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READING LESSON S.

[The manner of dividing words into syllables is not the same in French and in English. A practical illustration of the French mode will not be unacceptable to the student. In the following fables the hyphen is placed to separate the syllables.]

I.-FABLES.

1. LE CHE-NE ET LE SY-CO-MO-RE.

Le der-nier

Un chê-ne é-tait plan-té près d’un sy-co-mo-re. pous-sa des1 feuil-les dès le com-men-ce-ment du prin-temps, et mépri-sa 1 in-sen-si-bi-li-té du pre-mier. Voi-sin, dits le chê-ne, ne comp-te pas trop sur les ca-res-ses de cha-que zé-phyr in-cons-tant. Le froid peut re-ve-nir. Pour moi, je ne suis pas pres-sé de pous-ser des feuil-les; j'at-tends que la cha-leur soit cons-tan-te. Il a-vait rai-son; une ge-lée dé-trui-sit les beau-tés nais-san-tes du sy-como-re. Eh bien! dit l'au-tre, n'a-vais-je pas rai-son de ne me pas pres-ser?

Ne comp-tez ni sur les ca-res-ses ni sur les pro-tes-ta-tions ex-cessi-ves'; elles sont or-di-nai-re-ment de cour-te du-rée. PERRIN.

1 Lesson 12, Rule 3. 2 L. 5, R. 1. voir, page 388. 5 L. 8, R. 1.

From dire, page 376.
From détruire, page 376.

2. LE LOUP DÉ-GUI-SÉ.

4 From pouL. 13, R. 5.

UN loup, la ter-reur d'un trou-peau, ne sa-vait' com-ment fai-re pour at-tra-per des mou-tons; le ber-ger é-tait con-ti-nuel-le-ment sur ses gar-des. L'a-ni-mal vo-ra-ce s'a-vi-sa de se dé-gui-ser de la peau d'u-ne bre-bis qu'il a-vait en-le-vée3 quel-ques jours au-pa-ravant. Le stra-ta-gè-me lui1 réus-sit pen-dant quel-que temps; mais en-fin, le ber-ger dé-cou-vrit l'ar-ti-fi-ce, a-ga-ça les chiens con-tre lui; ils lui ar-ra-chè-rent la toi-son de des-sus les é-pau-les, et les mi-rent en piè-ces.

Ne vous fiez pas tou-jours à l'ex-té-rieur. Un hom-me de ju-gement et de pé-né-tra-tion ne ju-ge pas se-lon les ap-pa-ren-ces.

PERRIN.

* From savoir, page 392.
L. 27, R. 2.

2 L. 12, R. 3.

5 L. 27, R. 1.

3 L. 42, R. 7.
• From mettre, p. 384.

3. L'Â-NE ET SON MAÎTRE.

UN â-ne trou-va par ha-sard une peau de lion,' et s'en2 re-vê-tit, (revétir, 2. ir.) Ainsi dé-gui-sé il al-la dans les fo-rêts, et ré-pan-dit par-tout la3 ter-reur et la cons-ter-na-tion. Tous les a-ni-maux fuyaient de-vant lui. Enfin il ren-con-tra son maî-tre qu'il vou-lut é-pou-van-ter aus-si; mais le bon hom-me a-per-ce-vant quel-que cho-se de long, aux deux cô-tés de la tê-te de l'a-ni-mal, lui dit: maî-tre bau-det, quoi-que vous so-yez vê-tu com-me un lion, vos o-reil-les vous tra-his-sent et mon-trent que vous n'ê-tes ré-el-le-ment qu'un â-ne.

Un sot a tou-jours un en-droit qui le dé-cou-vre et le rend ri-dicu-le. L'af-fec-ta-tion est un jus-te su-jet de mé-pris. PERRIN.

1 L. 5, R. 3.
5 L. 18. R. 3.

2 § 39, (17.)

3 L. 8, R. 2.
L. 73, R. 4.

4. L'AI-GLE ET LE HI-BOU.

From fuir, page 380.

