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Joüir du desespoir de son cœur accablé,

Et qu'au moins elle meure, après avoir tremblé.

SALOME.

Quoi! Seigneur, vous voulez vous montrer à sa vûë? HERODE.

'Ah! ne redoutez rien. Sa perte est résoluë. Vainement l'infidelle espere en mon amour. Mon cœur, à la clémence est fermé sans retour.

Loin de craindre ces yeux, qui m'avoient trop sçû plai

re,

Je sens que sa présence aigrira ma colere.
Gardes, que dans ces lieux on la fasse venir.
Je ne veux que la voir; l'entendre, & la punir.
Ma Sœur, pour un moment, souffrez que je respire,
Qu'on appelle la Reine. Et vous, qu'on se retire.

TU

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U veux la voir, Herode! à quoi te résous-tut
Conçois-tu les desseins de ton cœur éperdu

Quoi ? son crime à tes yeux n'est-il pas manifeste ?
N'es-tu pas outragé ? que t'importe le reste ?
Quel fruit espere-tu de ce triste entretien ?
Ton cœur peut-il douter des sentimens du sien a
Hélas! tu sçais assez combien elle t'abhorre.
Tu prétens te venger! Pourquoi vit-elle encore ?
Tu veux la voir ! ah! lâche, indigne de regner,
Va soûpirer près d'elle, & cours lui pardonner...
Va voir cette beauté, si long-temps adorée....
Non, elle périra; non, fa mort eft jurée.
Vous ferez répandu, sang de mes Ennemis,
Sang des Afmonéens, dans ses veines transmis,
Sang, qui me haïssez, & que mon cœur déteste.
Mais la voici. Grand Dieu! quel spectacle funeste!

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SCENE IV.

MARIAMNE, HERODE, ELIZE.

R Eprenez

Gardes.

ELISE.

VOS esprits, Madame, c'est le Roi.

MARIAMNE.

Où suis-je ? où vais-je ? ô Dieu ! je me meurs... je le

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Pourquoi m'ordonnez-vous de paroître à vos yeux ?

Voulez-vous, de vos mains m'oter ce foible reste
D'une vie, à tous deux également funeste ?

Vous le pouvez; frappez, le coup m'en sera doux :
Et c'est l'unique bien, que je tiendrai de vous.

HERODE.

Oüi, je me vengerai, vous ferez satisfaite.
Mais parlez; défendez votre indigne retraite.
Pourquoi, lorsque mon cœur, si long-temps offensé,
Indulgent pour vous seule, oublioit le passe :
Lorsque vous partagiez mon Empire & ma gloire,
Pourquoi prépariez-vous cette fuite si noire ?
Quel dessein ! quelle haine a pû vous posseder ?
MARIAMNE.

Ah! Seigneur, est-ce à vous à me le demander ?
Je ne veux point vous faire un reproche inutile.
Mais si loin de ces lieux j'ai cherché quelque azile,
Si Mariamne, enfin, pour la premiere fois,
Du pouvoir d'un Epoux méconnoissant les droits,
A voulu se soustraire à son obéïssances

Songez à tous ces Rois, dont je tiens la naissance,
A mes périls présens, à mes malheurs passez,

Et condamnez ma fuite après, si vous l'ofez.

HERODE.

Quoi! lorsqu'avec un traître un fol amour vous lie;

Quand Varus...

MARIAMNE.

Arrêtez; il suffit de ma vie.

D'un fi cruel affront cessez de me couvrir.

Laissez-moi, chez les Morts descendre sans rougir. N'oubliez pas du moins, qu'attachez l'un à l'autre, L'hymen, qui nous unit, joint mon honneur au vôtre, Voilà mon cœur. Frappez. Mais en portant vos coups, Respectez Mariamne, & même son Epoux.

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Perfide! il vous sied bien de prononcer encore
Ce nom qui vous condamne, & qui me déshonore!

Vos coupables dédains vous accusent affez;

Et jecrois tout de vous, fi vous me haïssez.

MARIAMNE.

Quand vous me condamnez, quand ma mort est certai

ne,

Que vous importe, hélas! ma tendreffe, ou ma haine Et quel droit désormais avez-vous sur mon cœur, Vous qui l'avez rempli d'amertume & d'horreur;

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