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Je fuïois ce matin, sa vengeance cruelle;

Ses crimes m'éxiloient ; son danger me rappelle.

Ma gloire me l'ordonne ; & prompte à l'écouter, Je vais sauver au Roi le jour qu'il veut m'ôter.

SCENE V.

ELIZE, NABAL.

NABAL.

Dieu ! qui l'inspirez, ô Justice éternelle !
Deffendez l'innocence, & combattez pour elle.

Elize, sur ses pas, courrons chercher le Roi.

ELIZE.

Ciel! Herode revient; jel'entends; je le voi.

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Q

;

SCENE VI.

HER ODE, IDAMA S.

Gardes.

HERODE.

Ue je n'entende plus le nom de l'infidelle.

C'est

un crime envers moi d'ofer me parler d'elle.

Eh bien, braves Soldats, n'ai-je plus d'Ennemis ?
IDAMA S.

Les Romains font défaits; les Hebreux sont soûmis :
Varus, percé de coups, vous cede la Victoire.
Ce jour vous a comblé d'une éternelle gloire.
Mais le sang de Varus, répandu par vos mains,
Peut attirer sur vous le courroux des Romains.
Songez-y bien, Seigneur ; & qu'une telle offense...
HERODE.

Dela coupable, enfin, je vais prendre vengeance.

!

Je perds l'indigne objet que je n'ai pû gagner, Et de ce seul moment je commence à regner. J'étois trop aveuglé; ma fatale tendresse, Etoit ma seule tache, & ma seule foiblesse. Laissons mourir l'ingrate; oublions ses attraits; Que son Nom dans ces lieux s'efface pour jamais ; Que dans mon cœur, sur-tout, sa mémoire périsse. Enfin tout est-il prêt pour ce juste supplice ?

Oüi, Seigneur.

IDAMA S.

HERODE.

Quoi ! si-tôt on a pû m'obéïr ?

Infortuné Monarque! elle va donc périr?

Tout est prêt, Idamas ?

:

IDAMAS.

Vos Gardes l'ont faifie,

Votre vengeance, hélas! sera trop bien fervic.

HERODE.

Elle a voulu sa perte; elle a sçû m'y forcer,

Que l'on me venge. Allons, il n'y faut plus penser.

Hélas! j'aurois voulu vivre & mourir pour elle!

A quoi m'as-tu réduit, Epouse criminelle?

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SCENE DERNIERE.

HERODE, IDAMAS, NABAL;

HERODE.

N

Abal, où courez-vous ?

Juste Ciel! vous pleurez ?

De crainte, en le voïant, mes sens sont penetrez.

Seigneur...

NABAL.

HERODE.

Ah! malheureux, que venez-vous me dire ?

NABAL.

Ma voix en vous parlant, sur mes levres expire.

Mariamne...

HERODE.

NABAL.

O douleur ! ô regrets superflus!

HERODE

Quoi! c'en est fait?

NABAL.

Seigneur, Mariamne n'est plus.

:

HERODE.

Elle n'est plus? grand Dieu ?

NABAL.

Je dois à sa memoire,

A la vertu trahie, à vous, à votre gloire,

De vous montrer le bien que vous avez perdu,

Et le prix de ce sang par vos mains répandu.

Non, Seigneur, non, son cœur n'étoit point infidelle.

Hélas! lorsque Varus a combattu pour elle,

Votre Epouse à mes yeux détestant son secours,

Voloit pour vous deffendre au péril de ses jours.

HERODE.

Qu'entens-je ? ah malheureux ! ah désespoir extrême !

Nabal que m'as-tu dit?

NABAL.

C'est dans ce moment même,

Où son cœur se faisoit ce genereux effort,

Que vos ordres cruels l'ont conduite à la mort.

Salome avoit presse l'instant de son supplice.

HERODE.

O monftre, qu'à regret épargna ma justice!

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