L'AI-GLE et le hi-bou, a-près a-voir1 fait long-temps la guer-re convin-rent d'u-ne paix; les ar-ti-cles pré-li-mi-nai-res a-vaient é-té pré-a-la-ble-ment si-gnés par des2 am-bas-sa-deurs: l'ar-ti-cle le plus es-sen-tiel é-tait que le pre-mier ne man-ge-rait pas les pe-tits de l'au-tre.-Les con-nais-sez3-vous? de-man-da le hi-bou.— Non, répon-dit l'ai-gle.-Tant pis.-Pei-gnez-les-moi ou me les mon-trez; foi d'hon-nê-te ai-gle je n'y tou-che-rai ja-mais. Mes pe-tits, répon-dit l'oi-seau noc-tur-ne, sont mi-gnons, beaux, bien faits; ils ont la voix dou-ce et mé-lo-dieu-se ;' vous les re-con-naî-trez ai-sé-ment à ces mar-ques.—Très bien, je ne l'ou-blie-rai pas. Il ar-ri-va un jour que l'ai-gle a-per-çut dans le coin d'un ro-cher de pe-tits monstres très laids, re-chi-gnés, avec un air tris-te et lu-gu-bre. Ces enfants, dit-il, n'ap-par-tien-nent pas à no-tre a-mi; man-geons-les; aus-si-tôt il se mit à en' fai-re un bon re-pas. L'ai-gle n'a-vait pas tort.10 Le hi-bou lui a-vait fait une faus-se pein-ture de ses pe-tits; ils n'en a-vaient pas le moin-dre trait.

Les pa-rents de-vraient é-vi-ter avec soin ce fai-ble en-vers leurs en-fants, il les rend sou-vent a-veu-gles sur leurs dé-fauts.

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5. LE PAY-SAN ET LA COU-LEU-VRE.

UN pay-san, al-lant au bois a-vec un sac pour y1 met-tre des noiset-tes, c'é-tait la sai-son, trou-va u-ne cou-leu-vre. Ah! ah! dit le

man-ant, je te tiens3 à pré-sent; tu ne m'é-chap-pe-ras pas; tu viendras (venir, 2. ir.) dans ce sac et tu mour-ras. L'a-ni-mal per-vers; je veux dire la cou-leu-vre, et non pas l'hom-me; lui dit : qu'ai-je fait pour mé-ri-ter un pa-reil trai-te-ment ?-Ce que tu as fait ? Tu es le sym-bole de l'in-gra-ti-tu-de, le plus o-dieux de tous les vi-ces.-S'il faut que les in-grats meu-rent, ré-pli-qua har-di-ment le rep-ti-le, vous vous con-dam-nez vous-même; de tous les a-ni-maux l'hom-me est le plus in-grat.-L'hom-me! dit le pay-san, sur-pris de la hardies-se de la cou-leu-vre; je pour-rais' t'é-cra-ser dans l'ins-tant, mais je veux m'en rap-por-ter à quel-que ju-ge.-J'y con-sens. U-ne va-che é-tait à quel-que dis-tan-ce; on1 l'ap-pel-le, el-le vient;" on lui pro-po-se le cas.-C'é-tait bien la pei-ne de m'ap-pe-ler, dit-el-le; la cho-se est clai-re; la cou-leu-vre a rai-son. Je nour-ris l'hom-me de mon lait; il en fait du beur-re et du fro-ma-ge; et pour ce bienfait, il man-ge mes en-fants. A pei-ne sont-ils nés12 qu'ils sont é-gorgés13 et cou-pés en mil-le mor-ceaux. Ce n'est pas tout: quand je suis vieil-le, et que je ne lui don-ne plus de lait, l'in-grat m'as-som-me sans pi-tié; ma peau mê-me n'est pas à l'a-bri de son in-gra-ti-tu-de; il la tan-ne et en fait des bot-tes et des sou-liers. De là, je con-clus que l'hom-me est le vrai sym-bo le de l'in-gra-ti-tu-de. A-dieu; j'ai dit ce que je pen-se.

