjectifs qui précèdent leurs substantifs, tels que mon, certain, malin, prochain, mien, etc.;

2o Le mot en, préposition ou mis pour comme; 3 Les pronoms on et en, mais seulement quand ils sont placés avant le verbe;

4° Les adverbes bien, combien, rien, quand ils précèdent les adjectifs, les participes ou d'autres adverbes ;

5o L'adverbe de négation non, devant l'adjectif ou le substantif qu'il modifie;

6° L'article indéfini un, ainsi que le même mot dans l'expression un à un, et dans toutes celles où l'un est suivi de l'autre.

Maintenant, comment cette liaison doit-elle se faire? Est-ce en altérant le son nasal, ou est-ce en le laissant intact?

Je suis toujours d'avis (car j'ai déjà traité la question dans le Courrier de Vaugelas, Are année, no 4, p. 5), que l'on fasse entendre la finale nasale comme si elle était seule, et que l'on mette une n euphonique devant le mot qui suit cette syllabe, c'est-à-dire que

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tandis que la question dont il s'agit concerne le plus souvent la liaison d'un adjectif suivi de son substantif, ce qui constitue une certaine offense à la logique; 2° Que le célèbre lexicographe admet tantôt une manière de lier et tantôt une autre, puisqu'il veut, d'un côté, que l'on prononce u-nami, u-nhomme, biénécrire, mo-nami, no-nactivité, et de l'autre, divinnamour, commun-nintérêt, on-naime, en-navant,

qui, à mon avis, ne peut guère se justifier ;

ce

3° Qu'une telle prononciation fait entendre au féminin des adjectifs qui sont au masculin, ce qui me semble contraire au principe de la liaison, établie non pour changer le son des mots, mais seulement pour en faciliter la prolation;

Je me trouve parfaitement autorisé à croire que la règle de prononciation que j'ai donnée plus haut, règle qui non-seulement s'applique sans exception à toutes les finales nasales, mais encore se rattache par son respect de la voyelle finale au principe plus général sur lequel repose la théorie de la liaison dans notre langue, est la seule règle rationnelle qui puisse être établie pour joindre la voyelle nasale de la fin d'un mot à la voyelle qui peut la suivre.

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Les cloches de l'eglise, de ce soiez certains, Sonnèrent tout par elles sans metre piez ne mains. (Ach. Jubinal, Nouv. rec., I, p. 69.)

D'un autre côté, la même langue employait comme la nôtre l'expression à part, dans le sens de séparement; ainsi on trouve :

Quant aucuns trueve en quemin aucune coz queüe [chue] lever l'en pot et porter en à part.

(Beaumanoir, XXV, 20.) Il, laissée la concion d'eux, traisit les consulz à part. (Bercheure, f 72, recto.)

Or, un jour vint, avant le xvie siècle, si j'en juge par les citations que je vais faire, que l'origine de ce par suivi d'un pronom tomba en oubli, et que cette préposition fut confondue avec le substantif part, qui se trouve dans à part; ce dernier était plus en usage: on mit après lui le pronom qui avait jadis suivi par (confusion d'autant plus facile qu'il y a un grand rapprochement d'idée entre seul et séparément), et l'on eut l'expression à part moi, à part lui, à part eux, etc., comme le montrent ces exemples:

Et souvent à part soy disoit : Sainct Gabriel, bonne nouvelle !

(Ch. d'Orléans, Ball., 57.)

Quand je suis à part moi, souvent je m'étudie.

(Régnier, Satyre, XII.)

L'on le trouvoit toujours apprenant par cœur, ou composant à part soy quelques harangues.

(Amyot, Thémis., 2.)

Depuis lors, on a continué à donner la même orthographe à cette expression :

Pendant ces mots l'époux gronde à part soi.

(La Fontaine, Jument.)

Je voulais m'y prendre autrement pour étudier à part moi, un homme si cruellement, si légèrement, si universellement jugé.

(J.-J. Rousseau.)

