SALOME. Ciel, qu'entens-je ? ah! fatale Ennemie? Un Roi vous le commande, un Frere vous en prie. N'avoir plus sur les miens de vengeances à prendre, De soupçons à former, ni de sang à répandre. Murmurez; plaignez-vous, plaignez-moi : mais partez. SALOME. Moi, Seigneur, je n'ai point de plaintes à vous faire. Sa voix trop rarement se fait entendre aux Rois Et près des paffions le sang n'a point de droits. Dont le zele aujourd'hui commence à vous déplaire. Je rappelle encor moins mes services passez. Ah! laissez-moi douter un moment de sa haine. Ne me détrompez point, respectez mon erreur. Que vous seule excitiez son courroux endurci, SALOM E. Si vous pouviez sçavoir, si vous pouviez comprendre A quel point... HERODE. Non ma Sœur, je ne veux rien entendre. Mariamne, à son gré peut menacer mes jours : Ils me sont odieux ; qu'elle en tranche le cours. Je périrai du moins d'une main qui m'est chere. SALOME. Ah ! c'est trop l'épargner, vous tromper, & me taire. HERODE. Un autre en est aimé ! Pouvez-vous bien barbare, Soupçonner devant moi la vertu la plus rare ? Que dis-je ? ah, malheureux ! je sens qu'au fond du cœur Je n'écoute que trop ce soupçon plein d'horreur, Un autre en est aimé ! Nommez-moi donc, cruelle, Le sang que doit verser ma vengeance nouvelle. Poursuivez votre ouvrage. Achevez mon malheur. SALOME. Vous le voulez... HERODE. Parlez, je l'ordonne. SCENE VII. HERODE, SALOME, MAZAE L. MAZAEL. AH! Seigneur, Venez, ne souffrez pas que ce crime s'acheve : HERODE. Mariamne! Varus! où suis-je ? justes Cieux ! MAZAE L. Varus & fes Soldats sont sortis de ces lieux. HERODE. Ah! le charme est rompu, le jour, enfin, m'éclaire. Fin du troisième Acte. |