Le malheureux Varus ne veut que vous servir,
Adorer vos vertus, vous venger & mourir.
MARIAMN E.
Je me flatois, Seigneur, & j'avois lieu de croire, Qu'avec mes interêts vous cheriffiez ma gloire. Et quand le grand Varus a conservé mes jours, J'ai crû qu'à sa pitié je devois son secours. Je ne m'attendois pas que vous dussiez vous même, Mettre aujourd'hui le comble à ma douleur extrême : Ni que dans mes périls, il me falût jamais, Rougir de vos bontez, & craindre vos bienfaits. Ne pensez pas pourtant, qu'un discours qui m'offenfe, Vous ait rien dérobé de ma reconnuossance.
Ma conftante amitié respecte encor Varus. J'oublirai votre flame, & non pas vos vertus. Je ne veux voir en vous qu'un Heros magnanime, Qui jusqu'à ce moment mérita mon estime. Un plus long entretien pourroit vous en priver, Seigneur; & je vous fiis pour vous la conserver.
Ous vous troublez, Seigneur, & changez de vi
J'ai senti, je l'avouë, ébranler mon courage. Ami, pardonne au feu, dont je suis confumé, Ces foiblesses d'un cœur, qui n'avoit point aimé. Je ne connoiffois pas tout le poids de ma chaîne. Je la sens à regret; je la romps avec peine. Avec quelle douceur, avec quelle bonté, Elle imposoit filence à ma témérité !
Sans trouble & fans courroux, sa tranquille sagesse M'apprenoit mon devoir, & plaignoit ma foibleffe. J'adorois, cher Albin, jusques à ses refus. J'ai perdu l'espérance; & je l'aime encor plus. A quelle épreuve, ô Dieux ! ma constance est réduite !
Etes-vous résolu de préparer sa fuite?
Pourrez-vous respecter ses rigueurs,
Jusques à vous charger du soin de vos malheurs ?
Moi, que je l'abandonne ?
Que je désobéïsse aux loix qu'elle me donne ? Non, non, mon cœur encor est trop digne du sien. Mariamne a parlé, je n'examine rien. Que loin de ses Tyrans, elle aille auprès d'Auguste, Sa fuite est raisonnable & ma douleur injuste. L'amourme parleen vain, je vôle à mon devoir. Je servirai la Reine, & même sans la voir. Elle me laisse, au moins, la douceur éternelle, D'avoir tout entrepris, d'avoir tout fait pour elle. Je brise ses liens; je lui sauve le jour. Je fais plus. Je lui veux immoler mon amour. Et füiant sa beauté, qui me séduit encore, Egaler, s'il se peut, sa vertu que j'adore.
Salome qui craignoit de perdre son crédit, Par ses conseils flateurs afsiege son esprit.
Ses Courtisans en foule au tour de lui se rendent :
Les palmes dans les mains, nos Pontifes l'attendent. Idamas le devance, & député vers vous, Il vient au nom d'Herode embrasser vos genoux. C'est ce même Idamas, cet Hebreu plein de zele, Qui toûjours à la Reine est demeuré fidele : Qui sage Courtisan d'un Roi plein de fureur, A quelquefois d'Herode adouci la rigueur : Bientôt vous l'entendrez. Cependant Mariamne Au moment de partir s'arrête, se condamne; Ce grand projet l'étonne, & prête à le tenter, Son auftere vertu craint de l'executer. Sa Mere est à ses pieds, & le cœur plein d'allarmes, Lui presente ses Fils, la baigne de ses larmes : La conjure en tremblant de presser son départ : La Reine flotte, hésite, & partira trop tard._ C'est vous dont la bonté peut hâter sa sortie Vous avez dans vos mains la fortune & la vie De l'objet le plus rare, & le plus précieux, Que jamais à la Terre aïent accordé les Cieux. Protegez, conservez une auguste Famille; Sauvez de tant de Rois la déplorable Fille...
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