4. Et aujourd'hui encore, tel est l'usage de l'académie. Cicéron a suivi cette méthode dans les cinq livres de ses Tusculanes. 5. Métrodore. L'Athénien Métrodore fut le principal disciple et le plus intime ami d'Épicure. Depuis le jour qui commença leur liaison, il ne se sépara de lui que pendant six mois. Il mourut à cinquante-trois ans, sept ans avant son maître. 6. Hieronyme, le Rhodien. Dans la Vie d'Arcésilas, Diogène de Laërte range ces philosophes parmi les péripatéticiens. Est-ce comme disciple d'Aristote? est-ce seulement parce qu'il aurait suivi en partie sa doctrine? Il mettait le souverain bien à n'avoir aucune douleur. Il ne faut pas le confondre avec Hiéronyme de Cardie, qui fut historien. 7. Entre la volupté et l'indolence. Je suis obligé d'employer ici ce mot dans le sens qui résulte de son étymologie: in privatif, et dolere, souffrir; absence de la douleur. 8. Trabéa. M. Victor Le Clerc remarque que ce Trabéa était un ancien poète comique dont il ne reste qu'un petit nombre de fragmens, entre autres le premier vers cité ici par l'auteur. Des deux vers qu'il rapporte ensuite, le premier est de Cécilius, et le dernier de Térence. 9. JUCUNDUM vient de JUVARE. Étymologie douteuse. 10. Comme chez Héraclite. Héraclite était d'Éphèse, et il fut en réputation quelques années après Pythagore. Diogène de Laërte, dans la Vie de Socrate, raconte qu'Euripide lui montra quelques ouvrages d'Héraclite, et lui en demanda son sentiment : Ce que je comprends, répondit le sage, est plein de force; je veux croire qu'il en est de même de ce que je n'entends pas. » 11. Calliphon. Ce dialecticien célèbre était d'une ville de Carie. Il vint à la cour de Ptolémée Soter. Stilpon, qui s'y trouvait, lui adressa, en présence du roi, des questions auxquelles, dit-on, il ne put répondre. Il demanda du temps: de là le surnom de Κρόνος (temporiseur). Telle fut l'origine d'une épigramme dont le sens était que son vrai nom n'était pas Κρόνος, mais ce mot, moins les deux premières lettres, ὄνος (ane). Quelque temps après, il écrivit un traité sur la question qui lui avait été proposée; mais il conçut un si grand dépit de n'y avoir pu répondre sur-le-champ, qu'on prétend qu'il en mourut de douleur. 12. Les MAXIMES FONDAMENTALES. Diogène de Laërte, dans sa Vie d'Épicure, x, 142, a recueilli ces maximes. 13. Pour manger dans les bassins sacrés. Voici le proverbe latin : « Ita non religiosi, ut edant de patella.- Si peu scrupuleux, qu'ils mangeraient de ce qu'on offre dans des vases aux dieux. >>> Patella, petit bassin où l'on mettait quelque partie de la victime. C'est le proverbe français, prendre jusque sur l'autel. - Hymnis, selon Alde Manuce, était une comédie de Ménandre, traduite par Cécilius. 14. Chaque mets arrivait bien préparé, bien cuit. Voyez la cinquantième lettre à Atticus, liv. XIII. Pour plusieurs de ces citations poétiques dont Cicéron se plaît à semer sa prose, j'ai cru devoir suivre la rédaction scrupuleuse de Goerenz. 15. Entendre parler Curius. Curius Dentatus, vainqueur des Sabins et de Pyrrhus, célèbre par sa frugalité et son désintéres sement. 16. D'Hérillus. « Le chef des sceptiques fut Pyrrhon d'Elée, en Sicile. Il naquit avant Épicure, et mourut à l'âge de quatre-vingtdix ans. Après s'être appliqué à la peinture, il se jeta dans la philosophie, et devint le disciple d'Anaxarque, avec lequel il assista à l'expédition d'Alexandre, et eut l'occasion de connaître la philosophie des Perses et celle des Indiens. Ses compatriotes lui confièrent la charge de grand-pontife. Ils l'estimaient tellement qu'en son honneur ils accordèrent l'immunité à tous les philosophes. Recherchant un premier principe de toute connaissance humaine, et ne le trouvant