DE LUDLOW. TOME PREMIER. TOR LIBR PARIS: PICHON-BECHET, LIBRAIRE-ÉDITEUR, QUAI DES Augustins, no 47, 1827. NOTICE SUR EDMOND LUDLOW. QUAND Pascal dépeint la misère de notre nature, on dirait qu'il triomphe, et que le spectacle de tant de contrastes, d'obscurités, d'inconséquences, lui fait ressentir une sorte de joie sombre et fière, comme s'il se consolait de l'imperfection si profonde de l'humanité par l'honneur de savoir la contempler d'un œil ferme et mettre hardiment à nu, C'est que Pascal n'a jamais considéré l'homme que d'une façon abstraite et générale; c'est que, dans la solitude de ses méditations, il n'a point subi la nécessité d'appliquer aux individus, aux noms propres, le terrible jugement qu'il portait sur le genre humain. Quand au lieu de Thomme, c'est d'un homme qu'il s'agit, quand il faut reconnaître et accepter, dans le caractère du même individu; dans l'étroit espace d'une seule vie, sous des formes spéciales et déterminées, toutes ces contradictions, toutes ces misères de l'humanité, c'est alors que la tâche devient rude, et que l'esprit le plus ferme, contraint de regarder ainsi de près ce chaos moral, se sent près de suc- α comber sous la difficulté, je ne dis pas seulement de le comprendre, mais d'y croire. Quiconque voudra bien connaître et juger équitablement Edmond Ludlow sera condamné à ce pénible sentiment. Je n'ai point à raconter sa vie; elle est écrite dans ses Mémoires; ses premières et ses dernières années seules y manquent, et peu de mots suffiront à ce qu'on en sait. Né en 1620, à MaidenBradley dans le comté de Wilts, d'une famille riche et considérée, il reçut à Oxford et ensuite au Temple l'éducation qu'on donnait alors à tous les jeunes gentilshommes qui voulaient prendre quelque part aux affaires de leur pays, En 1640, son père, sir Henri Ludlow, fut élu membre du long-parlement, et se rangea aussitôt parmi les plus violens adversaires de Charles I. Il était, comme nous l'apprend Ludlow lui-même, l'ami intime de Henri Martyn, le premier homme peutêtre qui ait hautement manifesté, dans la chambre des communes, le désir qu'on se défit du Roi, et des sentimens purement républicains. Ces sentimens étaient alors bien peu répandus dans la nation; cependant ils ne choquaient guères ceux-là même qui ne les partageaient pas, et le jeune Ludlow les adopta sans hésiter. Après s'être mêlé plus d'une fois aux rixes qui s'élevaient autour de Whitehall entre le peuple et les serviteurs.de la cour, dès que la guerre civile fut décidéeil prit les armes pour le parlement, fermement convaincu de la justice de cette cause, sans qu'aucune injure à venger, aucun intérêt personnel à satisfaire concourussent à sa détermination. A dater de ce jour, ses Mémoires ne me laissent rien et |