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>> chambres ont gagné de grands emplois et des >> commandements, et qu'ils ont l'épée entre leurs >> mains, et que, par leur influence dans le parle>>> ment et leur autorité dans l'armée, ils veulent >> se perpétuer dans leur grandeur, et qu'ils ne per>> mettront pas que la guerre finisse, de peur que >> leur pouvoir ne finisse avec elle. Ce que je dis ici >> de nous, en face de nous tous, les autres le mur>> murent derrière nous et partout. Je suis loin d'en >> faire aucune application à personne; je connais >> le mérite des généraux, membres des chambres, >> à qui le commandement est confié; mais pour >> décharger toute ma conscience, si l'armée n'est >> pas gouvernée de quelque autre façon, si la guerre » n'est pas conduite avec plus de vigueur, le peu>> ple ne la supportera pas plus longtemps, et vous >> forcera à quelque paix honteuse. Que votre pru>> dence se garde bien d'élever, contre aucun com>> mandant en chef et pour quelque sujet que ce » soit, aucune accusation, aucune plainte; j'ai à >> me reconnaître coupable moi-même de bien des >> fautes, et sais combien, à la guerre, il est diffi>> cile de les éviter. Bannissons toute idée d'en>> quête sur les causes du mal, et appliquons-nous >> à chercher le remède; nous avons tous, je l'es>> père, le cœur assez anglais pour qu'aucun de >> nous n'hésite à sacrifier au bien public son inté>> rêt personnel, et ne s'offense de ce que décidera >> le parlement. - Il est vrai, reprit aussitôt un >>> autre membre; quelle qu'en soit la cause, voilà >> deux campagnes terminées, et nous ne sommes >> point sauvés. On dirait que nos victoires, ce prix >> d'un sang inestimable, si vaillamment rempor>> tées et, qui plus est, si gracieusement accor¬ >> dées par le Seigneur, ont été mises dans un pa>> nier percé; ce que nous gagnons une fois, nous >> le perdons une autre; les succès de l'été ne ser>> vent qu'aux entretiens de l'hiver : la partie finit >> avec l'automne, il faut la recommencer au prin>> temps, comme și le sang répandu n'était destiné ›› qu'à engraisser le champ de la guerre, pour y >> faire croître une plus ample moisson de combats. >> Je ne veux rien décider; mais la division de nos >> forces sous divers chefs et le défaut d'harmonie >> entre eux ont nui grandement au service public. >> -Il n'y a qu'un moyen de finir tant de maux, >> dit Zouch Tate, fanatique obscur, et que l'importance de sa proposition ne tira point de son obscurité; << c'est que chacun de nous renonce franche>> ment à soi-même. Je propose qu'aucun membre >> de l'une ou de l'autre chambre ne puisse, durant >> cette guerre, posséder ni exercer aucune charge >> ou commandement militaire ou civil, et qu'une >> ordonnance soit rendue à cet effet 1.>>

Rushworth, part. 4, t. 1, p. 3-5; Parl. Hist., t. 3, col. 326;

La proposition n'était pas inouïe : déjà, l'année précédente 1, une idée semblable avait été exprimée, bien qu'en passant et sans effet, dans la chambre haute2; et naguère même3, par égard sans doute pour la clameur publique, la chambre des communes avait ordonné une enquête sur le nombre et la valeur des emplois de tout genre occupés par des membres du parlement. Soit dessein, soit embarras, les presbytériens hésitèrent à repousser dès le premier moment la motion de Tate, et elle passa presque sans objection. Mais le surlendemain, quand elle reparut sous la forme d'une ordonnance définitive, le débat fut long et violent, et il se renouvela quatre fois en huit jours 4. Il était clair qu'il s'agissait d'enlever aux politiques modérés, aux presbytériens, aux premiers chefs de la révolution, le pouvoir exécutif, de les confiner dans les salles de Westminster, et de faire une armée étrangère au parlement. La résistance recommençait à chaque séance, chaque fois plus passionnée. Quelques hommes même, qui avaient coutume de ménager le parti indépendant, se prononcèrent contre la mesure. «Vous savez, dit entre autres Whitelocke, >> que, chez les Grecs et les Romains, les plus grands >> offices, militaires ou civils, étaient confiés aux >> sénateurs : on pensait qu'unis d'intérêt avec le >> sénat, témoins de ses délibérations, ils compren>> draient mieux les affaires publiques, et seraient >> moins tentés de manquer de foi. Ainsi ont fait >> nos ancêtres; de tout temps ils ont regardé les >> membres du parlement comme les hommes les >> plus propres aux charges éminentes; suivez leur >> exemple, je vous en conjure, et ne vous privez >> pas volontairement de vos plus sûrs, de vos plus >> utiles serviteurs 1. >> D'autres allèrent plus loin, et dénoncèrent ouvertement l'ambition cachée de leurs rivaux. «On parle, dirent-ils, de renoncement » à soi-même ; ceci sera le triomphe de l'envie et >> de l'intérêt personnel 2. >>> Mais le public portait à ces prédictions peu de confiance; le parti presbytérien était usé, décrié; quiconque n'en était pas le voyait tomber sans regret. Quoique les indépendants fussent fort loin d'être en majorité dans la chambre, leur proposition sortit victorieuse de toutes les épreuves qu'elle eut à subir : en vain, pour dernière tentative, les amis d'Essex demandèrent qu'il fût seul excepté de l'interdiction qu'elle prononçait ; leur amendement fut rejeté1; et, le 21 décembre, l'ordonnance, définitivement adoptée, fut transmise à la chambre des lords.

Clarendon, Hist. of the Rebell., t. 7, p. 258 et suiv. ; son récit est évidemment inexact.

1 Le 12 décembre 1643.

2 Parl. Hist., t. 3, col. 187.

$ Le 14 novembre 1644; Journals of the House of Commons. Les 11, 14, 17 et 19 décembre.

1 Whitelocke, p. 114.

2 Whitelocke, p. 115.

Les presbytériens avaient là toute leur espérance: l'intérêt de la chambre à repousser la mesure était impérieux; presque tous ses membres en étaient atteints; elle y devait perdre ce qui lui restait de pouvoir. Mais c'était là aussi, dans l'opinion publique, une cause de discrédit et de faiblesse. Pour en atténuer l'effet, pour se laver du soupçon de connivence avec la cour d'Oxford, pour décourager les complots royalistes toujours prompts à renaître, surtout pour complaire aux passions du peuple presbytérien, les chefs du parti, au moment où ils essayaient d'arrêter la révolution, lui offrirent des concessions et des victimes. Quatre procès, depuis longtemps commencés, mais qu'on avait laissés languir, furent repris et poussés sans relâche; celui de lord Macguire, comme complice de l'insurrection d'Irlande; des deux Hotham, père et fils, pour avoir voulu livrer au roi la place de Hull; de sir Alexandre Carew pour une tentative pareille dans l'île de SaintNicolas dont il était gouverneur; de Laud enfin, déjà pris, quitté et repris plusieurs fois. Macguire, les Hotham et Carew étaient coupables de délits récents, légalement avérés, et qui pouvaient trouver des

Le 17 décembre, par cent voix contre quatre-vingt-treize.

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