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de leur installation, de leurs vœux pacifiques, des bonnes dispositions du roi, et le pressaient d'employer son crédit pour déterminer aussi à la paix <<<< ceux dont il avait la confiance 1. >> Par ces mots seuls étaient désignées les chambres de Westminster en qui Charles persistait à ne plus reconnaître le parlement.

Le 18 février, une nouvelle lettre parvint à Essex; le comte de Forth lui demandait un sauf-conduit pour deux gentilshommes que le roi, disait-il, voulait envoyer à Londres avec des instructions au sujet de la paix. << Milord, lui répondit Essex, quand >> vous me demanderez un sauf-conduit pour que >> ces messieurs se puissent rendre, de la part du >> roi, auprès des deux chambres du parlement, je >> ferai de tout mon cœur tout ce qui sera en mon >> pouvoir pour contribuer à ce que désirent tous >> les gens de bien, au rétablissement de la bonne >> intelligence entre sa Majesté et son fidèle et >> unique conseil, le parlement 2. >>

Charles s'applaudissait de trouver ses adversaires si intraitables, et que son parti se vît enfin réduit à placer dans la guerre tout son espoir. Mais l'assemblée d'Oxford n'était point hautaine; elle se sentait peu de force, doutait de son droit, n'avait pas osé prendre le nom de parlement, et regrettait au fond que le roi, en le refusant aux chambres de Westminster, eût mis un tel obstacle à la paix. Elle insista pour qu'il fit encore une démarche et quelque concession capable d'adoucir les esprits. Charles consentit à écrire aux chambres pour leur proposer une négociation, et il adressa sa lettre : << aux lords >> et communes du parlement assemblés à West>> minster ; » mais il y parlait << des lords et com>> munes du parlement assemblés à Oxford >> comme de leurs égaux 1. Un trompette envoyé par Essex rapporta bientôt la réponse des chambres : «La let>> tre de votre Majesté, disaient-elles, nous donne, >> quant à la paix, les plus tristes pensées; les per>> sonnes maintenant réunies à Oxford, et qui, con>> tre leur devoir, ont déserté votre parlement, y >> sont placées au même rang que lui; et ce parle» ment lui-même, convoqué selon les lois connues >> et fondamentales du royaume, autorisé à siéger >> encore par une loi spéciale, sanctionnée de votre >> Majesté, se voit refuser jusqu'à son nom. Nous >> pouvons trahir de la sorte l'honneur du pays >> confié à notre garde, et c'est notre devoir de faire >> connaître à votre Majesté que nous sommes fer

tout quatre-vingt-trois lords et cent soixante-cinq membres des communes adhérents au parlement d'Oxford. (Parl. Hist., t. 3, col. 218)

1 Parl. Hist., t. 3, col. 209.

2 Ibid. col. 212.

;

1 3 mars 1644; Parl. Hist., t. 3, col. 213.

>> mement résolus de défendre et maintenir, au péril >> de nos fortunes et de nos vies, les justes droits et >> le plein pouvoir du parlement 1. »

L'assemblée d'Oxford perdit tout espoir de con ciliation, et se regarda dès lors comme sans objet. Elle continua de siéger jusqu'au 16 avril, publiant de longues et tristes déclarations, votant quelques taxes ou quelques emprunts, adressant aux chambres de Westminster d'amers reproches, et donnant au roi de nombreuses marques de fidélité, mais timide, inactive, embarrassée de son impuissance, et, pour conserver au moins quelque dignité, attentive à témoigner, en présence de la cour, son vit désir de l'ordre légal et de la paix. Le roi, qui avait craint l'empire de tels conseillers, tarda peu à les trouver aussi importuns qu'inutiles; eux-mêmes se lassaient de siéger solennellement sans but et sans fruit. Après d'éclatantes protestations que leurs vœux régleraient sa conduite, Charles prononça leur ajournement; et à peine la salle de leurs séances était-elle fermée qu'il se félicitait, avec la reine, d'être enfin délivré « de ce parlement métis, repaire >> de lâches et séditieuses motions 4.»

1 9 mars 1644; Parl. Hist., t. 3, col. 214.

* Parl. Hist., t. 3, col. 225; Clarendon, Hist. of the Rebell.,

t. 7, p. 69 et suiv.

3 Le 16 avril 1644; Parl. Hist., t. 3, col. 243-247.

* C'est ainsi qu'il en parle lui-même dans une lettre du 13 mars 1645, adressée à la reine. (Mémoires de Ludlow, t. 1, p. 407, dans ma Collection.)

La campagne, près de s'ouvrir, s'annonçait cependant sous de fàcheux auspices. Malgré l'inaction des deux armées principales, la guerre avait continué pendant l'hiver dans le reste du royaume, à l'avantage du parlement. Au nord-ouest, les régiments rappelés d'Irlande, après six semaines de succès, avaient été battus et presque entièrement détruits par Fairfaix, dans le comté de Chester, sous les murs de Nantwich1. Au nord, les Écossais, sous les ordres du comte de Leven, avaient commencé leur mouvement d'invasion2: lord New-. castle s'était porté à leur rencontre; mais, en son absence, Fairfaix avait défait à Selby 3 un corps nombreux de royalistes; et pour mettre l'importante place d'York à l'abri de toute attaque, Newcastle, s'était vu contraint des'y renfermer1. A l'est, une nouvelle armée de quatorze mille hommes se formait sous le commandement de lord Manchester et de Cromwell, prête à se porter partout où l'exigeraient les besoins du parti. Au midi, près d'Alresford, dans le Hampshire, sir William Waller

1 Le 25 janvier 1644; Mémoires de Fairfax, p. 384, dans ma Collection.

2 Le 19 janvier 1644.

3 Le 11 avril 1644; Mémoires de Fairfax, p. 388.

4 Le 19 avril 1644; Rushworth, 3e partie, t. 2, p. 620.

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avait remporté, sur sir Ralph Hopton, une victoire inattendue 1. Quelques avantages du prince Robert dans les comtés de Nortingham et de Lancaster ne compensaient pas des échecs si multipliés. L'indiscipline et le désordre allaient croissant dans les camps royalistes; les honnêtes gens s'attristaient et se dégoûtaient; les autres voulaient la licence pour prix d'un courage sans vertu; l'autorité du roi sur les chefs militaires, des chefs militaires sur leurs soldats, s'affaiblissait de jour en jour. A Londres, au contraire, toutes les mesures devenaient à la fois plus régulières et plus énergiques : on s'était plaint souvent que l'action des chambres manquât de promptitude, qu'aucune délibération ne pût demeurer secrète, et que le roi en fût aussitôt informé; sous le nom de comité des deux royaumes, un conseil composé de sept lords, de quatorze membres des communes et de quatre commissaires écossais, fut investi, sur la guerre, les relations des deux peuples, la correspondance avec les États étrangers, etc., d'un pouvoir à peu près absolu3. L'enthousiasme avait porté quelques familles à se priver d'un repas

1 Le 29 mars 1644.

2 Le 22 mars, il fit lever le siège de Newark, et dans le mois d'avril suivant, s'empara des places de Popworth, Bolton et Liverpool dans le comté de Lancaster.

3 Le 16 février 1644; Parl. Hist., t. 3, col. 247; Mémoires de Hollis, p. 77, dans ma Collection.

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