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PRÉFACE.

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CET ouvrage ne devoit former originairement qu'un chapitre de l'Histoire du philosophisme françois ; mais à mesure que nous nous sommes engagés dans la lecture des auteurs anglois qui ont écrit sur cette question, la matière s'est étendue sous notre plume, et il en est résulté les deux volumes que nous publions aujourd'hui. Lorsqu'ensuite nous avons entrepris de faire connoître plus amplement l'histoire particulière du philosophisme anglois, notre première idée fut d'abord de nous borner à traduire l'excellent ouvrage de Leland, sur les écrivains déistes d'Angleterre; mais cela n'auroit pas rempli notre but, qui étoit de faire remarquer les rapports de la doctrine angloise avec la doctrine françoise. Cet auteur n'est entré d'ailleurs dans aucuns détails sur la personne de ces écrivains. Ces détails n'auroient eu sans doute qu'un médiocre intérèt dans son pays, où ils sont suffisamment connus. Ils doivent en avoir un plus grand dans le nôtre, où ils le sont moins. Ils nous ont même paru tenir essentiellement à l'his. toire de la philosophie angloise, parce qu'ils contribuent souvent à faire mieux saisir l'esprit des ouvrages et l'intention des auteurs : voilà pourquoi, dans les courtes notices que nous donnons sur les personnes, nous avons choisi les circonstances de leur vie

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qui sont les plus propres à faire connoître le carae tère de leurs livres. :

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C'eût été manquer la principale partie de notre but, que de nous restreindre à exposer la doctrine des déistes anglois. Notre objet étant moins de satisfaire une vaine curiosité, que de travailler pour l'ins. truction de nos lecteurs, en les prémunissant contre de faux systèmes, nous avons dû, à l'exemple de Leland, y opposer celle des savans apologistes du christianisme, leurs compatriotes, qui se sont distingués dans ce genre de controverse; et, lorsque nous nous sommes apperçus que ces derniers, entraînés par les principes erronés de leur église particulière, ou n'ont pas donné des réponses satisfaisantes sur certaines questions, ou se sont permis des assertions dont les incrédules pouvoient abuser, - nous avons emprunté des apologistes catholiques des argumens plus concluans et des maximes plus exactes. On peut donc regarder cet ouvrage, quant à la partie critique et dogmatique, comme une analyse de ce qui a paru de plus important pour et contre la religion, non-seulement en Angleterre, mais encore en France. Partout où nous avons trouvé des matériaux propres à entrer dans ce plan, nous en avons fait usage. La qualité d'historien, la seule qui nous convienne, nous en donnoit le droit, abandonnant aux controversistes de profession le soin de traiter ces graves questions avec plus d'étendue et de profondeur. Notre seul mérite est d'avoir réuni sous un seul point de vue, et d'avoir présenté dans -un cadre assez resserré, vu l'abondance de la matière; d'un côté, les argumens de l'incrédulité, er de l'autre, les réponses bien supérieures des défenseurs de la religion. L'ouvrage, tel qu'il est, fut composé en Angleterre, dans les momens de loisir que nous laissoient des occupations d'un tout autre genre, auxquelles nous avoient réduit les rigueurs d'un long exil. Ce sont les dépouilles des Egyptiens que nous rapportons dans notre patrie, sans toutefois avoir fait aucun tort aux généreux hôtes parmi lesquels nous les avons recueillies. Sous ce rapport, et sous celui du motif qui nous a fait entreprendre ce travail, il sollicite quelqu'indulgence de la part des lecteurs amis de la religion; car c'est pour eux principalement que nous écrivons.

Le mot Philosophisme, mis en tête de cette histoire, pourra paroître tenir du néologisme. Nous aurions desiré en trouver un autre dans la langue françoise qui, étant plus usité, eût également rendu notre idée, et caractérisé le genre de philosophie dont il s'agit. Ce n'est qu'au défaut de tout autre, propre à remplir cet objet, que nous avons cru pouvoir nous en servirsans inconvénient. La formation des nouvelles sectes a souvent donné lieu à l'invention de nouveaux termes, soit pour caractériser telle ou telle erreur, soit pour exprimer avec plus de précision tel ou tel dogme en proie à leurs insultes. C'est de là que nous sont venus les termes de consubstantialité et de transubstantiation, adoptés dans l'Eglise, l'un pour désigner la divinité de JésusChrist, l'autre pour marquer le changement de substance qui se fait dans l'Eucharistie en vertu des paroles de la consécration. C'est sous le même point de vue qu'il faut considérer celui de Philosophisme,

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appliqué à la fausse philosophie, depuis qu'elle a fait secte parmi nous. On le trouve employé en ce sens dans plusieurs ouvrages estimés, dont les attteurs étoient très ennemis du néologisme, en particulier dans ceux de M. de la Harpe. L'autorité de cet habile critique, qui s'en est servi en écrivant sur le même sujet que nous, devroit seule suffire à notre' justification.

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L'usage fréquent que nous avons fait des termes équivoques de religion naturelle, exige de notre part, une plus ample explication; on la trouvera dans une note assez étendue, mise à la fin du second

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