permise; toute autre passerait pour flatterie. Quoique bien éloigné encore de l'époque de la révolution anglaise (le règne de Jacques II), dont les archives de La Haye contiennent, à coup sûr, la véritable histoire, je me suis hâté de les consulter, et j'en ai déjà tiré, comme on le verra à la fin de ce volume, des renseignements et des pièces du plus haut intérêt. S. Exc. M. Van Gobbelscroy, ministre de l'intérieur du royaume des Pays-Bas, et M. de Jouge, garde des archives, ont bien voulu me donner, pour cette recherche, toutes les facilités, tous les secours que j'ai pu désirer. Qu'il me soit permis de leur en adresser mes remercîments vifs et sincères, mais non pas désintéressés, car, dans la suite de cet ouvrage, j'aurai souvent recours à leur bonté, et j'ai besoin qu'elle soit pour moi aussi inépuisable que le riche dépôt confié à leur administration. : F. G. DE LA RÉVOLUTION D'ANGLETERRE. LIVRE V. État des partis et naissance des indépendants. - Dispositions de la cour d'Oxford. - Le roi conclut une trève avec les Irlandais. Parlement d'Oxford. - Mort de Pym. - Campagne de 1644. Bataille de Marston-Moor. - Revers d'Essex dans le comté de Cornouailles. - La mésintelligence éclate entre les chefs presbytériens et Cromwell. - On essaie de négocier - Ordonnance du renoncement à soi-même. Procès et mort de Laud. - Négociations d'Uxbridge. - Réorganisation de l'armée parlementaire. - Fairfax est nommé général. - Essex donne sa démission. 1643-1645. La joie des presbytériens était au comble : le parlement devait à leur chef son salut; leurs ennemis se taisaient; l'armée écossaise, près d'arriver, promettait à leur cause un infaillible appui; eux 1 seuls disposeraient donc désormais des réformes comme de la guerre, et pourraient, à leur gré, les poursuivre ou les arrêter. Dans les chambres et au dehors, à Londres et dans les comtés, un accès de ferveur et de tyrannie religieuses révéla bientôt leur empire. L'assemblée des théologiens reçut ordre de préparer un plan de gouvernement ecclésiastique1; quatre théologiens écossais y furent appelés pour travailler de concert au grand dessein du parti, l'uniformité du culte des deux nations 2. Les comités chargés d'examiner, dans chaque province, la conduite et la doctrine des ecclésiastiques en fonctions redoublèrent d'activité et de rigueur; près de deux mille ministres furent expulsés de leurs cures3; beaucoup d'autres, poursuivis comme anabaptistes, brownistes, indépendants, etc., se virent jetés en prison par les hommes qui naguère y maudissaient avec eux leurs communs persécuteurs. Quiconque, dans la Cité, refusait de souscrire le covenant, fut déclaré inca 1 Le 12 octobre 1643; Neal, Hist. of the Purit., t. 3, p. 123. • Le 20 novembre 1643; c'étaient Henderson, Rutherford, Gillespie et Baillie (Baillie, t. 1, p. 398. - Godwin, Hist. of the commonwealth, t. 1, p. 349). 3 Les écrivains du parti épiscopal ont porté ce nombre à 8000; leurs adversaires le réduisent au-dessous de 1600. L'évaluation que j'ai adoptée est celle qui résulte des renseignements fournis par Neal, Hist. of the Purit., t. 3, p. 111-113. pable de siéger dans le conseil commun, de concourir même à son élection1. Le parlement, dès l'origine de la guerre, avait fait fermer tous les théâtres, sans les frapper d'aucun anathème religieux, et se bornant à dire que les temps d'affliction publique devaient être consacrés au repentir et à la prière plutôt qu'aux plaisirs 2. La même interdiction fut étendue à tous les divertissements, à tous les jeux populaires usités le dimanche et les jours de fête dans tout le royaume; aucun n'obtint grâce, quelle que fût son ancienneté ou son innocence; les arbres de mai3, que plantait depuis des siècles la joie publique au retour du printemps, furent partout abattus, avec défense d'en planter de nouveaux; et si des enfants oubliaient ces lois, leurs parents expiaient par une amende chaque saillie de leur gaîté 4, L'archevêque Laud enfin, depuis trois ans oublié dans sa prison, fut tout à coup mandé à la barre de la chambre haute, et sommé de répondre à l'accusation des communes 5. Le fanatisme compte la haine et la vengeance parmi ses devoirs. La même ardeur éclatait pour la guerre : fiers d'avoir eu tant de part aux dernières victoires, les presbytériens de la Cité ne parlaient plus de paix; un grand nombre de riches bourgeois équipaient des soldats, offraient même de servir en personne : l'un d'eux, Roland Wilson, qui devait hériter de son père un commerce immense et 2,000 liv. sterl. de rente en fonds de terre, rejoignit l'armée d'Essex, à la tête d'un régiment levé à ses frais1. Quelquesuns même des chefs, naguère si enclins aux négociations, Hollis, Glynn, Maynard, haranguaient le conseil commun pour l'exciter aux derniers efforts. Jamais le parti n'avait paru plus énergique ni en possession plus assurée du pouvoir. 1 Le 20 décembre 1643; Neal, Hist. of the Purit., t. 3, p. 66. 2 Le 2 septembre 1642; Parliam. Hist., t. 2, col. 1461. 3 May-Poles; espéce de mâts de cocagne qu'on entourait de branches d'aubépine. * Neal, Hist. of the Purit., t. 3, p. 139. L'amende était de 12 pence, ou 24 sols. * Le 13 novembre 1643; Parl. Hist., t. 3, p. 183. Il touchait pourtant à sa décadence. Engagé, dès son origine, dans une double réforme, celle de l'Église et celle de l'État, il ne les poursuivait point l'une et l'autre en vertu des mêmes principes ni dans les mêmes desseins. En matière religieuse sa foi était ardente, ses doctrines simples, fermes, rigoureusement déduites et enchaînées : le système presbytérien, ce gouvernement de l'Église par des ministres égaux entre eux et délibérant de concert, n'était point, à ses yeux, une institution humaine, flexible, que, selon les temps et les convenances, 1 Whitelocke, p. 72. 2 Ibid. p. 81. |