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est le genre qui comprend sous soi «`honneur, » comme son espèce. Que si, au lieu d'honneur, il y avait « mal, » alors il faudrait répéter la préposition pour, et dire : « pour le bien et pour le mal de son maître. » Il en est ainsi de plusieurs autres prépositions, comme par, contre, avec, sur, sous, et leurs semblables.

Après ces observations grammaticales, on fera une seconde lecture du même récit; et, à chaque période on demandera aux jeunes gens ce qu'ils trouvent de remarquable, soit pour l'expression, soit pour les pensées, soit pour la conduite des mœurs. Cette sorte d'interrogation les rend plus attentifs, les oblige de faire usage de leur esprit, donne lieu de leur former le goût et le jugement, les intéresse plus vivement à l'intelligence de l'auteur par la secrète complaisance qu'ils ont d'en découvrir eux-mêmes toutes les beautés, et les met à peu près en état de se passer du secours du maître. Celui-ci ensuite ajoute et supplée ce qui manque à leurs réponses, étend et développe ce qu'ils ont dit trop succinctement, réforme et corrige ce en quoi ils ont pu se tromper.

« Il leur demanda un homme d'un profond savoir et d'une vie irréprochable, afin que la ville impériale se sanctifiât par ses instructions et par ses exemples. » Grande leçon ! La science ne suffit pas pour remplir les places de l'Église; les bonnes mœurs sont encore plus nécessaires. Cette dernière qualité doit marcher avant l'autre. Aussi l'historien Théodoret, dont cet endroit est tiré, a-t-il mis les mœurs avant le savoir, et l'exemple avant l'instruction, conformément à ce qui est dit de Jésus-Christ, qu'il était puissant en œuvres et en paroles ; qu'il a fait et enseigné. (Luc. xxiv, 19; Act., 1, 1.)<< Afin que les empereurs, qui sont les maîtres du monde et qui ne laissent pas d'être de grands pécheurs, puissent recevoir ses avis avec confiance et ses corrections avec respect. » On pouvait mettre simplement : Afin que les empereurs fussent plus en état de profiter de ses avis et de ses corrections. Mais quelle beauté et quelle solidité n'ajoutent point à cette pensée les deux épithètes et les deux qualités qu'on donne ici aux empereurs, dont l'une semble les mettre au-dessus des remontrances et l'autre marque l'extrême besoin qu'ils en ont. On remarquera aussi la justesse et le rapport des deux parties qui composent ce der

nier membre: « recevoir les avis avec confiance, et les corrections avec respect. >> << Il répondit que cette affaire était au-dessus de ses forces, et que ce choix leur appartenait. » Admirez la piété éclairée de Valentinien, qui ne veut point se charger du choix d'un évêque, sachant qu'il se rendrait responsable des terribles suites que pourrait avoir une mauvaise élection.

« Les évêques s'assemblèrent. » On expliquera en peu de mots comment se faisaient alors les élections, et par quels degrés elles ont été conduites à l'état où nous les voyons. « Ambroise vint à l'église pour empêcher le désordre. » On fera remarquer comment la divine Providence préside à toutes les délibérations, et surtout aux assemblées ecclésiastiques : de quelle manière elle se cache sous des événements qui paraissent n'être l'effet que du hasard, mais qu'elle a secrètement ordonnés; avec quel souverain empire elle dispose des volontés des hommes; qu'elle arrive toujours à ses fins, sans donner atteinte à leur liberté; combien elle est maîtresse de nos pensées, et avec quelle facilité elle calme et réunit des esprits qui, un moment auparavant, étaient divisés et tout près d'ea venir à une sédition ouverte. « Qu'il n'était pas même encore baptisé. » On dira un mot de l'ancienne coutume de différer le baptême afin de se préparer à recevoir dignement le baptême, et de se mettre en état d'en conserver plus sûrement l'effet de la vertu.

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<«< On lui donna (des gardes, de peur qu'il ne s'enfuît. » On développera les vains efforts de saint Ambroise pour éviter l'épiscopat sa fuite précipitée pendant toute une nuit et ses courses incertaines qui le ramenèrent au même lieu d'où il était parti et les divers artifices qu'il employa pour paraître peu digne de cette haute dignité, mais dont le peuple connut bien la véritable cause. Ce sera une occasion naturelle de faire bien remarquer aux jeunes gens que dans les premiers siècles de l'Église il fallait faire violence aux saints pour les engager dans le ministère ou dans les dignités de l'Église, et que toire ecclésiastique en rapporte une infinité de beaux exemples que le temps ne permet pas de raconter. Par là on excite leur curiosité, et dans d'autres occasions on leur apprend combien saint Basile, saint Grégoire de Nazianze, saint Chrysos

l'his

tome, saint Augustin, saint Paulin, et tant d'autres répandirent de larmes, quand on les força d'accepter le sacerdoce ou l'épiscopat; et combien leur crainte était sérieuse et leur douleur profonde et sincère, dans l'appréhension où ils étaient de ne pas suffire à un tel fardeau.

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En faisant tous les jours dans les classes une lecture de cette sorte, il est aisé de comprendre jusqu'où irait le progrès, au bout de quelques années; quelle connaissance les jeunes gens acquerraient de leur langue; combien ils apprendraient de choses curieuses soit pour l'histoire, soit pour les anciennes coutumes; quel fonds de morale s'amasserait imperceptiblement dans leurs esprits; de combien d'excellents principes pour la conduite de la vie, ils se rempliraient eux-mêmes par les différents traits d'histoire qu'on leur ferait lire ou qu'on leur citerait. Enfin, à l'aide de tels exercices, ils remporteraient di college un goût décidé pour la lecture, ce qui peut être regardée comme l'un des principaux fruits qu'on doive attendre de l'éducation. En effet, le goût de la lecture préserverait les jeunes gens d'une infinité de dangers inséparables de l'oisiveté, leur ferait aimer et rechercher la compagnie des gens de lettres et des personnes d'esprit, et leur rendrait insupportables tant de fades conversations, dénuées de toute solidité et qui sont une suite de l'ignorance et la source de mille maux.

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LA BRUYÈRE. 1. Le riche et le pauvre. 2. Gnathon ou

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