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machines gémissent dans l'air, et font espérer à ceux qui voyagent vers l'Arabie, de revoir, à leur retour en leurs foyers, ce palais achevé, et dans cette splendeur où vous désirez le porter, avant de l'habiter, vous et les princes vos enfants. N'y' épargnez rien, grande reine, employez-y l'or et tout l'art des plus excellents ouvriers; que les Phidias et les Zeuxis de votre siècle déploient toute leur science sur vos plafonds, et sur vos lambris. Tracez-y de vastes et délicieux jardins, dont l'enchantement soit tel, qu'ils ne paraissent pas faits de la main des hommes. Epuisez vos trésors et votre industrie sur cet ouvrage incomparable; et, après que vous y aurez mis, Zénobie, la dernière main, quelqu'un de ces pâtres qui habitent les sables voisins de Palmyre, devenu riche par les péages de vos rivières, achèteras un jour à deniers comptants cette royale maison, pour l'embellir et la rendre plus digne de lui et de sa fortune. LA BRUYÈRE. From venir, page 396 8 § 49, (5.)

1 § 39, (17.) 2 § 134, (2.) From aller, page 366. § 39, (18.) § 49, (2.) 7 L. 61, R. 5.

3. LE PALAIS DE LA RENOMMÉE.

Aux extrémités du monde, sous le pôle, dont' l'intrépide Cook mesura la circonférence, à travers les vents et les tempêtes; au milieu des terres australes qu'une barrière de glace dérobe à la curiosité des hommes, s'élève2 une montagne, qui surpasse en hauteur les sommets les plus élevés des Andes, dans le Nouveau-Monde, ou du Thibet, dans l'antique Asie.

Sur cette montagne, est bâti un palais, ouvrage des puissances infernales. Ce palais a mille portiques d'airain; les moindres bruits viennent frapper les dômes de cet édifice, dont le silence n'a jamais franchi le seuil.

Au centre du monument, est une voûte tournée en spirale, comme une conque, et faite de sorte que tous les sons qui pénètrent dans le palais, y aboutissent; mais, par un effet du génie de l'architecte des mensonges, la plupart de ces sons se trouvent faussement reproduits; souvent une légère rumeur s'enfle et gronde en entrant par la voie préparée aux éclats du tonnerre; tandis que les roulements de la foudre expirent en passant par les routes sinueuses destinées aux faibles bruits.

C'est là que, l'oreille placée à l'ouverture de cet immense écho, est assis sur un trône retentissant, un démon, la renommée. Cette puissante fille de Satan et de l'orgueil, naquit autrefois pour annoncer le mal. Avant le jour où Lucifer leva l'étendard contre le ToutPuissant, la renommée était inconnue. Si un monde venait à s'animer ou à s'éteindre; si l'Éternel avait tiré un univers du néant,

ou replongé un de ses ouvrages dans le chaos; s'il avait jeté un soleil dans l'espace, créé un nouvel ordre de séraphins, essayé la bonté d'une lumière, toutes ces choses étaient aussitôt connues dans le ciel, par un sentiment intime d'admiration et d'amour, par le chant mystérieux de la céleste Jérusalem. Mais, après la rebellion des mauvais anges, la renommée usurpa la place de cette intention divine. Bientôt, précipitée aux enfers, ce1o fut elle qui publia dans l'abyme la naissance de notre globe, et qui porta l'ennemi de Dieu à tenter la chûte de l'homme. Elle vint sur la terre avec la mort, et dès ce moment elle établit sa demeure sur la montagne, où elle entend et répète confusément ce qui se passe sur la terre, aux enfers, et dans les cieux. CHATEAUBRIAND.

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4.-L'ACADÉMIE SILENCIEUSE OU LES EMBLÊMES.

IL y avait1 à Amadan une célèbre académie, dont le premier statut était conçu en ces termes: Les académiciens penseront beaucoup, écriront peu, et ne parleront que le moins possible. On3 l'appelait l'Académie silencieuse, et il n'était point en Perse de vrai savant qui n'eût l'ambition d'y être admis. Le docteur Zeb, auteur d'un petit livre excellent, intitulé le Bâillon, apprits au fond de sa province, qu'ils vaquait une place dans l'Académie silencieuse. Il part aussitôt; il arrive à Amadan, et, se présentant à la porte de la salle où les académiciens sont assemblés, il prie l'huissier de remettre au président ce billet: Le docteur Zeb demande humblement la place vacante. L'huissier s'acquitta sur-le-champ de la commission; mais le docteur et son billet arrivaient trop tard, la place était déjà remplie.