ni dans le dogmatisme de Démocrite, qui ne reconnaissait comme existant que les atomes, ni dans la dialectique des philosophes de Mégare, qui prouvaient alternativement la vérité et la fausseté de toute proposition; ni dans les jeux d'esprit des sophistes, Pyrrhon finit par se persuader qu'il n'existe aucune vérité, ou, du moins, aucune connaissance positive qu'on puisse acquérir par les sens et le raisonnement. Le but de la sceptique, ou le souverain bien, se trouve dans la suspension de tout jugement, dans le calme de l'âme et l'indifférence. Pour y parvenir, Pyrrhon proposa dix moyens appelés τρόποι ἐποχῆς, οι motifs de doute, qui, dans la suite, furent portés à quinze. Ce nouveau système, si l'on peut appeler ainsi une doctrine qui rejetait tout système, fut appelé scepticisme, de σκέψις, examen, ou pyrrhonisme, du nom de son auteur, ou plutôt de celui qui le rédigea en système; car Héraclite, les sophistes, et quelques élèves de Socrate, avaient été de véritables sceptiques; et les pyrrhonistes se regardaient comme des socraticiens. » (SCHOELL, Hist. de la Littérat. grecque, tom. 111, pag. 342.) - Il y eut trois Ariston: l'un d'Alexandrie, philosophe péripatéticien et géographe; un autre de Céos, poète épigrammatique, et aussi philosophe péripatéticien; enfin Ariston de Chio. C'est ce dernier dont il est question ici. Disciple de Zénon, et maître du célèbre Ératosthène, il ne resta pas long-temps fidèle an système des stoïciens. Il en rejeta, dit encore M. Schæll, la partie dialectique et physique, et s'exprima en sceptique sur l'existence de la divinité. Zénon avait déclaré que la vertu était le souverain bien, et le vice le seul mal; mais il avait admis différens degrés dans la ligne qui sépare la vertu du vice, en accordant une valeur plus ou moins grande aux choses placées entre les deux extrêmes. Ariston renversa tous ces degrés, déclarant que la vertu n'est pas seulement le souverain bien, mais qu'elle est le seul bien, et que tout le reste est parfaitement indifférent, et ne peut influer sur la félicité du sage. Cette doctrine trouva beaucoup d'approbateurs. Hérillus, de Carthage, s'accordait avec Ariston sur l'indifférence de tout ce qui est un milieu entre la vertu et le vice, mais il différait d'opinion avec celui-ci aussi bien qu'avec Zénon, en admettant un double but, vers lequel tendent les efforts des hommes, savoir, un but absolu, que le sage seul se propose, et qui est la science, et un but d'un ordre inférieur, vers lequel court le commun des hommes. Ses écrits renfermaient quelques morceaux dirigés contre Zénon, et furent combattus par Cléanthe; ils sont perdus; et la secte des hérilliens, dont il fut le fondateur, s'éteignit avec lui. 17. Non celle d'Aristippe. S'écarter du texte de M. Le Clerc, c'est s'imposer l'obligation de motiver le choix que l'on a fait. M. Le Clerc lit ici : Ut voluptatem illam [Aristippi) in prima XXVII. 31 commendatione poneret. » J'ai préféré la leçon de Goerenz; et je transcris ici, pour les philologues, la note de ce savant. « Addidimus cum Davis. et Bremio ex Eliensi, non, probante etiam Cratandria. Quæ ratio alteri præferenda est qua v. Aristippi in Ursini cod. itemque apud P. Marsum magis vage omittitur. Vulgata ferenda minime est, quippe quum contextæ tenori ex asse adversetur. Nostri cum vulgata faciunt. Quod mirum videri non debet, quum nihil sæpius occurrat, quam ut non in codd. omissa sit. Unum dubitamus, an verus hic verborum ordo dici possit : nisi enim penitus fallimur, Cicero hæc in contextu, ut illam, non Aristippi, voluptatem, scripsisset. Putamus igitur voluptatem ex glossa adhærere: sic locus egregie coibit. Scribæ sane si semel turbant, in uno peccato non fere