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il faut profiter pour les règles que nous avons à leur prescrire.

Ces règles sont de deux espèces, selon le jugement que vous porterez vous-même de l'état de votre maison et des mœurs de vos gens.

Si vous croyez pouvoir prendre en eux une confiance raisonnable et fondée sur leur intérêt, il ne s'agira que d'un énoncé clair et bref de la manière dont on doit se conduire toutes les fois qu'on approchera do votre enfant, pour ne point contrarier son éducation.

Que si inalgré toutes vos précautions, vous croyez devoir vous défier de ce qu'ils pourront dire ou faire en sá présence, la règle alors sera plus simple, et se réduira à n'en approcher jamais sous quelque prétexte que ce soit.

Quel de ces deux partis que vous choisissiez, il faut qu'il soit sans exception, et le même pour vos gens de tout étage, excepté ce que vous destinez spécialement au service de l'enfant et qui ne peut être en trop petit nombre, ni trop scrupuleusement choisi.

Un jour donc vous assemblez vos gens, et dans un discours grave et simple, vous leur dites que vous croyez devoir en bon père apporter tous vos soins à bien élever l'enfant que DIEU vous a donné. » Sa mère » et moi sentons tout ce qui nuisit à la

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nôtre. Nous l'en voulons préserver ; et si DIEU bénit nos efforts, nous n'aurons >>> point de compte à lui rendre des défauts

»

ou des vices que notre enfant pourrait con>> tracter. Nous avons pour cela de grandes > précautions à prendre: voici celles qui vous >> regardent, et auxquelles j'espère que vous >> vous prêterez en honnêtes gens, dont les >>> premiers devoirs sont d'aider à remplir >> ceux de leurs maîtres. >>>

Après l'énoncé de la règle dont vous prescrivez l'observation, vous ajoutez que ceux qui seront exacts à la suivre peuvent compter sur votre bienveillance, et même sur vos bienfaits. Mais je vous déclare en même

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>> temps, poursuivez-vous d'une voix plus

»

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haute, que, quiconque y aura manqué >>> une scule fois, et en quoi que ce puisse être sera chassé sur le champ et perdra >>> ses gages. Comme c'est-là la condition sous * laquelle je vous garde, et que je vous en >> préviens tous; ceux qui n'y veulent pas >> acquiescer peuvent sortir. »

Des règles si peu gênantes ne feront sortir que ceux qui seraient sortis sans cela, ainsi vous ne perdez rien à leur mettre le marché à la main, et vous leur en imposez beaucoup. Peut-être au commencement, quelque étourdi en sera-t-il la victime, et il faut qu'il le soit. Fût-ce le maître-d'hôtel, s'il n'est chassé comme un coquin, tout est manqué. Mais s'ils voient une fois que c'est tout de bon et qu'on les surveille, on aura désormais peu besoin de les surveiller.

Mille petits moyens relatifs naissent de ceux-là; mais il ne faut pas tout dire, et ce mémoire est déjà trop long. J'ajouterai seulement un avis très - important et propre à couper cours au mal qu'on n'aura pu prévenir. C'est d'examiner toujours l'enfant avec le plus grand soin, et de suivre attentivement les progrès de son corps et de son cœur. S'il se fait quelque chose autour de lui contre la règle, l'impression s'en marquera dans l'enfant même. Dès que vous y verrez un signe nouveau, cherchez-en la cause avec soin; vous la trouverez infailliblement. A certain âge il y a toujours remède au mal qu'on n'a pu prévenir, pourvu qu'on sache le connaître, et qu'on s'y prenne à temps pour le guérir.

Tous ces expédiens ne sont pas faciles, et je ne réponds pas absolument de leur succès: cependant je crois qu'on y peut prendre une confiance raisonnable, et je ne vois rien d'équivalent dont j'en puisse dire autant.

Dans une route toute nouvelle, il ne faut pas chercher des chemins battus, et jamais entreprise extraordinaire et difficile ne s'exécute par des moyens aisés et communs.

Du reste, ce ne sont peut-être ici que les délires d'un fiévreux. La comparaison de ce qui est à ce qui doit étre, m'a donné l'esprit romanesque et m'a toujours jeté loin de tout ce qui se fait. Mais vous ordonnez, monsieur le Duc, j'obéis. Ce sont mes idées que vous demandez, les voilà. Je vous tromperais, si je vous donnais la raison des autres, pour les folies qui sont à moi. En les fesant passer sous les yeux d'un si bon juge, je ne crains pas le mal qu'elles peuvent causer.

i

AM. LE MARÉCHAL

DE LUXEMBOURG,

Contenant une description du Val-de-
Travers.

LETTRE PREMIÈRE.

VOUS

Motiers, 20 janvier 1763.

ous voulez, monsieur le Maréchal, que je vous décrive le pays que j'habite? Mais comment faire? Jenesais voir qu'autant que je suis ému; les objets indifférens sont nuls à mes yeux: je n'ai de l'attention qu'à proportion de l'intérêt qui l'excite, et quel intérêt puis-je prendre à ce que je retrouve si loin de vous? Des arbres, des rochers, des maisons,. des hommes mêmes, sont autant d'objetsisolés dont chacun en particulier donne peu d'émotion à celui qui le regarde: mais l'impression commune de tout cela, qui le réunit en un seul tableau, dépend de l'état où nous sommes en le contemplant. Ce tableau, quoique toujours le même, se peint d'autant de

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