L'académie fut désolée de ce contre-temps; elle avait reçu un peu malgré elle un bel-esprit dont l'éloquence vive et légère faisait l'admiration de la cour, et elle se voyait réduite à refuser le docteur Zeb, le fléau des bavards, une tête si bien faite, si bien meublée! Le président chargé d'annoncer au docteur cette nouvelle désagréable ne pouvait presque s'y résoudre, et ne savait comment s'y prendre. Après avoir un peu rêvé, il fit remplir d'eau une grande coupe, mais si bien remplir, qu'une goutte de plus eût fait déborder la liqueur; puis il fit signe qu'on introduisît le candidat. Il parutio avec cet air simple et modeste qui annonce presque toujours le vrai mérite. Le président se leva, et, sans proférer une seule parole, il lui montra d'un air affligé la coupe emblêmatique, cette coupe si exactement pleine. Le docteur compritu de reste, qu'il n'y avait plus de place à

l'académie; mais, sans perdre courage, il songeait à faire comprendre qu'un académicien surnuméraire n'y dérangerait rien. Il voit à ses pieds une feuille de rose, il la ramasse, il la pose délicatement sur la surface de l'eau, et fait si bien, qu'il n'en échappe pas une seule goutte.

A cette réponse ingénieuse, tout le monde battit des mains, on laissa dormir les régles pour ce jour-là, et le docteur Zeb fut reçu par acclamation. On lui présenta sur-le-champ, le registre où les récipiendaires devaient s'inscrire eux-mêmes. Il s'y inscrivit donc, et il ne lui restait plus qu'à prononcer selon l'usage une phrase de remercîment. Mais, en académicien vraîment silencieux, le docteur Zeb remercia sans dire mot. Il écrivit12 en marge le nombre cent; c'était celui de ses nouveaux confrères; puis, en mettant un zéro devant le chiffre, il écrivit au dessous : Ils n'en vaudront13 ni moins ni plus (0100). Le président répondit au modeste docteur avec autant de politesse que de présence d'esprit. Il mit le chiffre un devant le nombre cent, et il écrivit: Ils en vaudront dix fois davantage (1100).

1 S 61, 2. 2 L. 19, R. 2. 3 § 41, (4.) Unipersonal, that there was a place vacant.

L'abbé BLANCHET.

From apprendre, page 366. 6 L. 13, 6. 7 L. 31, 8.

From voir, page 398. 9 L. 32, R. 3, 4. 10 From paraître, page 386. 11 From comprendre, page 370. 12 From écrire, page 376. 13 From valoir, page 396.

III. ANECDOTES.

1. LE BON MINISTRE.

il ne

LE puissant Aaron-al-Raschid commençait à soupçonner que son visir Giafar ne méritait pas la confiance qu'il lui avait donnée :1 les femmes d'Aaron, les habitants de Bagdad, les courtisans, les derviches, censuraient le visir avec amertume. Le calife aimait Giafar; voulut point le condamner sur les clameurs de la ville et de la cour. Il visita son empire; il vit partout la terre bien cultivée, la campagne riante, les hameaux opulents, les arts utiles en honneur, et la jeunesse dans la joie. Il visita ses places de guerre et ses ports de mer; il vit de nombreux vaisseaux qui menaçaient les côtes de l'Afrique et de l'Asie; il vit3 des guerriers disciplinés et contents. Ces guerriers, les matelots, et les peuples des campagnes s'écriaient: O Dieu! bénissez les fidèles en prolongeant les jours d'Aaron-al-Raschid et de son visir

Giafar; ils maintiennent dans l'empire la paix, la justice, et l'abondance; tu manifestes, grand Dieu, ton amour pour les fidèles, en leur donnant un calife comme Aaron, et un visir comme Giafar! Le calife, touché de ces acclamations, entre dans une mosquée, s'y précipite à genoux, et s'écrie: Grand Dieu! je te rends grâces: tu m'as donné un ministre dont mes courtisans me disent du mal, et dont mes peuples me disent du bien. SAINT-LAMBERT.

1

§ 134, (4.)

2 § 119.

