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celle dont Charles s'était vanté en disant : « J'ai fait tout c >> me regarde; rien désormais ne peut m'être imputé. »

Les communes firent apporter les papiers, vérifièrent I ration, et n'en parlèrent plus, comme rougissant de trop c ler un tel manque de foi: mais leur silence ne promettait l'oubli '.

Toutes les attaques recommencèrent contre la tolérance d pistes, la faveur accordée aux fausses doctrines, le relâche des mœurs, la mauvaise distribution des dignités et des plois, les procédés des cours d'exception, le mépris des lil des sujets 2.

Telle était la passion de la chambre, qu'un jour elle éc en grand silence et avec faveur, un homme inconnu, mal de grossière apparence, qui, parlant pour la première foi nonçait, comme un furieux et en mauvais langage, l'i gence d'un évêque pour un prédicateur obscur, plat pa disait-il. C'était Olivier Cromwell 5.

Charles essaya vainement d'arracher aux communes la cession des droits de douane, unique but, pour lui, de leu velle réunion. Il employa tantôt la menace, tantôt la dou avouant qu'il tenait ces taxes, comme tout autre, du pu de son peuple, et qu'au parlement seul il appartenait établir, mais exigeant toujours qu'elles lui fussent acc pour toute la durée de son règne, comme à la plupart prédécesseurs 4. Les communes furent inébranlables : ce seule arme qui leur restât pour se défendre du pouvoir a En s'excusant de leurs retards, elles y persistèrent et nuèrent de déployer leurs griefs, mais sans but détermine élever, comme dans la session précédente, des préte claires et précises, en proie à un trouble violent mais et agitées du sentiment d'un mal qu'elles ne savaient cor guérir. Le roi se lassait: on lui refusait sa demande sa accueillir, avec l'air de la pure malveillance, et comme dans nique dessein d'entraver son gouvernement. On annonça qu'il it dessein d'ajourner les chambres. Sir John Elliot proposa en te hâte une nouvelle remontrance contre la perception des bits1. L'orateur, alléguant un ordre du prince, refusa de la met= aux voix. On insista: il quitta son fauteuil; MM. Hollis, Vatine et d'autres membres l'y ramenèrent avec violence, malgré efforts des amis de la cour pour l'arracher de leurs mains. « De par Dieu, lui dit Hollis, vous siégerez jusqu'à ce qu'il plaise à La chambre de sortir. » — «Je ne veux pas, je ne puis pas, je n'ose pas, » s'écriait l'orateur. Mais les passions n'avaient plus de ein, on le contraignit de se rasseoir. Le roi, informé du tuulte, fit donner à l'huissier de la chambre l'ordre de se re-er avec la masse, ce qui suspendait de droit toute délibéraon: l'huissier fut retenu comme l'orateur; on lui ôta les clefs - la salle: un membre, sir Miles Hobart, se chargea de les garer. Le roi envoya un second messager pour annoncer la dissotion du parlement; il trouva les portes fermées en dedans, et e put entrer. Charles, furieux, fit appeler le capitaine de ses ardes, et lui commanda d'aller enfoncer les portes. Mais, dans ntervalle, les communes s'étaient retirées, après avoir adopté ne protestation qui frappait d'illégalité la perception des droits e douane, et déclarait traître quiconque les lèverait ou consenrait seulement à les payer 2.

1 Parl. Hist, t. 2, col. 435.

2 Parl. Hist., t. 2, col. 438, 443, 466, 473.

5 11 février 1629. Parl. Hist., t. 2, col. 464. Mémoires de Warwick, dans ma collection des Mémoires relatifs à la Révolution d'Angleterre. 4 Parl. Hist., t. 2, col. 442.

Tous rapprochement était impossible: le roi se rendit à la mambre des pairs 5: « Jamais, dit-il, je ne suis venu ici dans une occassion plus déplaisante ; je viens dissoudre le parlement. La conduite séditieuse de la chambre basse en est la seule cause; je ne l'impute point à tous; je sais qu'il y a dans cette chambre beaucoup d'honnêtes et loyaux sujets; quelques vipères les ont trompés ou opprimés. Que les mal- veillants s'attendent à ce qui leur est dû. Pour vous, milords - de la chambre haute, comptez de ma part sur la protection

:

12 mars 1629.

