ns son camp, jusque dans sa maison. Ceux-ci, toujours prunts dans leurs actes, humbles dans leur langage, ménageaient s comtés qu'ils avaient envahis, comblaient d'égards leurs -isonniers, et renouvelaient en toute occasion leurs protestaOns de sentiments pacifiques, de fidélité et de dévouement au i, sûrs de la victoire et ne demandant que la paix, qui ne Duvait manquer de la consacrer. Au mot de paix commençait s'unir celui de parlement. A ce nom, Charles, saisi de crainte, magina 1, on ne sait par quel avis, de convoquer à York le rand conseil des pairs du royaume, assemblée féodale depuis uatre siècles tombée en désuétude, mais qui jadis, au temps Le la faiblesse des communes, avait souvent partagé seule le Douvoir souverain. Sans bien savoir ce qu'était ni ce que pourait cette assemblée, on en espérait plus de complaisance et de ménagement pour l'honneur du roi; on se demandait s'il ne serait pas possible qu'elle votât seule des subsides 2. Mais avant que le grand conseil se fût réuni, deux pétitions, l'une de la cité de Londres, l'autre de douze pairs, des plus considérables par leur rang ou leur crédit 4, sollicitèrent, en termes exprès, la convocation d'un vrai parlement. C'était assez pour vaincre la dernière résistance d'un roi qui ne pouvait plus rien. Au milieu de ces incertitudes, Strafford, pour satisfaire son ressentiment autant que pour justifier ses avis, avait attaqué les Écossais et remporté sur eux quelque avantage; il fut blâmé comme ayant compromis le roi, et reçut l'ordre de se renfermer dans ses quartiers 5. Les pairs s'assemblèrent 6. Charles leur annonça qu'il convoquait un parlement, et ne réclama que leurs conseils pour traiter avec les Écossais 1. Les négociations s'ouvrirent. Seize pairs, tous enclins au parti populaire, furent chargés de les diriger 2. On stipula d'abord que les deux armées resteraient sur pied, et que le roi paierait celle des Écossais aussi bien que la sienne. Un emprunt de 200,000 livres sterling fut demandé, pour y suffire, à la cité de Londres, et les pairs joignirent leur parole à celle du roi pour en garantir l'emploi 5. Après avoir signé à Rippon les articles préliminaires, Charles, pressé de se reposer auprès de la reine de tant d'embarras et de dégoûts, transféra la négociation à Londres 4, où le parlement devait s'assembler. Les commissaires écossais s'y rendirent en hâte, certains de trouver là de puissants alliés. Les élections s'accomplissaient dans toute l'Angleterre; la nation s'y portait avec ardeur; la cour, triste et abattue, essayait en vain d'y exercer quelque influence; ses candidats, faiblement soutenus, étaient partout repoussés; elle ne réussit même pas à faire élire sir Thomas Gardiner, que le roi voulait avoir pour orateur 5. La réunion du parlement fut fixée au 3 novembre. Quelques personnes conseillèrent à Laud de choisir un autre jour. Celuilà, dit-on, éiait de mauvais augure; sous Henri VIII, le parlement rassemblé à pareil jour avait commencé par la ruine du cardinal Wolsey, et fini par la destruction des abbayes 6. Laud écarta ces présages, non par confiance, mais comme lassé de combattre, et s'abandonnant, ainsi que son maître, aux chances d'un avenir que tous cependant, vaincus ou vainqueurs, étaient bien loin de prévoir. Le 7 septembre 1640. - Rushworth, part. 2, t. 2, p. 1257. 2 Clarendon, Hist. of the rebell., t. 1, p. 253. 3 Rushworth, part. 2, t. 2, p. 1263. 4 Ibidem, p. 1260. Les douze signataires étaient les lords Essex, Bedford, Hertford, Warwick, Bristol, Mulgrave, Say et Seal, Howard, Bolingbroke, Mandeville, Brook et Paget. 5 Clarendon. Ilist. of the rebell., t. 1, p. 273. - MM. Lingard (Ilist. of Engl., tome 10, p. 95, note 91) et Brodie (Hist. of the British empire, etc., tome 2, page 539), nient ce fait, d'après des inductions tirées de documents officiels et contemporains; mais leurs raisons ne me paraissent pas suffisantes pour faire rejeter le témoignage de Clarendon, dont le récit est formel, circonstancié, et qui n'avait à ce sujet aucun motif d'altérer la vérité, 6 Le 24 septembre 1640. Rushworth, part. 2, t.2. p. 1275. 2 Les lords Bedford, Hertford, Essex, Salisbury, Warwick, Bristol, Holland, Berkshire, Mandeville, Wharthon, Paget, Brook, Pawlet, Howard, Saville, Duns more. 5 Rushworth, part. 2, t. 2, p. 1279. 4 Le 23 octobre 1640. Rushworth, part. 2, t. 1286-1303, 5 Clarendon, Hist. of the rebell, t. 2, p. 2. 6 Whitelocke, p. 35. Whitelocke, p. 33. LIVRE TROISIÈME. verture du parlement. - Il s'empare du pouvoir. Etat des partis politiques et religieux. -- Concessions du roi. Négociations entre le roi et les chefs du parlement. - Complot de l'armée. - Procès et mert de Strafford. Voyage du roi en Écosse. Insurrection de l'Irlande. Débat de la remontrance. Retour du roi à Londres. - Progrès de la révolution Émentes. - Affaire des cinq membres. Le roi quitte Londres. Départ de la reine pour le continent. - Affaire de la milice. - Négociations. - Le roi fixe à York sa résidence. - Les deux partis se préparent à la guerre. - L'entrée de Hall est refusée au Vaines Lentatives de conciliation. - Formation des deux armées.. roi. 1640-1642. Au jour fixé, le roi ouvrit le parlement. Il se rendit à Westminster