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LES CARACTÈRES

DE

LA BRUYÈRE

SUIVIS

DES CARACTÈRES

DE THÉOPHRASTE,

TRADUITS DU GREC PAR LE MÊME.

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A PARIS,
CHEZ LEFÈVRE, LIBRAIRE,
RUE DE L'ÉPERON, N° 6.

MDCCC XXIV.

PUBLI

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AVERTISSEMENT.

C'EST un sujet continuel de scandale et de chagrin pour ceux qui aiment les bons livres et les livres bien faits, que de voir avec quelle négligence les auteurs classiques se réimpriment journellement. L'ignorance, l'étourderie, ou le faux jugement des divers éditeurs, y ont successivement introduit des fautes et des altérations de texte, que l'on répéte avec une désolante fidélité. On fait plus; on y ajoute chaque fois des fautes nouvelles, et la dernière édition, ordinairement la plus belle de toutes, est souvent aussi la plus mauvaise. Que falloit-il faire pour échapper à ce reproche? Simplement recourir à la dernière édition donnée ou avouée par l'auteur, et la reproduire avec exactitude. C'est ce que nous avons fait pour les Caractères de La Bruyère 1. Nous ne voulons pas nous prévaloir d'un soin si facile et si peu méritoire; mais nous devons justifier, par quelques exemples, la sévérité avec laquelle nous venons de parler de ceux qui l'ont négligé.

La Bruyère, écrivain original et hardi, s'est souvent permis des expressions qu'un usage universel

L'édition de 1697, publiée dans l'année qui suivit la mort de La Bruyère, et la meilleure de toutes, au jugement de l'abbé d'Olivet, est celle qui nous a servi de copie.

n'avoit pas encore consacrées; mais il a eu la prudente attention de les souligner: c'étoit avertir le lecteur de ses témérités, et s'en justifier par-là même. L'aversion des nouveaux typographes pour les lettres italiques les a portés à imprimer ces mêmes mots en caractères ordinaires. Ce changement, qui semble être sans conséquence, fait disparoître chaque fois la trace d'un fait qui n'est pas sans utilité pour l'histoire de notre langue; il nous empêche de connoître à quelle époque tel mot, employé aujourd'hui sans scrupule, n'étoit encore qu'un néologisme plus ou moins audacieux. Nous avons rétabli par-tout les caractères italiques.

La Bruyère ne peint pas toujours des caractères; il ne fait pas toujours de ces portraits où l'on doit reconnoître, non pas un individu, mais une espèce. Quelquefois il particularise, et écrit des personnalités, tantôt malignes, tantôt flatteuses. Alors, pour rendre la satire moins directe, ou la louange plus délicate, il use de certains artifices qui ne trompent aucun lecteur; il jette, sur son expression plutôt que sur sa pensée, certains voiles qui ne cachent aucune vérité. Ce sont ou des lettres initiales, ou des noms tout en blanc, ou des noms antiques pour des noms modernes. Fiers de pouvoir révéler ce que n'ignore personne, nos récents éditeurs, au lieu de mettre en note un éclaircissement inutile, mais innocent, ont altéré le texte de l'auteur, soit en suppléant ce qu'il

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