de cela, nous voulons nous en former des idées plus nettes dans l'esprit, nous n'avancerons pas davantage, que si nous entreprenions de dissiper par de simples paroles les ténèbres dont l'ame d'un aveugle est environnée, et d'y produire par le discours des idées de la lumière et des couleurs: j'en donnerai la raison dans un autre endroit. CHAPITRE V. DES IDÉES SIMPLES QUI NOUS VIENNENT 000 LES idées qui viennent à l'esprit par plus d'un sens, sont celles de l'espace ou de l'étendue, de la figure, du mouvement et du repos (47). Car toutes ces choses font des impressions sur nos yeux et sur les organes de l'attouchement; de sorte que nous pouvons également, par le moyen de la vue et de l'attouchement, recevoir et faire entrer dans notre esprit les idées de l'étendue, de la figure, du mouvement et du repos des corps. Mais comme j'aurai occasion de parler ailleurs plus au long, de ces idées-là, il suffira d'en avoir fait ici l'énumération. (47) « Ces idées, qu'on dit venir par plus d'un sens, « comme celles de l'espace, de la figure, du mouvement, << nous viennent plutôt du sens commun, c'est-à-dire de l'es<< prit même; car ce sont des idées de l'entendement pur, << mais qui ont du rapport à l'extérieur, et que les sens font << apercevoir : aussi sont-elles capables de définitions et de « démonstrations. >>> Les objets extérieurs ayant fourni à l'esprit les idées dont nous avons parlé dans les chapitres précédents, l'esprit faisant réflexion sur lui-même, et considérant ses propres opérations par rapport aux idées qu'il vient de recevoir, tire de là d'autres idées qui sont aussi propres à être les objets de ses contemplations, qu'aucune de celles qu'il reçoit de dehors. § 2. Les idées de la Perception et de la Volonté nous viennent par la Réflexion. Il y a deux grandes et principales actions de notre ame dont on parle le plus ordinairement, et qui sont en effet si fréquentes, que chacun peut les découvrir aisément en lui-même, s'il L veut en prendre la peine : c'est la perception ou la puissance de penser, et la volonté ou la puissance de vouloir (48). La puissance de penser est ce qu'on nomme l'entendement, et la puissance de vouloir est ce qu'on nomme la volonté: deux puissances ou dispositions de l'ame auxquelles on donne le nom de facultés. J'aurai occasion de parler dans la suite de quelques-uns des modes de ces idées simples produites par la réflexion; tels sont, le souvenir, le discernement, le jugement, la connaissance, la croyance, etc. (48) « On peut douter si toutes ces idées sont simples, << car il est clair, par exemple, que l'idée de la volonté ren<< ferme celle de l'entendement, et que l'idée du mouvement <<contient celle de la figure. >>> IL Ly a d'autres idées simples qui s'introduisent dans l'esprit par toutes les voies de la sensation et de la réflexion; savoir, (49) «Il me semble que les sens ne sauraient nous con<< vaincre de l'existence des choses sensibles, sans le secours de la raison: ainsi, je croirais que la considération de « l'existence vient de la réflexion; celles de la puissance et << de l'unité aussi viennent de la même source, et il me paraît « que ces idées sont d'une tout autre nature que les per<ceptions du plaisir et de la douleur. >>> |