danger de mon prince qu'à mon propre danger. J'ai donc été enhardi, et j'ai fait ce que vous savez. Pourtant, quand j'ai prononcé dans la chambre ces paroles, que personne ici-bas n'était infaillible, pas même notre noble reine, je me suis arrêté, j'ai regardé vos figures à tous, et j'ai vu clairement que ces mots vous saisissaient tous d'épouvante. Alors j'ai tremblé moi-même par sympathie, et la peur m'a fait hésiter à prononcer les phrases suivantes, car votre contenance me disait qu'aucun de vous ne s'opposerait à mon départ pour le séjour qui m'attend. Mais la conscience et le devoir d'un sujet loyal m'ont donné la force de continuer; vos seigneuries l'ont entendu. Voilà comment j'ai parlé ainsi ; j'en remercie Dieu; et si c'était à refaire, je le referais avec le même dessein. LE PRÉSIDENT. Oui, mais vous auriez pu parler en termes plus doux; pourquoi ne l'avez-vous pas fait ? WENTWORTH. Vous auriez voulu que je parlasse comme un membre du conseil privé ! que, sur un si grave sujet, je m'exprimasse en termes que la reine n'aurait pas compris ! J'aurais manqué mon but; je voulais servir Sa Majesté, et de telles paroles n'auraient servi à rien. LE PRÉSIDENT. Vous nous avez répondu. WENTWORTH. J'en rends grâces à Dieu. (Wentworth salue, le président, M. Seckford, dit :) LE PRÉSIDENT. M. Wentworth ne veut pas convenir qu'il ait eu tort, ni manifester aucun regret de ce qu'il a dit, vous n'entendrez pas un mot d'excuse sortir de sa bouche. WENTWORTH. M. Seckford, tant que je vivrai, je ne croirai point avoir eu tort d'aimer la reine; je ne regretterai point de l'avoir avertie de ses périls. Si vous pensez que ce soit là une faute, parlez pour vous, M. Seckford. Quant à moi, je ne puis. (Old Parl. Hist., t. IV, p. 200-207, édit. de 1765.) II. (Servant d'éclaircissement à la page 132.) ÉCRIT TROUVÉ DANS LE CHAPEAU DE FELTON, ASSASSIN DU DỤC DE BUCKINGHAM. L'écrit original qu'on trouva dans le chapeau de Felton subsiste encore; il est en la possession de M. Upcott, et M. Lingard l'a publié textuellement; il est conçu en ces termes : « Celui-là est honteusement lâche et ne mérite pas le nom d'un » gentilhomme ou d'un soldat, qui n'est pas disposé à sacrifier sa vie » pour l'honneur de son Dien, de son roi et de son pays. Que personne > ne me loue pour l'avoir fait; mais que plutôt tous s'accusent eux» mêmes, comme ayant été la cause de ce que j'ai fait, car si Dieu ne >> nous avait pas rendus sans cœur en punition de nos péchés, il n'au» rait pas été si longtemps impuni. » JOHN FELTON. (Lingard's History of England, t. IX, p. 594.) III. (Servant d'éclaircissement à la page 143.) SUR LE CARACTÈRE DE L'ADMINISTRATION DE STRAFFORD EN IRLANDE. La lettre suivante, adressée par Strafford à son ami intime Christoph Wandesford, maître des rôles en Irlande, l'informe de tout ce qu'il a fait pour repousser, auprès du roi et de son conseil, les accusations dont il avait été l'objet : « Je demandai, dit-il, la permission de me justifier sur certaines >> affaires au sujet desquelles j'avais été indignement et cruellement » calomnié. Je leur racontai tout ce qui s'était passé entre moi, le » comte de Saint-Albans, Wilmot, Mountnorris, Piers, Crosby et le » jury de Galway, disant que je savais très-bien que ces gens-là et » leurs amis s'étaient efforcés de persuader au monde que j'étais un » homme dur et impitoyable, plutôt un pacha de Bude que le minis» tre d'un roi pieux et chrétien. Cependant, si je ne me trompe pas » sur moi-même, ai-je dit, je suis précisément le contraire. Aucun » homme ne pourrait prouver que mon caractère ait jamais laissé > voir de telles dispositions; aucun de mes amis ne m'en accusera » dans ma vie privée; personne ne peut dire que je sois rude dans le » maniement de mes affaires personnelles. Si donc je suis, dans tou» tes ces occasions à l'abri de tels reproches, tout homme impartial » sera forcé de convenir que la nécessité seule du service de Sa Ma» jesté a pu me contraindre à une sévérité extérieure et apparente. » Telle en a été en effet l'unique cause; j'ai trouvé une couronne, une » Église et un peuple au pillage; je n'ai pu me flatter de les y arra>> cher avec de doux regards et de gracieux sourires; il y fallait de >> l'eau plus chaude. Sans doute, quant un pouvoir est une fois établi » et assuré, on peut le garder et le maintenir à sa place par des me>> sures douces et modérées; mais lorsque la souveraineté (qu'il me >> soit permis de le dire) s'en va dégringolant au fond de l'abîme, on >> ne peut l'en retirer sans énergie, ni la faire remonter vers le som>> met autrement que par une extrême vigueur. Je n'ai connu, il est » vrai, aucun autre moyen de gouvernement que les