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délivré par un détachement de l'armée de Fairfaix, était de nouveau étroitement assiégé1. La consternation fut profonde; les presbytériens triomphaient : <<< Voilà, disaient-ils, le fruit de cette réorganisa>> tion tant vantée; depuis qu'elle est accomplie, >> qu'a-t-on vu? des tâtonnements et des revers. Le >> roi emporte en un jour nos meilleures places, et >> votre général reste immobile devant Oxford, at>> tendant sans doute que les femmes de la cour >>> aient peur et lui ouvrent les portes 2. >>> Pour toute réponse, une pétition du conseil commun fut présentée à la chambre haute3; elle imputait tout le mal à l'inertie des Écossais, aux retards qu'éprouvait encore le recrutement de l'armée, à la prétention qu'avaient les chambres de gouverner de loin les opérations de la guerre, et demandait qu'on donnat au général plus de liberté, aux Écossais de plus fermes avis, à Cromwell son ancien commandement. En même temps Fairfaix eut ordre 4 de quitter le siége d'Oxford, de chercher le roi, et de le combattre à tout prix. En partant il écrivit aux chambres pour redemander à son tour Cromwell, indispensable, dit-il, au commandement de la ca

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1 Whitelocke, p. 144.

2 Clarendon, Hist. of the Rebell., t. 8, p. 50.

3 Le 5 juin 1645; Parl. Hist., t. 3, col. 365. * Le 5 juin.

valerie, et seize colonels avaient signé la lettre 1. Les lords ajournèrent leur réponse, mais l'autorisation des communes fut prompte et jugée suffisante. Fairfax en informa aussitôt Cromwell : tous les corps pressèrent leur marche; et le 12 juin, un peu à l'ouest de Northampton, quelques cavaliers parlementaires, envoyés en reconnaissance, donnèrent tout à coup sur un détachement de l'armée du roi.

Il était loin de s'attendre à leur approche : instruit du blocus d'Oxford, et cédant à l'effroi de la cour assiégée qui le conjurait de revenir3, il avait renoncé à son expédition dans les comtés du nord et de l'est, pour aller débloquer son quartier général. Mais sa confiance n'était point ébranlée; une nouvelle victoire de Montrose avait même exalté récemment ses esprits 4 : << Depuis la rébellion, écrivait

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il à la reine 5, mes affaires n'ont jamais été en si >> bon état. » Aussi suivait-il lentement sa route, s'arrêtant aux lieux qui lui plaisaient, passant ses journées à la chasse, et laissant à ses cavaliers, encore plus confiants que lui, presque autant de liberté1. Au premier bruit de l'apparition des parlementaires, il se replia du côté de Leicester, pour y rallier ses troupes et attendre celles qui devaient lui arriver sous peu, soit du pays de Galles, soit des comtés de l'ouest. Le lendemain, à l'heure du souper, sa sécurité était la même, et il ne songeait point à livrer bataille 3. Mais on vint lui dire que des escadrons parlementaires inquiétaient son arrière-garde. Depuis quelques heures Cromwell était à l'armée 4. Un conseil de guerre fut aussitôt convoqué; et vers minuit, malgré la résistance de plusieurs officiers qui demandaient qu'on attendît les renforts, le prince Robert fit décider qu'à l'instant même on rebrousserait chemin pour aller au-devant de l'ennemi5.

1 Parl. Hist., t. 3, col. 368.

* Le 11 juin; Rushworth, part. 4, t. 1, p. 39.

3 Mémoires du roi Jacques II, t. 1, p. 37, dans ma Collection.

4 Remportée à Auldearn, dans le comté de Nairn, au nord de l'Écosse, le 4 mai 1645.

* Le 9 juin 1645; Mémoires de Ludlow, t. 1, p. 410, dans ma Collection.

La rencontre eut lieu le lendemain matin 6, sur le plateau de Naseby, au nord-ouest de Northampton. A l'aube du jour, l'armée du roi était en bataille sur une petite hauteur, dans une position avantageuse. Des éclaireurs, envoyés pour reconnaître les parlementaires, revinrent au bout de deux heures, disant qu'ils ne les voyaient point. Robert, impatienté, alla lui-même à la découverte avec quelques escadrons; il fut convenu que l'armée resterait immobile jusqu'à son retour. A peine avait-il fait une demi-lieue que l'avant-garde ennemie parut, en marche elle-même vers les cavaliers. Dans son emportement, le prince crut voir qu'elle se retirait, et continua d'avancer, en faisant dire au roi de venir le joindre en toute hâte, de peur. que l'ennemi ne leur échappât. Vers dix heures, les royalistes arrivèrent, un peu troublés de la précipitation de leur mouvement; et Robert, à la tête de la cavalerie de l'aile droite, se lança aussitôt sur l'aile gauche des parlementaires, commandée par Ireton qui devint peu après gendre de Cromwell1. Presqué au même moment, Cromwell, dont les escadrons occupaient l'aile droite, attaqua l'aile gauche du roi, que formaient les cavaliers des comtés du nord, sous le commandement de sir Marmaduke Langdale; et peu d'instants après, les deux infanteries placées au centre, l'une sous les ordres de Fairfax et Skippon, l'autre sous ceux du roi luimême, en vinrent pareillement aux mains. Nulle action n'avait encore été si rapidement générale ni si passionnément acharnée. Les deux armées étaient de force à peu près égale; les cavaliers, ivres de confiance, avaient pour mot de ralliement la reine Marie; les parlementaires, fermes dans leur foi, marchaient en chantant: Dieu est avec nous. Le prince Robert fit sa première charge avec son bonheur accoutumé; après une vive mêlée, les escadrons d'Ireton se rompirent; Ireton lui-même, l'épaule meurtrie, la cuisse percée d'un coup de lance, tomba un moment aux mains des cavaliers. Mais pendant que Robert, toujours emporté dans la même faute, poursuivait l'ennemi jusqu'aux bagages du camp, bien défendus par des artilleurs, et perdait le temps à les attaquer dans l'espoir du butin Cromwell, maître de lui-même et des siens comme à Marston-Moor, avait rompu de son côté les escadrons de Langdale; et, laissant à deux de ses officiers le soin d'empêcher qu'ils ne se ralliassent, se hâtait de revenir sur le champ de bataille où les deux infanteries étaient aux prises. Le combat était là plus vif et plus meurtrier que partout ailleurs. Les parlementaires, chargés par le roi en personne, avaient été mis d'abord en grand désordre; Skippon était grièvement blessé; Fairfax le pressa de se retirer. <<Non, dit-il, tant qu'un homme tiendra, >> je resterai ici; » et il donna à sa réserve l'ordre d'avancer. Un coup de sabre abattit le casque de

1 Rushworth, part. 4, t. 1, p. 40; Clarendon, Hist. of the Rebell., t. 8, p. 51.

2 Le 13 juin 1645.

* Memoirs of sir John Evelyn, t. 2, appendix, p. 97, dans une lettre du roi au secrétaire d'État Nicholas, en date du 13 juin.

* Rushworth, part. 4, t. 1, p. 41; May, Hist. du Long-Parl., t. 2, p. 307.

* Clarendon, Hist. of the Rebell., t. 8, p. 53.

6 Le 14 juin 1645.

1 Le 15 janvier 1647.

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