1 103 d >>> j'attends. >> A ce refus, Charles hors de lui s'élança vers eux, et pâle de colère, d'une voix éclatante, d'un <<< geste menaçant: Sortez, sortez, et ne reparaissez >> jamais devant moi. >> Troublés à leur tour, ils sortirent tous précipitamment, retournèrent à la maison du gouverneur, firent sonner le boute-selle et quittèrent la ville au nombre de deux cents cavaliers. Toute la garnison, tous les habitants accoururent pour offrir au roi l'expression de leur dévouement et de leur respect. Dans la soirée, les mécontents lui firent demander des passe-ports, le priant de ne pas les considérer comme des rebelles : « Je ne les >> baptiserai pas aujourd'hui, dit le roi; quant à >> des passe-ports, qu'on leur en donne tant qu'ils >> en voudront. » Il était encore ému de cette scène ; la nouvelle lui arriva que lord Digby, dans sa marche vers l'Écosse, à Sherburne, avait été atteint et battu par un corps de parlementaires 1, que ses cavaliers s'étaient dispersés, qu'on ignorait ce que lui-même était devenu. Il ne restait donc du côté du nord ni soldats ni espérances, Newark même avait cessé d'être un lieu sûr : les troupes de Poyntz s'étaient rapprochées, occupaient successivement les places voisines, resserraient leurs quartiers de jour en jour; déjà on doutait que le roi pût passer. 1 Vers le milieu d'octobre 1645; Clarendon, Hist. of the Rebell., t. 8, p. 159-162; Rushworth, part. 4, t. 1, p. 128-134. 10 Le 3 novembre, à onze heures du soir, quatre ou cinq cents cavaliers, débris de plusieurs régiments, furent réunis sur la place du marché : le roi parut, prit le commandement d'un escadron, et sortit de Newark par la route d'Oxford. Il avait fait raser sa barbe; deux petites garnisons royalistes, situées sur son passage, étaient prévenues; il marcha jour et nuit, esquivant avec peine tantôt un corps, tantôt une place ennemie, et se crut sauvé en rentrant à Oxford 1, car il y retrouvait son conseil, sa cour, ses habitudes et quelque repos 2. Il y retrouva bientôt sa détresse. Pendant qu'il errait de comté en comté et de ville en ville, Fairfax et Cromwell, ne craignant rien de lui et bien sûrs que le corps de Poyntz suffirait à le harasser, avaient suivi dans l'ouest le cours de leurs succès. En moins de cinq mois, quinze places importantes, Bridgewater3, Bath 4, Sherborne 5 Devizes 6, Winchester, Basing-House 8, Tiverton 9, Mon 1 Le 6 novembre 1645. 2 Clarendon, Hist. of the Rebell., t. 8, p. 162-170; Walker, p. 146, 147; Evelyn's Memoirs, t. 2, Appendix, p. 109, 110. 9 Le 19 octobre. mouth1, etc., étaient tombées en leur pouvoir. Aux garnisons qui se montraient disposées à accueillir leurs ouvertures, ils accordaient sans marchander d'honorables conditions ; à celles qui répondaient plus fièrement, ils faisaient donner sur-le-champ l'assaut 2. Un moment les clubmen leur causèrent quelquè inquiétude. Après les avoir plusieurs fois dispersés par de bonnes paroles, Cromwell se vit obligé de les attaquer. Il le fit brusquement et rudement, habile à passer tout à coup, et selon le besoin, de la douceur à la sévérité, de la sévérité à la douceur. Sur son avis, le parlement qualifia de trahison toute association de ce genre3; quelques chefs furent arrêtés; l'exacte discipline de l'armée rassura le peuple; les clubmen tardèrent peu à disparaître; et quand le roi rentra dans Oxford, la situation de son parti dans l'ouest était si désespérée que, dès le lendemain 4, il écrivit au prince de Galles pour lui ordonner de se tenir prêt à passer sur le continent 5. Pour lui-même il était sans dessein, sans idée, tantôt en proie à la plus vive angoisse, tantôt es 1 Le 22 octobre. * Rushworth, part. 4, t. 1, p. 89. 3 Le 23 août 1645; Parl. Hist., t. 3, col. 390; Whitelocke, p. 165. 4 Le 7 novembre 1645. * Clarendon, Hist. of the Rebell., t. 8, p. 143. sayant d'échapper par l'inaction au sentiment de son impuissance. Il invita pourtant le conseil à lui indiquer quelque expédient, quelque démarche dont on pût espérer quelque résultat. Il n'y avait point à choisir : le conseil proposa un message aux chambres et la demande d'un sauf-conduit pour quatre négociateurs. Le roi y consentit sans objection 1. Jamais le parlement n'avait été moins enclin à la paix. Cent trente membres nouveaux venaient d'entrer dans la chambre des communes, à la place de ceux qui l'avaient quittée pour suivre le roi. Longtemps ajournée, d'abord par ménagement, puis par la difficulté de l'exécution, plus tard à dessein, cette mesure avait été prise enfin à la demande des indépendants, ardents à profiter de leurs succès sur le champ de bataille pour fortifier dans Westminster leur parti 2. Ils mirent tout en œuvre pour dominer dans les élections, ne les ordonnant qu'isolément et l'une après l'autre, les faisant même tantôt retarder, tantôt accélérer, selon les chances qu'elles leur offraient, fourbes et violents, comme des vainqueurs en minorité. Plusieurs hommes, bientôt célèbres dans le parti, entrèrent alors dans la chambre, Fairfax, Ludlow, Ireton, Blake, Sidney, Hutchinson, Fleetwood. Cependant les élections n'eurent point partout le même résultat : beaucoup de comtés envoyèrent à Westminster des hommes étrangers à toute faction bien qu'opposés à la cour, amis de l'ordre légal et de la paix. Mais, à leur arrivée, ils étaient sans expérience, sans lien, sans chefs, peu disposés même à se rallier aux anciens chefs presbytériens qui avaient perdu, la plupart du moins, leur réputation de droiture, ou d'énergie, ou d'habileté. Ils firent peu de bruit, exercèrent peu d'influence; et le premier effet de ce recrutement de la chambre fut d'y donner aux indépendants beaucoup plus d'audace et de pouvoir 1. Les actes du parlement prirent dès lors un caractère 1 Clarendon, Hist. of the Rebell., t. 8, p. 201-204; Parl. Hist., t. 3, col. 405. Le message est du 5 décembre 1645. 2 Ce fut le 13 septembre 1644 qu'il fut question pour la première fois, dans la chambre des communes, de faire remplir les places vacantes. La proposition demeura sans résultat jusqu'au mois d'août 1645. Le 21 de ce mois, et sur une pétition du bourg de Southwark, la chambre vota, à trois voix seulement de majoritė, le remplacement de cinq membres absents, députés de Southwark, Bury Saint-Edmunds et Hythe. Cent quarante-six membres nouveaux furent élus dans les cinq derniers mois de 1645. Sur cinquante-huit signataires de l'ordre d'exécution de Charles Ier, dix-sept appartiennent aux élections de cette époque. En 1646, il y eut encore quatre-vingt-neuf élections nouvelles (Journals of the House of Commons). |