châtiments et >> les récompenses; partout où j'ai trouvé un homme de bien et com» plétement dévoué au service de mon maître, j'ai mis ma main sous » son pied, et je l'ai élevé en considération et en pouvoir autant que >> je l'ai pu : quand j'ai rencontré un homme de dispositions contrai» res, je ne l'ai point pressé dans mes bras, je n'ai point cajolé sa » mauvaise humeur; et s'il est venu à ma portée, autant que l'hon>> neur et la justice me l'ont permis, je l'ai frappé d'une main ferme » sur la nuque: mais dès qu'il est devenu un homme nouveau, dès » qu'il s'est dévoué au gouvernement, comme il le devait, j'ai changé » aussi ma manière, et lui ai rendu, comme à l'autre, tous les bons >> offices qui ont été en mon pouvoir. Si c'est là de la rudesse, si c'est ›› là de la sévérité, je désire que Sa Majesté et vos seigneuries dai>> gnent me l'apprendre, car en vérité cela ne m'a point paru ainsi; >> cependant, si une fois je savais que Sa Majesté n'aime point à être >> servie de la sorte, je me conformerais volontiers à ses ordres et >> suivrais le penchant de mon caractère, qui est de vivre tranquille et >> de n'avoir de querelle avec personne. 1 Le duc de Buckingham. » Ici Sa Majesté m'interrompit en disant que la conduite dont je » venais de parler n'était point de la sévérité, et qu'elle souhaitait >> que je continuasse de la même manière; car, si je la servais autrement, je ue la servirais pas comme elle l'attendait de moi. » (Strafford's Letters and Dispatches, t. II, p. 20.) IV. (Servant d'éclaircissement àl a page 150.) AMENDES IMPOSÉES AU PROFIT DE LA COURONNE, DE 1629 A 1640. 1o Richard Chambers, pour avoir refusé le paiement des droits de douane non voté par le parlement, fut con- liv. sterl. 2o Hilllyard, pour avoir vendu dusalpêtre. • 2000 5000 7000 Report. 7000 3o Goodenough, pour la même chose. 1000 40 Sir James Maleverer, pour n'avoir pas voulu composer avec les commissaires du roi pour le titre de chevalier. 2000 50 Le comte de Salisbury, pour empiétement sur les forêts 100 Sir Antoine Coper, pour avoir converti des terres à blé 120 Henri Sherfield, pour avoir cassé quelques vitraux peints de l'église de Salisbury. 500 130 John Overman et plusieurs autres fabricants de savon, pour avoir dérogé aux ordonnances du roi sur la fabrication et la vente du savon. 13000 140 John Rea. 2000 150 Pierre Hern et plusieurs autres, pour avoir exporté de l'or. 160 Sir David Foulis et son fils, pour avoir parlé avec irrévé 8100 rence de la cour du Nord. 5500 170 Prynne, pour libelle. 5000 180 Buckner, censeur, pour avoir permis la publication du livre de Prynne. 50 190 Michel Sparks, imprimeur, pour avoir publié le même livre. 500 200 Allison et Robins, pour mauvais propos sur le compte de l'archevêque Laud. 210 Bastwick, pour libelle. 22o Prynne, Burton et Bastwick, pour libelle. 230 Le domestique de Prynne, pour la même cause. 240 Bowyer, pour propos contre Laud. 250 Yeomans et Wright, pour mauvaise teinture de soies. 260 Savage, Weldan et Burgon, pour mauvais propos contre lord Falkland, lord lieutenant d'Irlande. 2000 1000 15000 1000 3000 5000 3500 270 Grenville, pour mauvais propos sur le comte de Suffolk. 280 Favers, idem. 4000 1000 290 Morley pour avoir injurié et frappé sir George Theobald dans l'enceinte du palais. 1000 Report. 500 Williams, évêques de Lincoln, pour mauvais propos contre Laud. 31 Bernard, pour avoir préché contre l'usage des crucifix. 520 Smart, pour avoir prêché contre les innovations ecclé siastiques du docteur Cozens, etc. En tout 175650 liv. sterl. ou 4,341,250 fr. 162150 10000 1000 500 175650 Il s'en faut beaucoup que cette liste soit complète; on pourrait extraire de Rushworth (t. I et II) une multitude d'autres cas qui s'élèveraient à une somme considérable. V. (Servant d'éclaircissement à la page 177) INSTRUCTIONS DU ROI AU MARQUIS DE HAMILTON, POUR LA TENUE DU SYNODE DE GLASGOW, EN 1638. Le roi écrivait à Hamilton : « Quant à cette assemblée générale, quoique je n'en attende aucun » bien, cependant j'espère que vous empêcherez beaucoup de mal, » d'abord en suscitant entre eux des débats sur la légalité de leurs » élections, ensuite en protestant contre leurs procédés irréguliers et >> violents. » Et ailleurs: « Je désapprouve tout à fait l'opinion des prélats qui pensent qu'il » faudrait proroger cette assemblée; en ne la laissant pas réunir, je > ferais plus de tort à ma réputation que ses actes insensés ne peu>> vent faire de mal à mon service. Je vous ordonne donc de l'ouvrir » au jour désigné ; mais, comme vous me le mandez, si vous pouviez » la dissoudre en découvrant des nullités dans ses opérations, rien de mieux. » (BURNET, Memoirs of the Hamiltons, p. 82, 88). |