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chose enferme én elle-même la considération d'une autre. Nous traiterons par ordre de ces trois différentes espèces d'idées.

§ 8.

Les idées les plus abstruses ne viennent que deux sources, la sensation ou la réflexion.

de

Si nous prenons la peine de suivre pied-àpied les progrès de notre esprit, et que nous nous appliquions à observer, comment il répète, ajoute et unit ensemble les idées simples qu'il reçoit par le moyen de la sensation ou de la réflexion, cet examen nous conduira plus loin que nous ne pourrions peut-être nous le figurer d'abord et si nous observons soigneusement les origines de nos idées, nous trouverons, à mon avis, que les idées même les plus abstruses, quelque éloignées qu'elles paraissent des sens ou d'aucune opération de notre propre entendement, ne sont pourtant que des notions que l'entendement se forme en répétant et combinant les idées qu'il avait reçues des objets des sens, ou de ses propres opérations concernant les idées qui lui ont été fournies par les sens. De sorte que les idées les plus étendues et les plus abstraites nous viennent par la sensation ou par la réflexion: car l'esprit ne connaît rien, et ne

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saurait rien connaître que par l'usage ordinaire de ses facultés, qu'il exerce sur les idées qui lui viennent par les objets extérieurs, ou par les opérations qu'il observe en lui-même, au sujet de celles qu'il a reçues par les sens. C'est ce que je tâcherai de faire voir à l'égard des idées que nous avons de l'espace, du temps, de l'infinité; et de quelques autres qui paraissent les plús éloignées de ces deux sources.

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CHAPITRE XIII.

DES MODES SIMPLES; ET PREMIÈREMENT DE CEUX
DE L ESPACE.

Ser

Des Modes simples.

QUOIQUE j'aie déja parlé fort souvent des idées simples, qui sont en effet les matériaux de toutes nos connaissances, cependant comme je les ai plutôt considérées par rapport à la manière dont elles sont introduites dans l'esprit, qu'en tant qu'elles sont distinctes des autres idées plus composées, il ne sera peut-être pas hors de propos d'en considérer encore quelques-unes sous ce dernier rapport, et d'examiner les différentes modifications de la même idée, que l'esprit trouve dans les objets existants, ou qu'il est capable de former en lui-même, sans le secours d'aucun objet extérieur, ou d'aucune cause étrangère.

Ces modifications d'une idée simple, quelle qu'elle soit (auxquelles je donne le nom de modes simples, comme il a été dit), sont des idées aussi parfaitement distinctes dans l'esprit, que celles entre lesquelles il y a le plus de distance ou d'opposition. Car l'idée de deux, par exemple, est aussi différente et aussi distincte de celle d'un, que l'idée du bleu diffère de celle de la chaleur, ou que l'une de ces idées est distincte de celle de quelque autre nombre que ce soit. Cependant deux n'est composé que de l'idée simple de l'unité répétée; et ce sont les répétitions de cette espèce d'idée qui, jointes ensemble, font les idées distinctes ou les modes simples d'une douzaine, d'une grosse, d'un million, etc.

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Je commencerai par l'idée simple de l'espace. J'ai déjà montré dans le chapitre quatrième de ce second livre, que nous acquérons l'idée de l'espace et par la vue et par l'attouchement; ce qui est, ce me semble, d'une telle évidence, qu'il serait aussi inutile de prouver que les hommes aperçoivent par la vue la distance qui est entre des corps de diverses couleurs ou entre les parties du même corps, qu'il le serait de prouver

qu'ils voient les couleurs mêmes. Il n'est pas moins aisé de se convaincre, que l'on peut

apercevoir l'espace dans les ténèbres par le moyen de l'attouchement.

§ 3.

L'espace, considéré simplement par rapport à la longueur qui sépare deux corps, sans considérer aucune autre chose entre deux, s'appelle distance. S'il est considéré par rapport à la longueur, à la largeur, et à la profondeur, on peut, à mon avis, le nommer capacité (64). Pour

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(64) « Pour parler plus distinctement, la distance de deux choses situées (soient points ou étendues) est la grandeur de la plus petite ligne possible qu'on puisse tirer « de l'une à l'autre. Cette distance se peut considérer ab«solument, ou dans une, certaine figure qui comprend les << deux choses distantes. Par exemple, la ligne droite est <«< absolument la distance entre deux points. Mais ces deux points étant dans une même surface sphérique, la distance << de ces deux points dans cette surface est la longueur du plus petit grand-arc de cercle qu'on y peut tirer d'un point à l'autre.... On peut dire que la capacité, ou plutôt << l'intervalle entre deux corps, ou deux autres étendus, ou <«< entre un étendu et un point, est l'espace constitué par << toutes les lignes les plus courtes, qui se peuvent tirer << entre les points de l'un et de l'autre. Cet intervalle est « solide, excepté lorsque les deux choses situées sont dans ́« une même surface, et que les lignes les plus courtes entre << les points des choses situées, doivent aussi tomber dans « cette surface, ou y doivent être prises exprès.

"

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