sans pompe, presque sans suite, non à cheval et le long les rues, selon l'usage, mais par la Tamise, dans une simple Darque, craignant les regards comme un vaincu qui suit le triomphe de son vainqueur. Son discours fut vague et embarrassé. Il y promit le redressement de tous les griefs, mais persistant à donner aux Écossais le nom de rebelles, et à demander qu'on les chassat du royaume, comme si la guerre durait encore. La chambre des communes l'écouta avec un froid respect. Jamais, au début d'une session, on ne l'avait vue si nombreuse; jamais les visages n'avaient paru si fiers en présence du souverain 1. Le roi à peine sorti, ses serviteurs, rares dans la chambre, reconnurent bientôt, au milieu des groupes et dans leurs entre ! Clarendon, Hist, of the rebell., t. 2. p. 1-4. - Part. Hist., t. 2, col. 629. tiens, que le courroux public surpassait même leurs craintes. La dissolution du dernier parlement avait aigri les hommes les plus modérés. Nul ne parlait plus de conciliation ni de prudence. Le jour était venu, disait-on, de déployer tout le pouvoir de la chambre et de déraciner les abus, si bien qu'on n'en pût craindre aucun rejeton. Ainsi, avec des forces bien inégales, des pensées également hautaines se trouvaient en présence. Depuis onze ans, le roi et l'église a vaient proclamé leur souveraineté absolue, indépendante, le droit divin; ils avaient tout tenté pour la faire accepter ou subir à la nation. Hors d'état d'y réussir, et pourtant professant toujours les mêmes maximes, ils venaient, dans leur impuissance, demander secours à une assemblée qui, sans l'ériger en principe, sans l'étaler fastueusement, croyait aussi à sa souveraineté, et se sentait capable de l'exercer. Elle commença par mettre au grand jour tous ses griefs. Chaque membre arrivait porteur d'une pétition de sa ville ou de son comté; il la lisait, et les prenant aussitôt pour texte de quelque discours, il proposait que la chambre, en attendant des mesures plus efficaces, votât du moins que les plaintes étaient légitimes 1. Ainsi éclata en quelques jours et de toutes parts l'opinion du pays. Ainsi furent soudainement passés en revue et condamnés tous les actes de la tyrannie, les monopoles, la taxe des vaisseaux, les arrestations arbitraires, les usurpations des évèques, les procédés des cours d'exception. Nul ne s'opposait à ces résolutions 2; et telle était l'humanité que plusieurs furent adoptées sur la motion d'hommes qui, peu après, devinrent les plus intimes confidents du roi 5. Comme si ce moyen n'eût pas suffi à tout dévoiler, plus de quarante comités furent institués dans la chambre pour rechercher les abus et recevoir les plaintes des citoyens 4. De jour en jour, des bourgeois, des fermiers venaient à cheval, et par bandes, apporter à Londres celles de leur ville ou de leur canla chaire, sur les places publiques, avidement accueillie quel ■'en fût l'organe ou la forme, et admise avec la même confiance it qu'elle s'élevât, sans rien spécifier, contre le gouvernement ut entier, soit qu'elle nommât des individus pour réclamer, ns mission, leur châtiment. La puissance des comités fut illimitée; personne n'eut le droit d'y opposer même le silence, et es membres mèmes du conseil privé furent tenus de répondre ur ce qui s'était passé dans son sein 2. Parl. Hist., t. 2, col. 640-666. Rushworth, part. 2. t. 1, p. 21. 2 Parl. Hist., t. 2, col. 672. Clarendon, Hist. of the rebell., t. 2, p. 21. 5 Sir John Colepepper, lord Digby, lord Falkland, etc. 4 Rushworth, part. 2, t. 1, p. 28. - Neal, Hist. of the Purit., t. 2, p. 318. A l'improbation des actes se joignit la proscription générale Les auteurs. Tout agent de la couronne, quel que fût son rang, qui avait pris part à l'exécution des mesures réprouvées, fut marqué du nom de délinquant 5. Dans chaque comté, une liste des délinquants fut dressée. Aucune peine uniforme et définiLive ne fut portée contre eux; mais ils pouvaient chaque jour, au gré de la chambre, au moindre prétexte de nouvelle défaveur, être appelés devant elle, et punis par des amendes, l'emprisonnement ou la confiscation. En vérifiant ses propres élections, la chambre déclara indigne de siéger sur ses bancs quiconque avait eu part à quelque monopole 4. Quatre membres furent exclus à ce titre 5. Plusieurs le furent également sous prétexte de quelque irrégularité, mais au fond sans motif légal, et parce qu'on se méfiait de leurs opinions. Deux des monopoleurs les plus décriés, sir Henri Mildmay et M. Whitaker, furent admis sans obstacle ; ils s'étaient donnés au pouvoir nouveau 6. A l'aspect de ce pouvoir si immense, si subit, si passionné, l'effroi saisit tous les serviteurs de la couronne, quiconque avait à redouter un reproche ou un ennemi. Pour eux l'accusation était partout, la défense nulle part. La cour ne songeait qu'à se faire oublier; le roi cachait, sous une complète inaction, sa tristesse et ses inquiétudes; les juges, tremblant pour eux Whitelocke, Memorials, etc. p. 36. 2 Clarendon, Hist. of the rebell., t. 2, p. 43. 5 Clarendon, Hist. of the Rebell., t. 2, p. 14. 4 Le 9 novembre 1640. 5 Le 21 janvier 1641. 6 Parl, Hist. t. 2, col. 631, 656, 707.-Clarendon, list. of the rebell., t. 2. p. 13. |