Mais, en réunissant en une seule deux expressions renfermant, l'une par, et l'autre part, on en a obtenu une troisième qui est loin d'être bonne; en effet :

4° Elle offre un substantif immédiatement suivi d'un pronom, construction qui, n'ayant jamais eu lieu tant dans le français moderne que dans le français ancien, est un pur barbarisme;

2o Le sens en est tout autre que celui qu'on lui donne; car à part exprimant une idée de séparation, à part soi, par exemple, doit naturellement signifier étant séparé de soi, tandis qu'il s'emploie pour dire : étant séparé des autres;

3o La préposition à y est complétement inutile, parce que l'origine de cette expression est le latin per se (par soi), qui n'a jamais été traduit avec la préposition à avant par.

Ainsi, ce n'est pas seulement quant à l'orthographe, mais c'est à tous les autres égards que à part soi est une expression vicieuse.

Dans ses Variations (p. 409), et dans ses Récréations (I, p. 218), Génin dit que l'adverbe à part n'est qu'une forme elliptique de à par, et qu'on devrait y écrire part sans t.

Je ne suis pas du tout de cet avis; à part, qui veut dire en état de séparation, comme à flot, par exemple, veut dire en état de flottaison, vient, selon moi, du verbe partiri, séparer, diviser, et requiert en conséquence un t final.

Du reste, comment à part pourrait-il venir du latin per (par) suivi d'un pronom, quand à ne peut se mettre devant aucune autre préposition?

ÉTRANGER

Première Question.

Le mot FILS doit-il se prononcer Fi ou FISSE?

devant une consonne, un fiss', c'est une très mauvaise prononciation. »>

Je partage entièrement cette manière de voir, et pour les deux raisons que je vais vous dire :

1° Si l'on fait sonner l's finale dans le mot en question, pourquoi ne pas prononcer également, par analogie, un puiss', pour un puits, des fusiss', pour des fusils, les gentiss', pour les gentils?

2o Adopter la prononciation fiss', c'est rendre faux et impossibles à dire les nombreux vers tant anciens que modernes où fils rime avec un mot en is, comme dans les suivants :

J'ai vu, seigneur, j'ai vu votre malheureux fils,
Traîné par les chevaux que sa main a nourris.

(Racine, Phèdre.)
Mais, soit justice ou crime, il est certain, mes fils
Que mon amour pour vous fit tout ce que je fis.
(Corneille, Rodogune.)

Je puis les regarder comme nos ennemis,
Et donne sans regrets mes souhaits à mes fils.
(Idem, Horace.)

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Voici le résumé de la solution que j'ai donnée de cette question à la page 68 de la 3° année du Courrier de Vaugelas :

Au xve siècle, époque où boulevard nous est venu d'Allemagne, on écrivait boulevercq; au xvi siècle, boulevers et boulevert, et, en même temps, boulevars, boulevart et boulevard, en vertu d'un changement de er en ar qui n'a rien d'insolite quand il s'agit de la langue française.

Vers le milieu du XVIe siècle, le mot en question n'avait plus que deux formes: boulevart et boulevard, formes admises encore aujourd'hui par l'Académie (1835) et dont la première a été adoptée par l'administration municipale, probablement à cause de rempart. Quant à la meilleure de ces deux orthographes, il me semble que c'est boulevard, avec un d, parce qu'on en dérive plus naturellement boulevardier, qu'on ne le ferait de boulevart.

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M. Littré indique pour ce mot la prononciation fi, CHIR, que mon dictionnaire fait venir de v▲CHE, sans puis il ajoute :

« Beaucoup de personnes ont pris depuis quelque temps l'habitude de faire entendre l's quand ce mot est isolé ou

que je puisse le croire suffisamment?

Si l'on cherche avachi en espagnol, on trouve hoba

cho, qui correspond à notre adjectif mou; si on le cherche en italien, on trouve debole, qui se traduit également en français par mou; nos dictionnaires donnent mou comme synonyme de avachi, troisième fait qui prouve que mou est bien le sens de ce mot. Or, mou se dit weich (pron. vaïch) en allemand, langue qui a fourni jadis un certain nombre de termes à la nôtre je crois que avachir vient de weich.

