Images de page
PDF
ePub

HERODE

E T

MARIA MNE,

TRAGEDIE. *************************: ***

ACTE PREMIER:

SCENE PREMIERE:

SALOME, MAZAEL.

MAZA E L.

Ur,cette autorité qu'Herode vous confie,
Eft par tout reconnue, & par tout affer-

mie:

J'ai volé vers Azor, & repaffé foudain, Des Champs de Samarie aux Sources du Jourdain.

A

Madame, il étoit

temps que

du moins ma présence,

Des Hebreux inquiets confondit l'efperance.

Herode votre frere à Rome retenu,

Déja dans les Etats n'étoit plus reconnu.

Le Peuple pour fes Rois toûjours plein d'injustices,
Hardi dans fes difcours, aveugle en fes caprices,
Publioit hautement qu'à Rome condamné ;
Herode à l'esclavage étoit abandonnné;

Et que la Reine affife au rang de fes Ancêtres,
Feroit regner fur nous, le fang de nos grands Prêtres.
Je l'avoue à regret, j'ai vû dans tous les lieux
Mariamne adorée, & fon nom précieux.
Ifraël aime encore avec idolatrie,

Le fang de ces Héros dont elle tient la vie.

Sa beauté, fa naiffance, & fur tout les malheurs,

D'un Peuple qui nous haït ont féduit tous les cœurs. Et leurs vœux indifcrets la nommant Souveraine,

Sembloient vous annoncer une chûte certaine.

J'ai vu par ces faux bruits tout un Peuple ébranlé. Mais, j'ai parlé, Madame, & ce Peuple a tremblé. Je leur ai peint Herode avec plus de puiffance, Rentrant dans fes Etats fuivi de la vengeance;

Son nom feul a par tout répandu la terreur,
Et les Juifs en filence ont pleuré leur erreur.

SALOME.

Vous ne vous trompiez point. Herode vá paroître 3
L'indocile Sion va trembler fous fon Maître.

Il enchaîne à jamais la fortune à fon Char;
Le Favori d'Antoine eft l'ami de Cefar;
Sa politique habile, égale à fon courage,
De fa chûte imprévûë a réparé l'outrage.

Le Senat le couronne.

MAZA E L.

Eh? que

deviendrez-vous,

Quand la Reine en ces lieux reverra fon Epoux?

De votre autorité cette fiere Rivale

Madame, auprès du Roy, vous fût toûjours fatale :
Son efprit orgueilleux qui n'a jamais plié,
Conferve encor pour vous la même inimitié.

Elle vous outragea, vous l'avez offenfée;

A votre abaiffement elle eft interreffée.

Eh ne craignez-vous plus ces charmes tout-puiffans,

Du malheureux Herode imperieux tirans !

Depuis près de cinq ans qu'un fatal himenée;
D'Herode & de la Reine unit la deftinée.
L'amour prodigieux dont ce Prince eft épris,
Se nourrit par la haine & croît par le mépris.'
Vous avez vû cent fois ce Monarque infléxible,
Dépofer à fes pieds fa Majefté terrible;

Et chercher dans fes yeux irritez ou distraits,
Quelques regards plus doux qu'il ne trouvoit jamais.
Vous l'avez vû frémir, foûpirer & fe plaindre,
La fatter, l'irriter, la menacer, la craindre ;
Cruel dans fon amour, foumis dans fes fureurs,
Esclave en fon Palais, Héros par tout ailleurs.
Que dis-je! en puniffant une ingrate Famille
Fumant du fang du Pere, il adoroit la Fille :
Le fer encor fanglant & que vous excitiez,
Etoit levé fur elle, & tomboit à fes pieds.
Il est vrai que dans Rome éloigné de fa vûë,
Sa chaîne de fi loin fembloit s'être rompuë:
Mais c'en eft fait, Madame, il rentre en ses Etats,
Il l'aimoit, il verra fes dangereux appas :

Ces yeux toûjours puiffans, toûjours fûrs de lui plaire,
Reprendront malgré-vous leur empire ordinaire.

Et tous fes ennemis bien-tôt humiliez,

A ses moindres regards feront facrifiez.

Orons-lui, croïez-moi, l'interêt de nous nuire.
Songons à la
gagner, n'aïant pû la détruire ;

Et par de vains refpects, par des foins affidus,

SALOME.

Il est d'autres moïens de ne la craindre plus.

MAZAEL.

Quel eft donc ce deffein ? que pretendez-vous dire ?

SALOME.

Peut-être en ce moment notre ennemie expire.

MAZAEL.

D'un coup fi dangereux, ofez-vous vous charger?

Sans

que

le Roi...

SALOM E.

Le Roi confent à me venger.

Zarès eft arrivé, Zarès eft dans Solime,

Miniftre de ma haine, il attend fa victime;

Le lieu, le temps, le bras, tout eft choisi par lui,. Il vint hier de Rome, & nous venge aujourd'hui.

« PrécédentContinuer »