D'HYGIÈNE FAIT A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE PARIS Par Louis FLEURY PROFESSEUR AGRÉGÉ A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE PARIS TOME TROISIÈME PARIS P. ASSELIN, SUCCESSEUR DE BÉCHET JNE ET LABÉ LIBRAIRE DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE Place de l'École-de-Médecine. 1861-4872 L'organisme humain, cette machine si complexe et si compliquée, où se meuvent tant de rouages si différents les uns des autres, où s'accomplissent tant de phénomènes si dissemblables, depuis l'élaboration de la pensée et des sublimes inspirations du génie jusqu'à celle des matières excrémentitielles, depuis les plus nobles sentiments jusqu'aux plus vulgaires sensations, l'organisme humain est un Tout dont il est impossible de distraire, d'isoler, de léser une seule partie, sans jeter dans l'ensemble une perturbation plus ou moins considérable, plus ou moins prolongée, plus ou moins grave. Là où cette solidarité générale et réciproque ne trouve point sa raison d'être dans une continuité ou une contiguïté de tissus, dans un enchaînement de fonctions, interviennent les sympathies, l'habitude et jusqu'à l'imagination, cette folle de la maison, objet de notre admiration ou de nos dédains, suivant qu'elle devient une source de grandeurs ou de misères, de gloire ou d'abaissement, de succès ou de Succès! revers! éternels faux poids de la balance où le jugement des hommes pèse ceux qu'il proclame héros ou brigands, revers. T. III. 4 libérateurs ou conspirateurs, empereurs ou usurpateurs, bourreaux ou victimes. Cependant, Messieurs, dans cet ensemble coordonné, dans ce Tout, il est des parties d'une importance prépondérante; des rouages, des organes, des appareils, des systèmes plus nécessaires les uns que les autres, et c'est ainsi que Bichat, se plaçant au point de vue de la vie et de la mort dans l'animalité, est arrivé à constituer son trépied vital, en lui donnant pour supports la respiration, la circulation et l'innervation. En se plaçant davantage au point de vue de la santé, en adjoignant aux causes directes et immédiates de la vie ou de la mort les causes indirectes et médiates les plus puissantes, il faut ajouter la digestion et les sécrétions. Mais, si l'on envisage plus particulièrement l'humanité, l'homme vivant, pensant, sentant et agissant, l'on ne tarde pas à reconnaître qu'entre tous ces rouages il en est un qui, — primus inter pares, est l'âme de la machine, comme le fragile morceau de bois qui soutient la table du violon est l'âme à laquelle l'instrument doit la plénitude et la beauté de ses sons. Cette suprématie, je ne l'accorde pas au système nerveux, bien qu'il tienne sous sa domination toutes les grandes fonctions de l'économie, bien qu'il soit le point de départ des réactions et des sympathies organiques; je ne l'accorde pas à la moelle allongée, dût-elle être le siége de ce fabuleux nœud vital qui a subi tant de vicissitudes, tant de transformations sous la plume et sous l'emporte-pièce de M. FlouJe l'accorde au cerveau, parce qu'il est l'organe des facultés intellectuelles et des facultés affectives; parce qu'en lui réside la véritable caractéristique de l'humanité la faculté de comparer, de juger, d'imaginer, d'aimer et de se dévouer, portée à un degré de perfectibilité qui n'appartient qu'à l'homme. rens. Et cependant, le plus savant anatomiste, le phrénologiste le plus perspicace ne distinguera pas le cerveau de Voltaire de celui de Nonotte, le cerveau de Bossuet de celui du Père Loriquet, le cerveau de G. Sand de celui de M. Barbey d'Aurevilly! Mystère devant lequel doit s'incliner, non la raison, mais la science; mystère non moins réfractaire aux spéculations des spiritualistes qu'aux investigations des matérialistes; mystère qui est, parce qu'il doit être, et qu'on retrouve, à des degrés différents, dans le règne organique tout entier dont il constitue les individualités. Les conditions nécessaires de toute société sont l'égalité devant la loi; la diversité et l'inégalité des individus. Nous reviendrons sur ces graves questions, car après avoir étudié |