L'hom-me, tout é-ton-né, dit au rep-ti-le: je ne crois pas ce que cet-te ra-do-teu-se a dit; elle a per-du l'es-prit: rap-por-tons-nous-en à la dé-ci-sion de cet ar-bre.-De tout mon cœur.-L'ar-bre é-tant pris pour ju-ge, ce fut bien pis en-co-re. Je mets l'hom-me à l'a-bri1 des o-ra-ges, de la cha-leur, et de la pluie. En été, il trou-ve sous mes bran-ches u-ne om-bre a-gré-a-ble; je pro-duis des fleurs et du fruit; ce-pen-dant, a-près mil-le ser-vi-ces, un ma-nant me fait tom-ber à coups de ha-che: il cou-pe tou-tes mes bran-ches, en fait du feu, et ré-serve mon corps, pour ê-tre sci-é en plan-ches. L'homme se voy-ant ain-si con-vain-cu: je suis bien sot, dit-il, d'é-cout-er1s u-ne ra-do-teu-se et un ja-seur. Aus-si-tôt il fou-la la cou-leu-vre aux pieds et l'é-cra-sa.

Le plus fort a tou-jours rai-son, il op-pri-me le plus fai-ble. La for-ce et la pas-sion sont sour-des à la voix de la jus-ti-ce et de la vé-ri-té.

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PERRIN.

From tenir, page 396. From falloir, page 380. page 398. · Z 39, (18.) 12 From naître, page 384. 15 L. 21, R. 2.

6. LE SIN-GE.

UN vieux sin-ge ma-lin é-tant mort, son om-bre des-cen-dit dans la som-bre de-meu-re de Plu-ton, où el-le de-man-da à re-tour-ner par-mi les vi-vants. Plu-ton vou-lait la ren-voy-er dans le corps d'un â-ne pe-sant et stu-pi-de, pour lui ô-ter sa sou-ples-se, sa vi-vaci-té, et sa ma-li-ce. Mais el-le fit tant de tours plai-sants et ba-dins, que l'in-fle-xi-ble roi des en-fers ne put1 s'em-pê-cher de ri-re, et lui lais-sa le choix d'une con-di-tion. El-le de-man-da à en-trer dans le corps d'un per-ro-quet.-Au moins, di-sait-el-le, je con-ser-ve-rai par-là quel-que res-sem-blan-ce a-vec les hom-mes que j'ai long-temps i-mi-tés. E-tant sin-ge je fai-sais des ges-tes com-me eux; et é-tant per-ro-quet, je par-le-rai a-vec eux dans les plus a-gré-a-bles conver-sa-tions.

A pei-ne l'om-bre du sin-ge fut in-tro-dui-te dans ce nou-veau métier, qu'u-ne vieil-le fem-me cau-seu-se l'a-che-ta. Il fit ses dé-li-ces; el-le le mit dans une bel-les ca-ge. Il fai-sait bon-ne chè-re, et discou-rait tou-te la jour-née a-vec la vieil-le ra-do-teu-se, qui ne par-lait pas plus sen-sé-ment que lui. Il joi-gnit à son nou-veau ta-lent d'é-tour-dir tout le mon-de,je ne sais quoi de son an-cien-ne pro-fession. Il re-mu-ait sa tê-te ri-di-cu-le-ment, il fai-sait cra-quer son bec, il a-gi-tait ses ai-les de cent fa-çons, et fai-sait de ses pat-tes plusieurs tours qui sen-taient en-co-re les gri-ma-ces de Fa-go-tin. La vieil-le pre-nait à tou-te heu-re ses lu-net-tes pour l'ad-mi-rer; el-le é-tait bien fâ-chée d'être un peu sour-de, et de per-dre quel-que-fois des pa-ro-les de son per-ro-quet, au-quel el-le trou-vait plus d'esprit qu'à per-son-ne. Ce per-ro-quet gâ-té de-vint ba-vard, im-por-tun, et fou. Il se tour-men-ta si fort dans sa ca-ge, et but tant de vin a-vec la vieil-le, qu'il en mou-rut.