2 Parl. Hist. t. 2, col. 487-491.

5 10 mars 1629,

>> et la faveur qu'un bon roi doit à sa fidèle noblesse 1. » L= solution fut prononcée. Peu après parut une déclaration tant: « On répand, dans de mauvais desseins, qu'un parle » sera bientôt réuni. Sa Majesté a bien prouvé qu'elle n » pour les parlements aucune aversion; mais leurs den >> excès l'ont décidée, malgré elle, à changer de conduite

tiendra désormais pour une insolence tout discours, >> démarche qui tendrait à lui prescrire une époque >> conque pour la convocation de parlements nouveau Charles tint parole, et ne s'inquiéta plus que de gouv seul.

1 Parl. Hist., t. II, col. 493.

2 Ibid., col. 525.

LIVRE DEUXIÈME.

entions du roi et du conseil.
pathie apparente de l'Angleterre.
- La reine. - Strafford. Laud.
ment. - Tyrannie civile et religieuse. - Ses effets sur les diverses classes de
a nation. Procès de Prynne, Burton et Bastwick; - de Hampden Sou-
èvement de l'Écosse. Première guerre avec les Écossais. Paix de Ber-
Court parlement de 1640. Seconde guerre avec les Écossais.

Poursuites contre les chefs du parlement. -
Lutte des ministres et de la cour, -
Iucohérence et discrédit du gouverne-

vick.

Son mauvais succès. Convocation du long parlement.

1629-1640.

Rien n'est si périlleux que de prendre un système de gouverement pour ainsi dire à l'essai, et avec cette arrière-pensée 'on en pourra toujours changer. Charles avait commis cette ute. Il avait tenté de gouverner de concert avec le parlement, ais persuadé et répétant sans cesse que, si le parlement était op indocile, il saurait bien s'en passer. Il entra dans la carrière adespotisme avec la même légèreté, proclamant son intention la suivre, mais pensant qu'après tout, si la nécessité devenait op pressante, il pourrait toujours recourir au parlement.

Ainsi en jugeaient ses plus habiles conseillers. Ni Charles, ni ersonne autour de lui ne conçut alors le dessein d'abolir sans etour les anciennes lois de l'Angleterre, le grand conseil naonal. Plus imprévoyants qu'audacieux, plus insolents que perers, leurs paroles, leurs actes même dépassaient le but de leurs ensées. Le roi, se disaient-ils, s'était montré juste et bon eners son peuple; il avait beaucoup permis, beaucoup accordé. Lien n'avait suffi à la chambre des communes; elle exigeait que

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le roi se mît dans sa dépendance et sous sa tutelle; il ne I vait sans cesser d'être roi. Quand le prince et le parlem parvenaient pas à s'entendre, c'était au parlement de céd le prince seul était souverain. Puisque la chambre ne pas céder, il fallait bien gouverner sans elle ; la nécessit évidente; tôt ou tard le peuple la comprendrait, et alors, lement devenu plus sage, rien n'empêcherait qu'au besoin ne le rappelât auprès de lui.

Plus imprévoyante encore que le conseil, la cour ne vi dans la dissolution qu'une délivrance. En présence de la bre des communes, les courtisans vivaient mal à l'ais n'osait poursuivre hardiment sa fortune, ni jouir hauter son crédit. Les embarras du pouvoir gênaient les intri attristaient les fètes de Whitehall. Le roi était soucieux, I intimidée. Le parlement dissous, ces inquiétudes et ces e disparaissaient; les grandeurs frivoles retrouvaient leu et les ambitions domestiques leur liberté. La cour n'en dait pas davantage, et s'inquiétait peu de savoir si, pour faire, on changeait le gouvernement du pays.

Le peuple en jugea autrement: la dissolution fut, à se un symptôme assuré d'un profond dessein, de la résolu détruire les parlements. A peine la chambre des cor s'était séparée, et déjà à Hamptoncourt, à Whitehall, où se rassemblait la cour, les papistes secrets ou décla prédicateurs et les serviteurs du pouvoir absolu, les d'intrigue ou de plaisir, indifférents à toute croyance, s taient réciproquement de leur triomphe; tandis qu'à la dans les principales prisons de Londres et des comtés, le seurs des droits publics, traités à la fois avec dédain et étaient détenus et accusés pour ce qu'ils avaient dit ou fai sanctuaire inviolable du parlement 1. Ils réclamaient le viléges, leur mise en liberté sous caution, et les juges h à répondre; mais le roi mandait les juges 2, et les requ prisonniers étaient repoussées. Le courage ne leur manq

Les membres de la chambre des communes arrêtés et poursuivis éta lis, sir Miles Hobart, sir John Elliot, sir Peter Hayman, Selden, Corit Strode et Valentine, State-Trials, t. 3, col. 235-335. 12 En septembre 1629. Old Parl. Hist. t. 8, p. 371.

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