3 From voir, page 398.

2. BONAPARTE ET LA SENTINELLE.*

APRÈS avoir gagné la bataille d'Arcole, qui avait duré1 trois jours, Bonaparte, toujours infatigable, parcourait son camp, sous un vêtement fort simple, qui ne décelait point en lui le général en chef, à l'effet d'examiner par lui-même si les fatigues de trois journées aussi pénibles que cette bataille, n'avaient rien fait perdre à ses soldats de leur discipline et de leur surveillance habituelles. Le général trouve3 une sentinelle endormie, lui enlève doucement son fusil sans l'éveiller, et fait faction à sa place. Quelques moments après, le soldat se réveille; se voyant ainsi désarmé et reconnaissant son général, il s'écrie: Je suis perdu !-Rassure-toi, lui dit Bonaparte avec douceur, après tant de fatigues, il peut être permis à un brave tel que toi de succomber au sommeil; mais une autre fois choisis mieux ton temps.

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Le duc de Montmorenci, qui fut décapité à Toulouse, aimait à répandre des bienfaits. Ce seigneur, voyageant1 en Languedoc, aperçut dans un champ, quatre laboureurs qui dînaient à l'ombre d'un buisson. Approchons-nous de ces bonnes gens, dit-il à ceux qui le suivaient, et demandons-leur s'ils se croient heureux. Trois répondirent que bornant leur félicité à certaines commodités de leur condition, que Dieu leur avait données, ils ne souhaitaient rien dans le monde. Le quatrième avoua franchement qu'une chose manquait à son bonheur: c'était de pouvoir acquérir certain héritage que ses pères possédaient.-Et si tu l'avais, cet héritage, dit M. de Montmorenci, serais-tu content?-Autant que je le1 puis être, répondit le paysan.—Combien vaut-il? demanda le duc.-Deux mille francs, répondit le paysan.-Qu'on les lui donne, reprit le duc, et qu'il soit dit que j'ai rendu un homme heureux en ma vie. LE VASSOR. 9 L. 62, R. (6.) 4 L. 46, R. 4, 5. • L. 28.

1

§ 49, (1.) 2 L. 42, R. 7.

. From valoir, page 396.

*The word sentinelle is always feminine.

IV.-MAXIMES ET RÉFLEXIONS.

1.* LA religion donne à la vertu les plus douces espérances, au vice impénitent de justes alarmes, et au vrai repentir les plus puissantes consolations; mais elle tâche surtout d'inspirer aux hommes de l'amour, de la douceur, et de la pitié pour les hommes.

MONTESQUIEU.

2. Aimez et observez la religion, le reste meurt, elle ne meurt ja mais. FÉNELON.

3. Les vertus nées de la religion, se cachent dans la religion même. LACRETELLE.

4. La religion est encore plus nécessaire à ceux qui commandent, qu'à ceux qui obéissent.

BOSSUET.

5. Prier ensemble, dans quelque langue, dans quelque rite que ce soit, c'est la plus touchante fraternité d'espérance et de sympathie que les hommes puissent contracter sur cette terre.

Mme. DE STAËL.

6. La conscience est un juge placé dans l'intérieur de notre être.

SÉGUR. 7. La conscience est la voix de l'âme, les passions sont la voix du corps. J. J. ROUSSEAU.

8. La vertu obscure est souvent méprisée, parce que rien ne la relève à nos yeux. MASSILLON. 9. La vertu est un effort fait sur nous-mêmes, pour le bien d'autrui, dans l'intention de plaire à Dieu seul.

BERNARDIN DE ST. PIERRE.

10. Il y a une amitié chrétienne que la philosophie humaine ne comprend guère; c'est l'association de deux âmes qui mettent en commun leur foi et leurs prières, et s'élèvent ensemble vers Dieu. LAURENTIE.

11. La modestie est au mérite, ce que les ombres sont dans un tableau; elle lui donne de la force et du relief. LA BRUYÈRE. 12. La vérité n'a jamais besoin de l'erreur, et les ombres n'ajoutent rien à la lumière. LAMARTINE.

13. On n'est pas digne d'aimer la vérité, quand on peut aimer quelque chose plus qu'elle. MASSILLON. 14. La flatterie est une fausse monnaie qui n'a de cours que par notre vanité. LA ROCHEFOUCAULD.

* This extract and several of the following, furnish excellent illustrations of the Rules on the use of the article.

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