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qu'elle suffit à tous leurs besoins en sorte que la sagesse et la bonté de l'auteur de la nature, éclatent visiblement dans toutes les parties de cette prodigieuse machine, et dans tous les différents ordres de créatures qui s'y rencontrent.

§ 13.

De la manière dont est faite une huître ou une moule, nous en pouvons raisonnablement inférer, à mon avis, que ces animaux n'ont pas les sens si vifs, ni en si grand nombre, que l'homme ou que plusieurs autres animaux. Et s'ils avaient précisément les mêmes sens, je ne vois pas qu'ils en fussent mieux, demeurant dans le même état où ils sont, et dans cette incapacité de se transporter d'un lieu dans un autre. Quel bien feraient la vue et l'ouïe à une créature qui ne peut se mouvoir vers les objets qui peuvent lui être agréables, ni s'éloigner de ceux qui lui peuvent nuire? A quoi serviraient des sensations vives, qu'à incommoder un animal comme celui-là, qui est contraint de rester toujours dans le lieu où le hasard l'a placé, et où il est arrosé d'eau froide ou chaude, nette ou sale, selon qu'elle vient à lui?

§ 14.

Cependant je ne saurais m'empêcher de croire que dans ces sortes d'animaux il y a quelque faible perception, qui les distingue des êtres parfaitement insensibles. Et que cela puisse être ainsi, nous en avons des exemples visibles dans les hommes même. Prenez un de ces vieillards décrépits, à qui l'âge a fait perdre le souvenir de tout ce qu'il a jamais su: il ne lui reste plus dans l'esprit aucune des idées qu'il avait auparavant, l'âge lui a fermé presque tous les passages à de nouvelles sensations, en le privant entièrement de la vue, de l'ouïe et de l'odorat, et en lui ôtant presque tout sentiment du goût; ou si quelqus-uns de ces passages sont à demi ouverts, les impressions qui s'y font ne sont presque point aperçues ou s'évanouissent en peu de temps. Cela posé, je laisse à penser (malgré tout ce qu'on publie des principes innés), en quoi un tel homme est au-dessus de la condition d'une huître, par ses connaissances et par l'exercice de ses facultés intellectuelles. Que si un homme avait passé soixante ans dans cet état (ce qu'il pourrait aussi bien faire que d'y passer trois jours), je ne saurais dire quelle différence il y aurait eu, à l'égard d'aucune perfection

intellectuelle, entre lui et les animaux du der

nier ordre.

$ 15.

C'est par la Perception que l'esprit commence à acquérir des Connaissances.

Puis donc que la perception est le premier degré vers la connaissance, et qu'elle sert d'introduction à tout ce qui en fait le sujet, si un homme, ou quelque autre créature que ce soit, n'a pas tous les sens dont un autre est enrichi, si les impressions que les sens ont accoutumé de produire sont en plus petit nombre et plus faibles, et que les facultés que ces impressions. mettent en œuvre soient moins vives, plus cet homme et quelque autre être que ce soit sont inférieurs par-là -là à d'autres hommes, plus ils sont éloignés d'avoir les connaissances qui se trouvent dans ceux qui les surpassent à l'égard de tous ces points. Mais comme il y a en tout cela une grande diversité de degrés (ainsi qu'on peut le remarquer parmi les hommes), on ne saurait le démêler certainement dans les diverses espèces d'animaux, et moins encore dans chaque individu. Il me suffit d'avoir remarqué ici que la perception est la première opération de toutes nos facultés intellectuelles, et qu'elle donne entrée dans notre esprit à toutes les connais

sances qu'il peut acquérir. J'ai d'ailleurs beaucoup de penchant à croire que c'est la perception, considérée dans le plus bas degré, qui distingue les animaux d'avec les créatures d'un rang inférieur. Mais je ne donne cela que comme une simple conjecture, faite en passant; car, quelque parti que les savants prennent sur cet article, peu importe à l'égard du sujet que j'ai présentement en main.

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L'AUTRE 'AUTRE faculté de l'esprit, par laquelle il avance plus vers la connaissance des choses que par la simple perception, c'est ce que je nomme rétention: faculté par laquelle l'esprit conserve les idées simples qu'il a reçues par la sensation ou par la réflexion. Ce qui se fait en deux manières. La première, en conservant l'idée qui a été introduite dans l'esprit, actuellement présente pendant quelque temps, ce que j'appelle contemplation.

$ 2.

La Mémoire.

L'autre voie de retenir les idées, est la puissance de rappeler, et de ranimer, pour ainsi dire, dans l'esprit, ces idées qui, après y avoir

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