acquiescunt. » 18. Et dieu mortel, pour la pensée. « L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature: mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser. Une vapeur, une goutte d'eau suffit pour le tuer. Mais, quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu'il sait qu'il meurt; et l'avantage que l'univers a sur lui, l'univers n'en sait rien. Ainsi, toute notre dignité consiste dans la pensée. C'est de là qu'il faut nous relever, non de l'espace et de la durée. Travaillons donc à bien penser: voilà le principe de la morale. » (PASCAL.) 19. La vue, dit Platon. Voyez Traité des Devoirs, 1, 5, et la note. 20. AVEC LUI, LES TÉNÈBRES. Quant au proverbe suivant, dit M. Le Clerc, Quicum in tenebris, il est cité encore (de Offic., 111, 19); et l'auteur fait allusion à ce jeu de la mourre (de Offic., III, 23; de Divinat., 11, 41, etc.). C'est un jeu qui est encore fort en usage à Rome parmi le peuple, giuocare, o fare alla mora. De deux hommes qui y veulent jouer, l'un, tenant derrière lui la main fermée, élève tout d'un coup un doigt ou deux, ou trois, ou quatre, ou toute une main, comme il lui plaît; et l'autre, dans le même temps, doit, pour gagner, deviner combien celui contre qui il joue a de doigts étendus ou repliés. Le jour, les témoins prononcent. La nuit, les deux joueurs sont obligés de s'en rapporter à leur bonne-foi. 21. En vertu d'un plébiscite. Les lois qui étaient faites dans les comices, par tribus, étaient appelées plebiscita (quæ plebs suo suffragio sine patribus jussit, plebeio magistratu rogante), Festus. Ces lois ne lièrent d'abord que les plébéiens; mais, depuis l'an 306, elles atteignirent tout le peuple romain (TITE-LIVE, 111, 55). Les plébiscites avaient pour objet différentes affaires, telles qu'un traité de paix (TITE-LIVE, xxx111, 10); les privilèges de citoyen à accorder, les honneurs d'un triomphe à décerner sur le refus du sénat (TITE-LIVE, 111, 63): le commandement à donner aux généraux pour le jour de leurs triomphes (TITE-LIVE, XXVI, 21); les dispenses des lois, droit que le sénat se réserva dans les derniers temps, comme une de ses prérogatives, Ascon. in Cic. ad Cornel., etc. (Antiquités romaines, par Adam, tom. 1, pag. 146.) 22. Un méchant habile, comme fut Pompée. Premier membre de sa famille parvenu au consulat, Q. Pompée fut vaincu par les Numantins, et conclut avec eux une paix honteuse. Dans le traité, il avait eu l'adresse de glisser des termes ambigus, fourberie qui fut blâmée par la république. 23. La loi Voconia. Cette loi, portée l'an de Rome 584, par Voconius Saxa, tribun du peuple, excluait les filles des grandes successions de leurs pères. C'est pour éluder cette disposition, que l'usage des fidéicommis s'introduisit chez les Romains. 24. A votre fortuné mortel, elle préfèrera, sans hésiter, Regulus. Tout le monde sait ce que l'on raconte d'Atilius Regulus; mais la critique historique, appliquée aux faits qui concernent ce personnage, est beaucoup moins connue. On peut consulter avec fruit un excellent article de Visconti (Iconographie romaine, 1partie, ch. 2, § 6), M. Michelet, et l'Histoire romaine de Nieburh, traduite par M. de Golbéry. L'illustre auteur de l'Iconographie termine ainsi l'exposé de son opinion : « Rendons honneur à la mémoire de ce respectable Romain: si nous ne pouvons l'excuser entièrement sur les manières dures dont les historiens l'accusent, admirons au moins sa valeur, son amour pour la patrie, et, si l'on veut, sa confiance dans les destinées des Romains: admirons encore plus ses mœurs simples et frugales, et son amour pour la pauvreté, dans l'exercice de la plus haute magistrature; mais cessons de l'envisager comme le martyr de sa religion pour le ser |