Je comprends que, de prime abord, on ait la pensée de rattacher avachir à vache; mais il y a un empêche→ ment à la possibilité de cette origine, c'est que s'avachir s'écrit en wallon s'avachi et s'awachî, ce qui confirme l'étymologie allemande.

PASSE-TEMPS GRAMMATICAL

Corrections du numéro précédent.

-

1o... car il avait bec et ongles (sans article); 2° Nous nous sommes donné comme tâche; 3o... vient de demander à la Commission du budget et d'en obtenir qu'elle proposát; 4°... que sa malheureuse mère eût pu se lever;. — 5o... qu'il défendrait... J'ai voulu que les électeurs fussent bien; 6° Je suppose qu'on lui porte; - 70... il serait inexact que les Carlistes eussent tiré; 8... pas laissé aveugler; 9°... moins naïf qu'on ne croit; 10°... avec un zèle des plus louables (Voir Courrier de Vaugelas, 3o année, p. 84).

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Phrases à corriger

trouvées pour la plupart dans la presse périodique.

1. Mais cette victoire, tout accidentelle qu'elle soit, nous humilie profondément, et nous en concluons à la nécessité pour le parti républicain de déployer plus d'initiative et d'énergie que jamais.

2 Pour cette œuvre dissolvante, les légitimistes, les orléanistes et les républicains ont oublié leurs haines les mieux justifiées; ils se sont donné la main et ils se sont imaginés nous avoir porté des coups dont nous ne pourrions pas nous relever.

3. Il est impossible que cette malencontreuse idée prévaille, et l'on doit croire que la prévoyance politique de la Chambre en ferait justice quand même.....

4° En revenant le soir à Stockolm, les centaines de villas qui se trouvent sur le lac étaient toutes illuminées, et ces milliers de lumières augmentaient la beauté et l'originalité du panorama.

5. A deux reprises déjà, une fois avant la guerre, et la seconde fois après la guerre, les Allemands ont essayé d'empêcher que la langue française fût la langue officielle des congrès d'anthropologie.

6 Il fallait d'ailleurs s'y attendre, étant donné les antécédents du candidat, longtemps fonctionnaire sous l'empire, puis député officiel, et des plus aveuglément dévoués au régime.

7. Voici d'abord le soulier à poulaine, terminé par un bec demesuré, chaussure bizarre et incommode, qui se maintint en usage depuis le milieu du quatorzième siècle jusqu'à la fin du quinzième.

8° L'arrêté de nomination sera signifié avant deux mois aux intéressés, qui devront être rendus à leur corps respectif le 31 décembre au plus tard.

9. Le journal de M. Jules Simon témoigne à ce propos des regrets qui ne laissent pas, au premier coup d'œil, que de paraître assez surprenants.

(Les corrections à quinzaine.)

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Lequel, laquelle. Toutes les fois qu'on le peut, il vaut généralement mieux employer qui, dût-on le répéter deux fois dans une même période, que les pronoms lequel, laquelle, lesquels, lesquelles, pronoms rudes pour l'ordinaire.

Lairrois, lairrai. Ces abréviations pour laisserois, laisserai ne valent rien, quoiqu'une infinité de gens s'en servent. Invectiver. Pour signifier faire des invectives, n'est pas du bel usage, et il n'est pas permis de faire à sa fantaisie des verbes tirés et formés des substantifs, quoique beaucoup de gens se donnent cette autorité.

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Des mieux. Il n'y a rien de si commun que cette façon de parler, il danse des mieux, il chante des mieux pour dire il danse fort bien, il chante parfaitement bien; mais elle est très-basse, et nullement du langage de la Cour, où l'on ne peut la souffrir.

Quatre pour quatrième et autres semblables. - Dans la chaire et au barreau, on dit au chapitre neuf pour neuvième, Henri quatre pour Henri quatrième; mais comme tous demeurent d'accord que l'adjectif est meilleur, pourquoi ne pas l'employer plutôt que le nom de nombre?

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