sorte qu'on dit l'espace a de l'expansion et le corps est étendu. Mais en ce point, chacun est maître d'en user comme il lui plaira. Je ne propose ceci que comme un moyen de s'exprimer plus clairement et plus distinctement. § 28. Les hommes different peu entre eux sur les idées simples qu'ils conçoivent clairement. Pour moi, je m'imagine que dans cette occasion, aussi-bien que dans plusieurs autres, toute la dispute serait bientôt terminée, si nous avions une connaissance précise et distincte de la signification des termes dont nous nous servons. Car je suis porté à croire que ceux qui viennent à réfléchir sur leurs propres pensées, trouvent qu'en général leurs idées simples conviennent entre elles, quoique, dans les discours qu'ils ont ensemble, ils les confondent par différents noms. Je crois que ceux qui sont accoutumés à faire des abstractions, et qui examinent bien les idées qu'ils ont dans l'esprit, ne sauraient penser fort différemment, quoique peut-être ils s'embarrassent par des mots, en s'attachant aux façons de parler des académies, ou des sectes dans lesquelles ils ont été élevés. Au contraire, je comprends fort bien, que les disputes, les criailleries et les vains galimatias doivent durer sans fin parmi les gens qui, n'étant point accoutumés à penser, ne se font point une affaire d'examiner scrupuleusement et avec soin leurs propres idées, et ne les distinguent point d'avec les signes que les hommes emploient pour les faire connaître aux autres; sur-tout si ce sont des savants de profession, chargés de lecture, dévoués à certaines sectes, accoutumés au langage qui y est en usage, et qui se sont fait une habitude de parler d'après les autres. Mais enfin, s'il arrivait que deux personnes sensées et judicieuses eussent des idées réellement différentes, je ne vois pas comment ils pourraient discourir ou raisonner ensemble. Au reste, ce serait prendre fort mal ma pensée, que de croire que toutes les vaines imaginations qui peuvent entrer dans le cerveau des hommes, soient précisément de cette espèce d'idées dont je parle. Il n'est pas facile à l'esprit, de se débarrasser des notions confuses, et des préjugés dont il a été imbu par la coutume, par inadvertance, ou par les conversations ordinaires. Il faut de la peine et une longue et sérieuse application pour examiner ses propres idées, jusqu'à ce qu'on les ait ré 1 1 duites à toutes les idées simples, claires et distinctes dont elles sont composées, et pour démêler, parmi ces idées simples, celles qui ont, ou qui n'ont point de liaison et de dépendance nécessaire entre elles; car, jusqu'à ce qu'un homme en soit venu aux notions premières et originales des choses, il ne peut que bâtir sur des principes incertains, et tomber souvent dans de grands mécomptes. FIN DU TOME II. § 4. Combien il est utile de connaître l'étendue de § 5. L'étendue de nos connaissances est propor- tionnée à notre état dans ce monde, et à nos be- § 6. La connaissance des forces de notre esprit suffit pour guérir du scepticisme, et de la négli- |