Plu-ton ac

Le voi-là re-ve-nu de-vant Plu-ton, qui vou-lut' cet-te fois le faire pas-ser dans le corps d'un pois-son. Mais il fit en-co-re une far-ce de-vant le roi des om-bres, et les prin-ces ne ré-sis-tent guè-re aux de-man-des des mau-vais plai-sants qui les flat-tent. cor-da donc à ce-lui-ci, qu'il i-rait dans le corps d'un hom-me; mais com-me le dieu eut hon-te de l'en-voy-er dans le corps d'un hom-me sa-ge et vert-u-eux, il le des-ti-na au corps d'un ha-ran-gueur en-nuyeux et im-por-tun, qui men-tait, qui se van-tait sans cesse, qui fai-sait des ges-tes ri-di-cu-les, qui se mo-quait de tout le mon-de, qui in-ter-rom-pait tou-tes les con-ver-sa-tions les plus po-lies et les plus so-li-des, pour di-re rien, ou les sot-ti-ses les plus gros-sie-res. Mer-cu-re qui le re-con-nut11 dans ce nou-vel é-tat, lui dit en riant:— Ho! ho! je te re-con-nais; tu n'es qu'un com-posé du sin-ge et du

per-ro-quet que j'ai vus 12 au-tre-fois. Que13 t'ô-te-rait tes ges-tes et tes pa-roles ap-prises par cœur sans ju-ge-ment, ne lais-se-rait rien de toi. D'un jo-li sin-ge et d'un bon per-ro-quet on n'en fait qu'un sot hom-me. FÉNELON.

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1 From pouvoir, page 388; see also § 138, (2.) 2 From fuire, p. 380. 3 L. 13, R. 6. 4 From joindre, page 382. 5 From savoir, page 392. From boire, page 368. . From aller, page 366. 12 L. 42, R. 7.

7 From vouloir, page 398.

8 L. 17, R. 5. 10 L. 21, R. 4. 11 From reconnaître, page 390. § 39, (5.)

19

II. APOLOGUES ET ALLÉGORIES:

1. LE BERGER ET LE TROUPEAU.

QUAND Vous voyez quelquefois un nombreux troupeau, qui, répandu sur une colline, vers le déclin d'un beau jour, paît1 tranquillement le thym et le serpolet, ou qui broute dans une prairie une herbe menue et tendre, qui a échappé à la faux du moissonneur; le berger, soigneux et attentif, est debout auprès de ses brebis; il ne les perd pas de vue; il les suit, il les3 conduit, il les change de paturage; si elles se dispersent, il les rassemble; si un loup avide paraît, il lâche son chien qui le met en fuite; il les nourrit, il les défend; l'aurore le trouve déjà en pleine campagne, d'où il ne se retire qu'avec le soleil. Quels1 soins quelle vigilance! quelle servitude! Quelle condition vous paraît la plus délicieuse et la plus libre, ou du berger, ou des brebis? Le troupeau est-il fait pour le berger, ou le berger pour le troupeau ? Image naïve des peuples, et du prince qui les gouverne, s'il est bon prince. LA BRUYÈRE.

1 From paître, page 386. 2 From suivre, page 394. 3 L. 27, R. 7. 4 § 30, (10.) 5 L. 13, R. 5.

2. LES PARVENUS.

Ni les troubles, Zénobie, qui agitent votre empire, ni la guerre que vous soutenez virilement contre une nation puissante, depuis la mort du roi votre époux, ne diminuent rien de votre magnificence. Vous avez préféré à toute autre contrée les rives de l'Euphrate, pour y élever un superbe édifice; l'air y est sain et tempéré, la situation en est riante, un bois sacré l'ombrage du côté du couchant; les dieux de Syrie, qui habitent quelquefois la terre, n'y auraient pu choisir une plus belle demeure. La campagne autour, est couverte d'hommes qui taillent et qui coupent, qui vont3 et qui viennent, qui roulent ou qui charrient le bois du Liban, l'airain et le porphyre; les grues et les

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